Crise au FLN : Bâadji joue-t-il sa dernière carte ?
En convoquant dix-huit membres du comité central à comparaitre devant le conseil de discipline, le 29 juillet prochain, Abou El Fadhl Baâdji veut visiblement donner l’impression d’être le seul maitre à bord du bateau FLN qui semble prendre l’eau de toute part. Le secrétaire général de l’ex parti unique a lancé ces convocations en direction des cadres de cette la politique ayant soutenu des candidats étrangers au parti ou s’étant présentés sur des listes en dehors de celles confectionnées par le FLN, lors des élections législatives du 12 juin passé. Le paradoxe réside dans le fait que des transfuges du FLN élus députés sur des listes indépendantes ont été approchés par des dirigeants de cette même formation politique les sollicitant à regagner les rangs du FLN qu’ils ont choisi de quitter pour se présenter en candidats libres et être élu députés indépendants. Mais face à cette offensive de Baâdji qui tient coûte que coûte à rester le seul maitre à bord, ses détracteurs se sont récemment lancés dans une campagne de collecte de signatures visant à le destituer de son poste de SG. Des sources affirment que les opposants de Baâdji comptent déposer une demande auprès du ministère de l’Intérieur pour la tenue de la réunion du comité central à travers laquelle ils exigeront son départ et la préparation du 11e congrès. Une opération qui intervient quelques jours seulement après le sit-in observé par des militants et des cadres de cette formation politique devant le siège national sis à Hydra. Ces derniers contestataires ont exigé la tenue du 11e congrès qui épargnera au FLN de se trouver dans une situation d’irrégularité vis-à-vis de la loi sur les partis politiques. Ils reprochent également au secrétaire général du parti d’avoir procédé à une désignation unilatérale des présidents du groupe parlementaire au niveau du Conseil de la Nation et de l’Assemblée populaire nationale. Selon des sources de cette formation politique, les membres de l’instance nationale qui ont initié la pétition pour la tenue de ce congrès réclament que ces assises soient tenues dans les prochaines semaines sans en préciser la date. En réalité, ce remous qui secoue le FLN remonte déjà à quelques mois, lorsque Baâdji avait caressé le rêve de se présenter aux élections législatives dans la circonscription d’Alger. Un rêve qui a certes soulevé un tollé au niveau de l’instance nationale où des voix s’étaient élevées pour pousser le SG du FLN à se présenter dans sa wilaya d’origine avant que ce même rêve ne soit brisé suite au rejet par l’ANIE de son dossier de candidature après que l’instance présidée par Mohamed Charfi ait relevé l’absence du document justifiant la situation de Baâdji vis-à-vis du service national, comme le stipule la loi organique portant élections. Depuis le soulèvement du 22 février 2019 qui a emporté dans son sillage le régime de Bouteflika, le FLN qui avait fait dans l’excès de zèle à l’égard de l’ancien chef de l’Etat déchu, en le soutenant vingt années durant, s’est vu lui aussi contraint de vivre une série d’éviction touchant ses secrétaires généraux à commencer par Ould Abbas, Bouchareb et puis Djamai. Cette fois-ci l’on n’écarte plus la probabilité de voir le tour de Baâdji arriver, lui qui a été élu en 2019 à l’issue d’une réunion du comité central qualifié de « floue ». Cependant, de l’avis de certains anciens cadres du parti qui ont préféré garder l’anonymat, il s’agit beaucoup plus d’ « une querelle de basse-cour » dont « les élections législatives ont laissé des séquelles qui sont venues s’ajouter aux sédimentations précédentes ». On estime que « les élections locales annoncées ouvrent des appétits », ce qui explique quelque part cette offensive et toute cette activité. L’on explique aussi cela comme étant « les effets pervers du 10econgrès qui continuent d’imprégner le climat intra-muros au sein du FLN domestiqué et dévitalisé ». « Le FLN authentique continue de résister comme idéal et objectif » promet-on, car considérant que « la domestication » du parti « n’est pas un souhait, mais c’est le résultat d’un état de fait et d’une volonté de le réduire à un simple appareil ventilateur ». On parle particulièrement de la « complexité » du cas FLN où « Bâadj ne peut être qu’une étape comme ses prédécesseurs, venus après le 10e congrès ». « La question principale consiste à réfléchir collectivement sur le FLN que nous voulons pour les lendemains immédiats et le futur dessiné par la proclamation du glorieux 1er Novembre…comme l’avait tenté en son temps Si Abdelhamid Mehri, la seule ligne salvatrice », explique-t-on.
Boubekeur Amrani