Des familles élèvent leurs propres moutons de l’Aïd : Faire face à la spéculation
Le mouton de l’Aïd est la vedette de ces dernières semaines. Il attire l’attention dans les marchés. Mais, en fait les prix n’ont pas été d’une grande tendance à la baisse malgré les initiatives prises ces dernières semaines. Les prix sont restés accrochés à la barre qui était déjà en vigueur durant ces dernières années. Cependant, d’autres tendances commencent à émerger dans la manière d’appréhender cette dépense inéluctable pour un grand nombre de famille.
En effet, dans les marchés, les places réservées aux moutons sont quasiment pleines de monde. Chaque regroupement cache un petit troupeau. Interrogés, beaucoup de présents jugent les prix élevés mais pas plus que l’année passée. « Ce n’est pas trop cher mais il n’y a pas une grande différence par rapport à l’année passée. Les prix sont pratiquement les mêmes » répond un acheteur qui a attendu la dernière semaine pour en acquérir un. « Je n’avais pas le choix. Je ne pouvais acheter avant parce que je viens juste de recevoir mon salaire et puis j’avais beaucoup d’autres dépenses. Donc, j’accepte les prix légèrement plus haut » poursuit-il.
Cependant, d’autres personnes prennent le risque d’attendre les deux derniers jours voire les dernières heures pour acheter. Il paraît que les prix ont tendance à baisser à cette période bien précise. « Oui, en effet, les prix baissent parce que les marchés ont fermé et c’est pratiquement tout le monde qui a déjà acheté son mouton», explique un vendeur à qui nous avons demandé de nous expliquer le phénomène. Mais, ajoute-t-il, « c’est aussi un risque car les vendeurs ont épuisé leur cheptel proposé à la vente. Ce qui provoque une rareté des moutons à cette période précise. Généralement, on en trouve chez les petits éleveurs des zones rurales qui élèvent chez eux leurs moutons »,explique-t-il.
En effet, dans les villages, le mouton est élevé à la maison. Soit il est acheté alors au prix bas d’un agneau soit il est issu d’un cheptel. « Je ne me souviens pas avoir acheté un mouton pour l’Aïd. D’ailleurs, je ne comprends pas pourquoi les gens comme moi qui habitent les zones rurales tombent dans ce panneau chaque année. Moi, j’achète chaque année deux petits agneaux au début du printemps. Je l’ai élève grassement jusqu’à l’Aïd. J’en vends un et j’égorge le second. Comme ça je passe un Aïd sans frais parce que j’achète les vêtements pour les enfants avec l’agent du mouton vendu », explique un paysan.
D’ailleurs, cette tendance est de plus en plus présente chez les familles rurales. Ces dernières années, l’astuce attire de plus en plus de gens. On observe même certaines familles habitant les périphéries des villes dans des maisons à terre qui achètent deux à trois moutons pour les élever jusqu’à l’Aïd. « J’habite à la sortie de la ville. Ma maison n’est pas située dans un bâtiment. Donc, avec une petite hutte, j’arrive à acheter deux moutons pour l’Aïd. Je leur donne les restes de notre nourriture quotidienne. J’achète deux à trois bottes de foin et c’est tout.A l’approche de l’Aïd, je vends un et je garde l’autre pour la circonstance », explique un autre citoyen habitant à la haute-ville de Tizi-Ouzou. Une autre astuce commence à apparaître ces dernières années à savoir que beaucoup de familles habitant dans les villes achètent des moutons qu’ils remettent à des familles proches en campagne pour les élever. « La méthode ne fait pas gagner beaucoup d’argent mais elle me permet de manger bio. Je suis au moins sûr que le mouton n’a pas consommé d’aliments chimiques », affirme un citoyen vivant à Alger et qui vient la veille de l’Aïd à prendre son mouton gardé par une famille à Makouda, sur le littoral de la wilaya de Tizi-Ouzou.
Enfin, notons que cette façon d’aborder les choses peut, si elle est adoptée par le plus grand nombre de familles rurales, faire baisser les prix car à la veille de l’Aïd, il ne restera plus que les familles habitant en ville et qui n’ont pas le moyen d’adopter une de ces méthodes.
Akli Amor