Quelles mesures d’urgence ?
Tensions sur le marché des médicaments anti-covid
La troisième vague de contaminations au covid-19 a eu des effets pervers et inattendus. En sus des problèmes d’approvisionnement des structures sanitaires en oxygène, des tensions ont affecté le marché des médicaments, particulièrement le Paracétamol, l’anticoagulant Lovenox, ou certains compléments alimentaires, à l’image de la vitamine D sous sa forme injectable. Des médicaments prescrit dans le traitement du coronavirus. Des tensions enregistrées dans l’approvisionnement des officines, malgré un niveau de production locale appréciable.
Pour y faire face, les pouvoirs publics ont pris une série de mesures afin de mieux réguler le marché et maîtriser les circuits de distribution. Et c’est ainsi qu’au cours des derniers jours, le ministre de l’Industrie pharmaceutique a multiplié les rencontres avec les opérateurs du secteur afin de les inciter à augmenter la production de médicament et d’équipements médicaux et faire tourner leurs unités à plein régime. Par ailleurs de nouvelles obligations ont été imposées auxdistributeurs, les grossistes notamment, tenus de déclarer leurs stocks chaque semaine. En réunion du gouvernement, le Premier ministre a préconisé la mise en place d’une nouvelle plateforme numérique qui devra prendre en charge les programmes prévisionnels de production et d’importation accompagnés de plannings détaillés de livraison.Au-delà, une question demeure : comment ces mesures pourraient-elles se traduire par une amélioration de l’approvisionnement du marché et sont-elles suffisantes pour pallier au problème ?
Dans ce sens, Dr Metioui Nouredine, président du Conseil d’éthique et de déontologie de la filiale pharmaceutique, a estimé hier sur les ondes de la radio régionale d’Ain Timouchentque « les décisions du gouvernement sont importantes en matière de contrôle de certains médicaments notamment en ce qui concerne les antibiotiques et les anti coagulants ». Il met néanmoins à l’index l’effet de la pandémie de l’automédication engendrée par la panique des populations et qui les a poussées à se ruer sur les pharmacies.
Le Lovenox disponible dès cette semaine
Il a ainsi expliqué que « les laboratoires nationaux couvrent avec leur production de médicaments utilisés pour le traitement du covid-19, 60% de nos besoins ».
Il indiquera dans le même ordre d’idée que « sur les 90 laboratoires existant sur le territoire national, 32 fonctionnent sans arrêt et ce, dans le cadre de la campagne de mobilisation et de lutte contre la pandémie du coronavirus », révélant sur son passage que « la liste des intrants autorisés à l’importation a boosté le développement de nos capacités nationales ».
Le président du Conseil d’éthique et de déontologie de la filière pharmaceutique a également tenu à assurer que « quatre laboratoires garantissent les besoins nationaux en paracétamol 1gramme et ont remédié à une pénurie enregistrée la semaine passée ». Il précisera dans ce sens que les efforts déployés devraient permettre « de rattraper les tensions sur l’approvisionnement du marché en Lovenox, dès la semaine prochaine».
Il déplore d’ailleurs la paniqueengendrée par de fausses informations, ce qui, a selon lui, conduit une forte demande en médicament et à des stockages de ces produits pharmaceutiques destinés aux malades atteints de covid-19.
Pandémie d’automédication
Une question qui a d’ailleurs été abordée par la Fédération algérienne du médicament laquelle a appelé, jeudi, les pharmaciens d’officines à ne délivrer aucun médicament anti-covid, sans ordonnance. Dans son communiqué, la FAM, a indiqué que « les officines pharmaceutiques devraient s’en tenir strictement à l’exigence d’une ordonnance médicale préalable pour toute délivrance des médicaments destinés à la lutte contre le covid19 ».
Cette mesure, est-il indiqué dans ce document « fait partie d’une série de recommandations émises par la FAM qui rassemble l’Union nationale des opérateurs pharmaceutiques (UNOP), l’Association des distributeurs pharmaceutiques d’Algérie (ADPHA) et le Syndicat national des pharmaciens d’officines (SNAPO) et ce suite à la rencontre tenue avec le ministre de l’industrie pharmaceutique ».Lesquelles recommandations « visent à faire part de la nécessité en urgence de rétablir la confiance et la sérénité à tous les échelons de la chaine pharmaceutique ».
Les grossiste- répartiteurs ont été invités à mettre « sans restriction aucune », l’intégralité de leurs stocks de médicament anti-covid à la disposition du réseau d’officines pharmaceutiques tout en assurant une couverture géographique « la plus équitable possible » entre l’ensemble des communes et des wilaya du pays.Les producteurs ont de leur côté sollicité via un communiqué, le concours des autorités et autres services de l’Etat afin de leur faciliter les procédures d’acheminement des intrants entrant dans la production des médicaments.La FAM a relayé, en plus l’appel, de ses membres adhérents lancé à l’adresse, des pouvoirs publics de la nécessité de doter rapidement le personnel de production et de distribution d’une autorisation de circulation permanente, leur permettant d’assurer leur mission durant les horaires de confinement.Elle a également tenu à rassurer les citoyens que les stocks de matières premières, intrants et produits finis entrant dans la fabrication des médicaments anti covid 19 permettant de répondre à tous les besoins pouvant s’exprimer au cours des douze prochains mois tout en soulignant que ces médicaments sont aujourd’hui fabriqués « entièrement » en Algérie.
Boubekeur Amrani