Cyberguerre : Quelle riposte pour l’Algérie ?
Une enquête internationale de 6 mois réunissant 17 médias, dont « Le Monde », montrent qu’un logiciel, baptisé « Pegasus », est massivement utilisé pour surveiller les sociétés civiles. Depuis 2016, 50 000 téléphones ont été sélectionnés comme cibles, un millier en France et près de 6000 en Algérie, notamment pour le compte du Maroc. Hommes politiques, avocats, militants et journalistes sont les premières victimes.
Au-delà de ce nouveau scandale médiatico-politique, cette affaire démontre encore une fois la la nécessité de se pencher sérieusement sur la question de la sécurité des données électroniques. Et pour cause, il s’agit bel et bien d’une guerre électronique menée par les sbires du Makhzen marocain en collaboration avec leurs alliés de l’entité sioniste dont la cible principale est l’Algérie et son système d’information. Cette énième affaire d’espionnage confirme, également, l’importance d’élaborer une stratégie nationale de sécurité informatique et de pallier aux lacunes et vulnérabilités qui subsistent malgré la disponibilité de compétences humaines de haut niveau et d’un matériel de technologie de pointe. A cela s’ajoute, plusieurs failles pour lesquelles les spécialistes en la matière n’arrêtent pas d’alerter les pouvoirs publics sur la nécessité de y remédier dans le plutôt possible. Il s’agit, selon ces spécialistes, de la faiblesse de nos capacités d’hébergement (data base) au niveau national, le faible nombre de sites électroniques répertoriés en DZ et l’hébergement de sites y compris ceux d’organismes publics à l’étranger. Là encore, la plupart des sites électroniques algériens sont hébergés, selon la même source, chez la société française OVH y compris des sites de journaux algériens. Une opération (hébergement) justifiée, selon certains, par la faiblesse des capacités d’hébergement proposés par Algérie Télécom et le CERIST (centre de recherche et d’information scientifique et technique). Autrement dit, les données et informations de plusieurs entreprises publiques et privées se trouvent à l’étranger. Par ailleurs, cette affaire d’espionnage rappelle, selon ces spécialistes, une autre affaire qui remonte au début des années 2000 lorsque un opérateur de téléphonie mobile s’est illustré par la mise sous écoute de certains hauts responsables politiques algériens auxquels ils a offert des puces VIP et ce au profit d’un opérateur étranger de télécommunications. Une affaire qui a été découverte grâce à la vigilance de nos services de sécurité, indique-t-on. Et depuis, le ministère de la Poste et des technologies de l’information et de la communication n’a pas jugé utile de mettre en place des mécanismes afin de renforcer davantage notre sécurité informatique ou bien lancer des campagnes de sensibilisation au profit des professionnels et du grand public notamment sur l’utilisation du nom de domaine DZ et la protection de données nationales via le renforcement de nos capacités d’hébergement. Ces actions permettront, selon les spécialistes, d’augmenter nos capacités d’hébergement via la construction de Big Data Base et le développement d’un contenu algérien (création de plusieurs sites d’information) qui servira de support efficace pour répondre aux mensonges et fake news diffusés par les «sbires du makhzen marocain » sur les réseaux sociaux et la toile. Il s’agit, en effet, de l’optimisation et la mobilisation des ressources nationales en matière de technologies de l’information et de la communication ainsi que la mise en place d’un organisme nationale chargée de la veille et de la sécurité informatique, placé sous la tutelle du Premier Ministre.
Faiçal Bedjaoui