Scandale Pegasus : L’étau se referme sur le Makhzen
Le Makhzen est plus que jamais au cœur de la tempête Pegasus. Au moment où les représentants du régime marocain multiplient les subterfuges, redoublent d’agressivité et multiplient les menaces contre les médias, Amnesty international et Forbidden Stories à l’origine des révélations, les preuves s’accumulent pour l’accabler, tandis que la classe politique et la société civile françaises multiplient les appels pour une action internationale. Aussi, les autorités françaises ont décidé d’aller à la pêche aux infos en recevant le ministre de la Défense de l’entité sioniste, histoire de lui demander des comptes.
Il est vrai que depuis que le scandale Pegasus a éclaté, le royaume chérifien s’est toujours posé en « victime d’une machination orchestrée », selon lui par les médias. Et afin de contrer les plaintes déposées par Média Part, le Monde et Amnesty international, ainsi que les enquêtes ouvertes par les parquets des différents pays notamment en France, le Makhzen a décidé de riposter la menace, en annonçant l’introduction d’actions en Justice contre différents médias, Amnesty international et le collectif de journalistes à l’origine des révélations sur cette immense affaire d’espionnage.
Cependant, les preuves s’accumulent quant à l’implication du régime marocain dans l’espionnage de journalistes et militants des droits de l’homme marocains, mais aussi des hommes politiques et dirigeants algériens et français, notamment l’actuel occupant de l’Elysée Emmanuel Macron. Hier, le quotidien français le Monde a publié une nouvelle série de révélations sur le scandale Pegasus. Le quotidien a apporté des éléments « techniques », prouvant l’utilisation par le Maroc dudit logiciel espion, pour surveiller des journalistes et personnalités de France et même au-delà.C’est en se basant sur une expertise établie par le Security Lab d’Amnesty international (AI), lequel laboratoire est spécialisé dans l’analyse des logiciels d’espionnage, que le Monde a indiqué que les téléphones des journalistes et des personnalités politiques et autres, ont été effectivement infectés via Pegasus, avançant même le chiffre de 40 téléphones dont 15 en France, qui ont été « siphonnés ».
Des preuves accablantes
Le Monde, indique dans le même sillage, que « les experts ont fait parler les archives des téléphones Apple », précisant que « les IPhones ont ceci de particulier, qu’à chaque fois qu’un composant d’IOS, le logiciel qui les fait fonctionner, est lancé ‘par exemple prendre une photo ou envoyer un message’ une trace est consignée dans la mémoire du téléphone ». Or indique également ce journal Français « les experts de security Lab d’AI, ont découvert dans cet historique des traces de composants qui n’ont pas été développées par Apple et qui sont totalement étrangers à l’IOS ».« Dans certains cas, le fonctionnement de ces composants étrangers s’accompagnaient de l’exfiltration des données, autrement dit, la preuve que le logiciel espion s’était activé sur ces téléphones », assène Le Monde pour mieux accabler le régime Marocain.
Mieux encore le quotidien affirme « que les traces retrouvées par le security Lab d’Amnesty International sur les téléphones ciblés par le Maroc sont similaires à celles découvertes par LookOut, une société spécialisée dans la cyber sécurité des appareils mobiles », précisant que cette société « a même découvert les même noms de composants aujourd’hui exhumés par Amnesty International, une preuve qu’il s’agit d’un seul et même logiciel espion : Pegasus »Le Monde, note également que « les experts du security Lab d’AI, ont aussi, dans certains cas, réussi à isoler des adresses internes utilisées par Pegasus pour communiquer avec l’extérieur », indiquant que « toutes ces adresses récupérées par ces experts ces trois dernières années, présentent d’importantes similitudes, preuves de l’activité d’un seul et même logiciel espion ».Cette série de données mettant au banc des accusés directement le Makhzen, ne s’arrête pas là puisque Le Monde, affirme aussi que ces experts dudit laboratoire « ont découvert une des portes d’entrée utilisée par Pegasus pour entrer dans les téléphones », relevant une « faille » logiciel dans le système IMessage.Il expliquera que pour exploiter cette faille « l’infrastructure technique du client NSO, contacte l’appareil ciblé comme si il voulait lui envoyer un IMessage, c’est là qu’on trouve donc sur les appareils infectés la trace de ce contact ainsi que le compte Apple, une adresse e-mail utilisée pour ce faire par le client de Pegasus ». Le quotidien Français citera quelques victimes de l’espionnage Marocain, via Pegasus durant l’année 2019, il soulignera que « le compte ICloud, bergers.079@gmail a ainsi été retrouvé sur les téléphones de Omar Radi », journaliste critique d’El Makhzen, de Joseph Breham avocat ayant travaillé sur le Sahara occidental et Lenaig Bredoux, journaliste à Mediapart auteur de plusieurs enquêtes sur les services de renseignements du régime Marocain.Au sujet du gouvernement Français, le quotidien Le Monde, indique « qu’il a pu faire analyser par Amnesty International, le téléphone de l’ancien ministre de l’écologie, François De Rugy, ciblé au même moment que le reste de ses collègues d’alors », précisant que c’est le compte « bergers.079@gmail.com », qui parait.Il relève concernant les activités récentes de Pegasus en France, que le compte berger.079@gmail.com « disparait totalement, remplacé par un autre, probablement car le logiciel espion a fait évoluer sa technique et utilise alors une autre faille de IMessage à savoir, linakeller2203@gmail.com , retrouvé en juillet sur les téléphones de beaucoup de personnalités et de journalistes ».Il s’agit entre autre, a fait savoir Le Monde de « Claude Mangin, épouse d’un militant Sahraoui, emprisonnée au Maroc depuis dix ans, Philippe Bouyssou ; maire PCF d’Ivry Sur Seine au Val de Marne, soutien de Claude Mangin et dont le Conseil municipal, a voté un projet de subvention au bénéfice d’enfants Sahraouis, Oubi Bouchayra Bachir, représentant en Europe du Front du Polisario, le Mouvement militant pour l’indépendance du Sahara occidental ».
Appliquer le droit international au Makhzen
Plus de cinquante milles numéros de téléphones sélectionnés par les clients de Pegasus en vue d’un éventuel piratage sont parvenus à l’organisation Forbiden Stories, et Amnesty International sous la forme de « clusters » : un par client du logiciel espion.Selon le même quotidien « les numéros correspondant aux téléphones ciblés en France figurent parmi une liste de cibles potentielles coïncidant avec les priorités géostratégiques du Maroc(société civile Marocaine et responsables Algériens et Sahraouis) ».« Plusieurs services de l’Etat en France ont acquis la conviction que le Maroc était bel et bien un client de Pegasus », conclut le quotidien Le Monde.
Ces révélations suscitent l’agacement, voire la colère de la classe politique en France, dont une partie remet en cause le soutien de la France au régime marocain. Ainsi, le député communiste français, Jean-Paul Lecoq, a appelé à des mesures de rétorsion contre le Maroc et l’entité sioniste. Dans un entretien à « La patrie News », Jean-Paul Lecoq, a indiqué que « face à Pegasus, appliquons le droit international, tout le droit international ». « Reconnaissons la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Organisons au plus vite avec les Nations unies un référendum d’autodétermination au Sahara occidental, bloqué depuis 1991 par le Maroc, en violation totale du droit international.Détruisons le mur de sable qui sépare le Sahara occidental occupé du Sahara occidental libéré, et supprimons enfin les centaines de milliers de mines antipersonnel qui jonchent cette zone et qui tuent chaque année des civils innocents», soutient M. Lecoq.
Boubekeur Amrani