Utilisation d’un logiciel d’espionnage dénommé «Pegasus» : L’Algérie appelle à une riposte internationale
Le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger a réagi, jeudi dernier, via un communiqué qui exprime la position officielle de l’Algérie sur l’affaire de l’utilisation d’un logiciel d’espionnage dénommé «Pegasus» contre des responsables et citoyens algériens.
Le département de Ramtane Lamamra a souligné que «l’Algérie exprime sa profonde préoccupation suite aux révélations émanant d’un consortium de nombreux organes de presse de grande renommée professionnelle et faisant état de l’utilisation à large échelle par les autorités de certains pays, et tout particulièrement par le Royaume du Maroc, d’un logiciel d’espionnage dénommé «Pegasus» contre des responsables et citoyens algériens, ainsi que des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme à travers le monde». Et d’ajouter : «l’Algérie condamne vigoureusement cette inadmissible atteinte systématique aux droits de l’Homme et libertés fondamentales qui constitue également une violation flagrante des principes et normes régissant les relations internationales».
Le ministère des Affaires étrangères a qualifié, également, l’utilisation de ce logiciel d’espionnage de «pratique illégale, malvenue et dangereuse, met en péril le climat de confiance qui doit présider aux échanges et interactions entre les responsables et représentants des Etats», précisant au passage qu’ «étant directement concernée par ces attaques, l’Algérie se réserve le droit de mettre en œuvre sa stratégie de riposte, et se tient prête à participer à tout effort international destiné à établir collectivement les faits et à faire la lumière sur la matérialité et l’ampleur de ces crimes qui menacent la paix et la sécurité internationales, ainsi que la sécurité humaine».
Il a estimé que «toute impunité constituerait un précédent extrêmement dommageable à la conduite de relations amicales et de coopération entre les Etats conformément au droit international».
La réaction du ministère des affaires étrangères intervient au moment où le parquet d’Alger a annoncé, jeudi dernier, l’ouverture d’une enquête judiciaire préliminaire sur l’existence d’un système d’intelligence informatique d’écoute et d’espionnage ayant visé les intérêts de l’Algérie, mais aussi des citoyens et des personnalités algériennes. Cette affaire augmente davantage la tension grandissante entre notre pays et notre voisin de l’Ouest, le Maroc qui a multiplié les gestes et actions hostiles à la limite de l’intolérable dont la dernière en date est son soutien au MAK. Une attitude qui vise essentiellement à faire diversion et détourner l’attention de l’opinion publique nationale sur ses problèmes internes notamment la grogne des citoyens marocains du Rif et la dégradation de la situation socio-économique du pays. Le Maroc cherche notamment à éloigner les regards de la communauté internationale sur les multiples violations des droits de l’Homme commises à l’encontre des journalistes et militants des partis d’opposition au Maroc». A cela s’ajoute, également, les exactions commises par l’armée marocaine dans les territoires occupés du Sahara Occidentale.
Il y a lieu de rappeler qu’une enquête internationale de 6 mois réunissant 17 médias, dont « Le Monde », montrent que ce logiciel, baptisé « Pegasus », est massivement utilisé pour surveiller les sociétés civiles. Depuis 2016, 50 000 téléphones ont été sélectionnés comme cibles, un millier en France et près de 6000 en Algérie, notamment pour le compte du Maroc.
Faiçal Bedjaoui