Décrédibilisé, isolé : L’aveu de faiblesse de Mohamed VI
Faut-il avoir confiance en Mohamed VI et boire ses paroles jusqu’à la lie ? Pas évident pour beaucoup d’Algériens qui ont pu suivre le discours du roi du Maroc à l’occasion du 22e anniversaire de son accession au trône dont une importante partie était dédiée à l’Algérie. Mohamed VI, l’air souffrant et prononçant avec grande peine son discours a tenu à « rassurer » les Algériens. « Je rassure nos frères en Algérie, vous n’aurez jamais à craindre de la malveillance de la part du Maroc » avait-il tenu à déclarer. Une promesse que bon nombre d’Algériens considèrent comme une énième ruse et ne sera d’aucun effet puisque le voisin de l’Ouest n’est pas à sa dernière promesse, jamais tenue, et encore moins à son ultime roublardise. Les bourdes diplomatiques marocaines qui se sont accumulées au fil des mois derniers, allant jusqu’à faire un pied de nez aux us et coutumes de la bienséance diplomatique en appelant maladroitement des Algériens à se révolter contre leur propre pays et à le diviser ne sont que la partie visible de l’iceberg. Les tentatives de déstabilisation menées contre notre pays sont multiples et sournoises allant de l’intox jusqu’à la désinformation par le biais de certains mercenaires de la plume financés par le Makhzen marocain qui n’a eu de cesse de diluer son venin à travers les réseaux sociaux attelés à mener une cyber guerre à l’Algérie. Dans son extravagance guerrière, le « frère » voisin franchira le Rubicon en bradant la cause Palestinienne et pactisant avec l’entité sioniste sans égards pour ces mêmes voisins et frères qu’il n’a pas cru nécessaire de consulter au nom du bon voisinage et de la « fraternité » tant louée et fera sciemment entrer le loup dans la bergerie. Une autre traitrise sous couvert d’une méprise guerrière est consommée par le royaume chérifien. Le « Pegasus-gate » est loin d’avoir livré tous ses secrets et ses vils objectifs. Ce scandale aux relents internationaux dont la principale cible reste l’Algérie que le Makhzen a décidé d’épier en l’espionnant n’augure d’aucune « fraternité ». Bien au contraire, il laisse supposer des velléités nuisibles envers un voisin qu’on souhaite subitement amadouer et endormir. Il est désormais clair que les frontières fermées entre l’Algérie et le Maroc suscitent l’inquiétude et l’embarras marocains. Mohammed VI ne s’en cache pas et le dit clairement, « l’état actuel de ces relations ne nous satisfait guère (…) » et qu’ « Entre deux pays voisins et deux peuples frères, l’état normal des choses, c’est notre conviction intime, est que les frontières soient et demeurent ouvertes ». C’est à cet effet qu’il a appelé, samedi soir, à les rouvrir et « sans conditions » arguant que « les raisons ayant conduit à la fermeture des frontières sont totalement dépassées et n’ont plus raison d’être aujourd’hui » et qu’« à cet égard, force est de constater que ni son excellence, l’actuel président algérien, ni l’ex-président, ni moi-même ne sommes à l’origine de cette décision de fermeture. Néanmoins, devant Dieu, l’histoire et nos concitoyens, nous sommes responsables politiquement et moralement de la persistance du statu quo ». Une « appréciation » unilatérale dont l’auteur omet cependant que cette réouverture des frontières reste soumise à la condition sine qua non de présenter des excuses à l’Algérie du fait que le royaume chérifien était le premier à avoir imposé, en 1994, le visa d’entrée à son territoire aux Algériens.
C’est de la confiance que naît la trahison, dit-on
Bien que ce revirement de position soit inattendu tout comme le retour subite à la voix de la raison étonne plus d’un. Certains observateurs au fait de la chose maghrébine estiment que ce retournement est motivé par des pressions subies par le Maroc à partir de l’étranger, notamment la France qui semble embarrassée par son indélicat ami maghrébin devenu un lourd fardeau à porter. D’autant que ce dernier a dépassé les bornes en encourageant ouvertement la migration clandestine via l’Espagne et en se lançant dans des opérations d’espionnage où ses propres mentors sont visés. L’affaire Pegasus a fait sortir de leurs gonds les plus fidèles alliés du Maroc, pris en flagrant délit de traitrise, brisant ainsi tout serment de confiance. D’ailleurs, le roi Mohammed VI reconnait tacitement ces pressions et le dit subtilement dans son discours en déclarant que « (…) Par ailleurs, d’aucuns soutiennent l’idée erronée que l’ouverture des frontières apporterait seulement un cortège de malheurs et de problèmes, à l’Algérie et au Maroc. » et de poursuivre que « (…) Nous nous percevons plutôt comme des frères qu’un corps intrus a divisés, alors qu’il n’a aucune place parmi nous ». Il est sûr qu’en dépit des assurances données par Mohammed VI aux Algériens leur promettant que « (…) vous n’aurez jamais à craindre de la malveillance de la part du Maroc qui n’est nullement un danger ou une menace pour vous », ces derniers voisins sont loin de trop y croire, notamment après la pactisation avec l’entité sioniste, un acte de félonie suprême. Et c’est d’ailleurs la goutte qui a fait déborder le vase des Algériens ou d’ailleurs. Et ce n’est surement pas non plus les larmes de crocodiles du souverain marocain qui feront changer d’avis la population désormais fixée. Et c’est ce qui fera tomber l’argument royal « En fait, ce qui vous affecte nous touche et ce qui vous atteint nous accable. Aussi, nous considérons que la sécurité et la stabilité de l’Algérie, et la quiétude de son peuple sont organiquement liées à la sécurité et à la stabilité du Maroc ». Cela laisse-t-il supposer que le roi du Maroc a largement pris conscience de la fragilité de son régime, et qu’il craigne aujourd’hui un retournement de situation ? Un roi qui est, rappelle-t-on, gravement malade prêt à toutes les concessions pour s’assurer de sa succession selon termes.
Bien même si le roi du Maroc reconnait que « corollairement, ce qui touche le Maroc affecte tout autant l’Algérie ; car les deux pays font indissolublement corps ». Mohamed VI, justifiant l’injustifiable admet « sa » « (…) vérité est que le Maroc et l’Algérie sont tous deux confrontés aux problèmes de l’immigration, de la contrebande, du narcotrafic et de la traite des êtres humains » oubliant qu’il est l’un des plus grands pays producteurs de cannabis qu’il vient de légaliser et que « Les bandes qui s’adonnent à ces activités criminelles » sont, en fait, financées par ses soins et que leur véritable ennemi est l’Algérie qu’elles inondent de kif marocain. Une chose est certaine, la teneur du discours de Mohamed VI reflète les craintes au sein du palais royal, plus isolé que jamais et qui tente aujourd’hui de jouer la carte de la fraternité maghrébine pour gagner du temps et redorer son blason. Mais la démarche apparaît viciée et il faudra plus que des mots renouer le dialogue.
Azzedine Belferag