Maroc: Les atteintes aux droits de l’Homme et à la liberté d’expression dénoncées
Le Makhzen opère un tour de vis sécurité et réduit encore plus les libertés, notamment la liberté d’expression. Acculé par l’opposition à sa démarche de normalisation avec l’entité sioniste et ses prétentions expansionnistes et colonialistes sur le Sahara occidental, le Makhzen cherche à étouffer toutes les voix dissonantes. Un tour de vis qui ne parvient cependant pas à faire taire la grogne. Et la démission jeudi d’une dizaine de membres du PJD au pouvoir, n’est en fait que le signe avant-coureur de défections et de désaveux à venir.
C’est dans ce contexte que plusieurs militants marocains ont dénoncé les agissements du Makhzen et les atteintes aux droits de l’Homme et qui ne touche pas que les seuls civils et prisonniers sahraouis. Mercredi, des militants prisonniers du Hirak du Rif ont entamé une grève de la fin pour dénoncer les dépassements du Makhzen, avant que ces derniers ne soient transférés vers plusieurs prisons dans une tentative désespérée
de briser le mouvement. Plusieurs médias locaux ont rapporté que Nasser Zafzafi et plusieurs prisonniers du Hirak du Rif, ainsi que Soulaïmane Raïssouni et Omar Radi, et l’historien et militant Maâti Monjib ont été transférés vers différents établissements pénitentiaires
en vue de les séparer.
«D’après un communiqué de la délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion, une décision a été prise pour le transfert des prisonniers du Hirak rifain, détenus à la prison locale Tanger2, vers d’autres établissements les séparant, sans pour autant préciser la localisation exacte», indiquent ces médias. Nasser Zafzafi, et huit autres détenus du mouvement ont entamé mercredi une grève de la faim de 48 heures pour dénoncer la politique de la mainmise sécuritaire au Maroc face à la liberté de la presse et d’expression, et au droit de manifester pacifiquement. Mercredi , le père de Nasser Zafzafi a déclaré dans un livre transmis sur Facebook que six prisonniers du Hirak rifain détenus à «Tanger2», dont son fils comptaient entamer «une grèves de faim ouverte» en raison de l’interdiction qui leur a été donnée de discuter avec leurs familles et de prendre contact avec des personnes avec qui ils ne sont pas apparentés. Nasser Zafzafi a mené une série de grèves de la faim depuis son arrestation en mai 2017 pour contester son arrestation et améliorer ses conditions de sa détention.
En avril 2019, la justice marocaine a confirmé le jugement initial de 20 ans d’emprisonnement contre Nasser Zefzafi et trois autres meneurs de la contestation qui a agité en 2016 et 2017 la région marocaine du Rif. Les autres peines vont de 1 à 15 ans de réclusion. L’association des familles de prisonniers du «Hirak du Rif» estime à 23 le nombre de militants toujours détenus, dont Nasser Zefzafi.
De son côté, le fondateur du journal marocain «Akhbar Al Youm», le journaliste Taoufik Bouachrine a dénoncé les restrictions imposées à la presse, à la liberté d’expression et au droit de manifester pacifiquement, ainsi que contre les poursuites, les arrestations et les procès qui s’en sont suivis. Il a dans ce sens annoncé son soutien et sa solidarité avec les deux journalistes, Soulaïmane Raïssouni et Omar Radi, l’historien et militant Maâti Monjib, ainsi que les détenus du Hirak du Rif. Selon le communiqué de Bouachrine, rapporté par des médias et des activistes via les réseaux sociaux, le journaliste «joint sa voix aux grévistes de la faim, en protestation contre les restrictions imposées à la presse, à la liberté d’expression et au droit de manifester pacifiquement, ainsi que contre les poursuites, les arrestations et les procès qui s’en sont suivis».
Condamné à une peine de 15 ans de prison, pour des accusations qualifiées de «fictives», à savoir «traite humaine» et «abus sexuels», le journaliste marocain a indiqué que son état de santé difficile ne lui permet pas d’entamer une grève de la faim, affirmant que les détenus «continueront à défendre leur cause juste pour que justice leur soit rendue». La Cour d’appel de Casablanca avait condamné, le 25 octobre 2020, le journaliste Taoukfik Bouachrine, fondateur du journal indépendant «Akhbar Al Youm», à une peine de 15 ans de prison ferme. Des militants de droits de l’Homme et des juristes, ont qualifié le procès de Bouachrine de «purement politique», soutenant que les crimes pour lesquels il a été condamné, «ont été montés pour punir le journaliste critique envers les politiques du Gouvernement».
Chokri Hafed