De la nécessité de renforcer le front interne
Comme disait l’un des fondateurs du FLN historique, le défunt Hocine Ait Ahmed, «il n’y a pas d’Algérie sans la Kabylie et il n’y a pas de Kabylie sans l’Algérie». Un credo que ne semble pas avoir bien assimilé certains hommes politiques. Comme par prémonition, Hocine Ait Ahmed répond parfaitement, d’ailleurs, à la déclaration inamicale du représentant permanent du Maroc aux Nations unies à l’égard de l’Algérie continue de susciter une levée de bouclier au sein de la classe politique nationale et de personnalités algériennes. Hier, c’est l’ancien ministre de la communication et diplomate algérien, Abdelaziz Rahabi, qui a réagi aux propos «irresponsables et inamicales» du diplomate marocain à l’égard de notre pays. Dans un Post publié sur sa page officielle facebook, Rahabi écrit que «l’appel du Maroc à la sédition en Algérie ne relève pas d’un simple acte diplomatique mais d’une action hostile à son unité et une escalade programmée dans la stratégie de la tension permanente dans la région». Il ajoutera au passage que «l’Algérie, peuple et État, doit réagir avec force et fermeté». Cette réaction d’Abdelaziz Rahabi confirme, encore une fois, la gravité et l’ampleur de la position exprimée par le diplomate marocain dans la mesure où elle est considérée comme «une ingérence directe dans les affaires internes du pays et un soutien à un mouvement séparatiste inféodé au régime sioniste israélien». Elle intervient au moment où des activistes du mouvement des chômeurs du Sud algérien ont pointé du doigt «les travailleurs originaires du Nord du pays notamment de la Kabylie d’être l’une des causes principales de la prolifération du chômage dans les wilayas du Sud», soufflant davantage sur «le brasier kabyle alimenté par les déclarations racistes de certains leaders de partis islamistes et d’un sénateur en panne d’inspiration politique». Ceci dit, le Makhzen marocain exploite sciemment la fragilité de la situation politique en Algérie, liée essentiellement à la poursuite des marches de protestation populaire en Kabylie afin de déstabiliser «notre pays et détourner les regards de la communauté internationale sur les multiples violations des droits de l’Homme commises à l’encontre des journalistes et militants des partis d’opposition au Maroc». A cela s’ajoute «les exactions commises par l’armée marocaine dans les territoires occupés du Sahara Occidental». Autrement dit, le Maroc utilise la carte du mouvement séparatiste «MAK pour faire pression sur l’Algérie qui a réaffirmé son soutien indéfectible à la question de l’autodétermination du Sahara Occidentale». Une position réitérée fortement par le biais du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, un diplomate chevronné dont le retour aux affaires dérange le makhzen marocain et ses soutiens inféodés au lobby franco-sioniste, principalement les nostalgiques de «l’Algérie française». Ces derniers adoptent une stratégie bien ficelée et basée notamment sur la presse électronique et les réseaux sociaux pour distiller «leur venin» contre l’Algérie dont l’exploitation de ces moyens de communication électronique demeure faible comparativement au voisin de l’Ouest. Sans omettre de citer la faiblesse de la classe politique algérienne désunie par des «querelles politiciennes et idéologiques» face à une classe politique marocaine unie derrière le Makhzen malgré la fragilité de sa situation interne. Là encore, il est plus qu’urgent «de créer un front politique interne très solide autour du gouvernement afin de parler d’une seule voix et répondre aux semeurs de fitna et amateurs de la pêche dans les eaux troubles en affirmant haut et fort que l’Algérie est unie et indivisible». Il y a lieu de rappeler que le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, a condamné «énergiquement », dans une déclaration publiée vendredi, «une dérive particulièrement dangereuse» de la représentation diplomatique marocaine à New York, qui a distribué, récemment, au pays membres du Mouvement des Non-Alignés une note officielle dont laquelle le Maroc soutient publiquement et explicitement un prétendu «droit à l’autodétermination du peuple kabyle».
Faiçal Bedjaoui