DébatsL'éditorial

Hystérie collective

Par Melissa Roumadi-Belferag

« Le niveau de la masse dépend de la conscience de l’individu. » Franz Kafka, écrivain tchèque.

Les premiers résultats de l’enquête menée par les services de sécurité sur le lynchage du jeune Djamel Bensmaïl ont été rendus publics hier. Certains s’attarderont sur le nombre d’arrestations qui ont été menées et s’interrogeront sur celles qui devront intervenir au cours des prochains jours. Beaucoup garderont à l’esprit les aveux diffusés de certains de ceux qui ont joué les premiers rôles dans ce crime abominable et qui sont, malheureusement, devenus de véritables stars du net.

Mais de tous les évènements qui se sont succédés au cours des derniers jours, que faut-il retenir ? Le plus frappant demeure, à notre humble avis, la facilité avec laquelle beaucoup de nos concitoyens cèdent à la rumeur, à la haine, à l’hystérie collective même. Nous l’avons beaucoup vu sur les réseaux sociaux où des groupes d’internautes chauffés à blanc s’adonnent à de véritables lynchages de personnes qui ne sont pas forcément en accord avec la pensée dominante, ou avec une idée tout cours. Mais voilà, ce phénomène s’est transposé mercredi de l’espace virtuel dans la réalité. Le crime perpétré à Larbâa Nath Irathène a particulièrement choqué les Algériens. Or, nous devons comprendre et admettre que celui-ci est le résultat d’un processus qui a commencé il y a plusieurs mois, via lequel on s’amuse à créer, sous d’autres cieux, des modèles de pensée prédéfinis pour nous et que l’on incruste dans les esprits via l’exploitation de l’affect, des émotions et de ce désir d’appartenance à groupe commun à tous les hommes. Dans ce cas précis, on cultive une forme de communautarisme qui n’est assise sur aucune motivation objective, hormis celle de rejeter tous qui diffère de sa soi-disant « race », langue, religion ou même opinion politique. C’est cette configuration qui supprime toute forme de réflexion individuelle, de remise en cause des postulats imposés, qui favorise les mouvements de masse et l’hystérie collective. La littérature en ce qui concerne la manipulation des masses est riche et permet de bien comprendre ces mouvements. Nous avons déjà eu l’expérience de la manipulation des masses et des drames qui s’en suivirent. Il est aujourd’hui important de revenir vers les fondamentaux, de faire une introspection et de bien réfléchir avant de décider d’épouser telle ou telle idée ou pensée. Quant au désir d’appartenance, il est clair qu’il est plus important d’appartenir à une grande Nation, plutôt qu’à une communauté.

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