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Filière lait à Aïn Defla: Des contraintes multiples malgré un grand potentiel

Des éleveurs laitiers bovins de Aïn Defla ont mis l’accent sur la nécessité de lever les contraintes liées à l’exercice de leur activité, notamment celle inhérentes à la cherté des aliments de bétail, affirmant que leur wilaya est à même de participer à l’effort économique national à la faveur du grand potentiel dont elle dispose en matière de production laitière.

«Ne pouvant plus couvrir les charges liées à l’alimentation et au volet sanitaire de leur cheptel, nombre d’éleveurs se sont vus contraints de le vendre, se retrouvant au chômage pour une grande partie d’entre eux», a regretté le président de l’association locale des éleveurs laitiers, Boukira Abassi Mokhfi, faisant état d’une cinquantaine d’éleveurs en activité à l’heure actuelle sur le territoire de la wilaya contre 120 il y a quelques années. Relevant que certains produits entrant dans l’alimentation du cheptel ont augmenté de 150 % en un court laps de temps, il a noté qu’en parallèle, le prix du litre de lait est resté inchangé depuis bientôt 5 ans, faisant état, dans ce contexte, de la perception de 44 dinars de la part de la laiterie et de 12 autres du Fonds de soutien aux éleveurs laitiers. «La situation est si difficile qu’il arrive parfois que des éleveurs soient obligés d’emprunter les fourrages pour alimenter leur cheptel», a regretté M. Boukira Abassi, dont la longue expérience dans le domaine de l’élevage et de la production laitière (il a commencé cette activité en 1982) peut être prise comme un critère fondamental dans son jugement. Au sujet du soutien matériel au profit des éleveurs, le même interlocuteur a noté que celui-ci n’existe que «sur le papier», invitant les responsables du secteur à intervenir pour remédier à cet état de fait dont les répercussions sont préjudiciables à plus d’un titre. Tout en observant que la relève n’est pas assurée dans cette filière, il a fait état de la volonté des éleveurs ayant quitté la profession de reprendre du service si les conditions s’améliorent.


Outre les postes d’emploi découlant de la production laitière, l’élevage est en mesure d’en créer d’autres à l’image de ceux inhérents au commerce de la viande mais, également, à ceux se rapportant à la peau des animaux, a-t-il fait remarquer. Il a toutefois appelé les éleveurs à activer dans un cadre organisé (associations), observant que de tels groupements sont à même de faire reculer les «appétits démesurés» des intervenants en amont et en aval de la filière. Emboîtant le pas à M. Boukira Abassi, un détenteur d’une étable privée à Bir Ould Khélifa (35 km au sud du chef-lieu de wilaya), Bouzekrini Mourad a, de son côté, confirmé que les charges auxquelles font face les éleveurs découragent les plus téméraires d’entre eux, appelant à les soulager de ce lourd fardeau qu’ils ne peuvent plu supporter. «Les prix de certaines prestations ont atteint des niveaux insoutenables, augmentant jusqu’à 1000 pour 100 comme c’est le cas de l’électricité par exemple», s’est-il insurgé, estimant que dans ces conditions, l’éleveur ne pourra pas s’en sortir «même à 100 dinars le litre de lait vendu». Pour l’ex-responsable du service des statistiques de la direction des services agricoles (DSA) de Aïn Defla, Amar Saâdi, la faiblesse des résultats obtenus par la wilaya en matière de production et de collecte du lait contraste avec certains indicateurs qui, a-t-il noté, auraient pu permettre à cette région d’asseoir sa position dans le domaine.

A la faveur de la mobilisation de l’eau par la construction de barrages, il y a eu essor du maraîchage (la pomme de terre notamment) au détriment des fourrages secs et irrigués, dont la superficie ne dépasse pas les 500 ha à l’échelle de toute la wilaya, explique cet ingénieur agronome à la retraite ayant travaillé à la DSA de Aïn Defla pendant 35 ans. Selon lui, les agriculteurs qui disposent de capacités financières avérées, préfèrent opter pour des cultures faciles dont le cycle de maturation est court à l’image de la pomme de terre ou de la pastèque, évitant de «se lancer» dans le lait nécessitant un investissement «lourd». «A défaut d’opter pour la filière lait nécessitant un investissement lourd, de riches agriculteurs prennent des vergers dont ils assurent le traitement et l’irrigation et au bout de six mois, ils récoltent le fruit de leur travail», a-t-il analysé. Les étables répondant aux normes zootechniques et de production du lait se comptent sur les bouts des doigts, a-t-il, par ailleurs, fait savoir, signalant que le plus souvent, les éleveurs sont eux-mêmes transformateurs et vendeurs de leur production. Pénalisés par l’augmentation des prix des fourrages et de l’aliment du bétail, nombre d’éleveurs voient leur situation s’exacerber par le fait qu’ils soient en hors-sol, a-t-il noté, relevant l’importance de trouver un moyen leur permettant d’accéder à des surfaces fourragères. «Certes, Aïn Defla est d’avantage connue pour son 2ème rang national en matière de production de pomme de terre mais cette wilaya a largement les moyens d’améliorer sa production en + or blanc +, pouvant même postuler au statut de + bassin laitier de référence+», a-t-il noté en guise de conclusion.

APS

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