Débats

Mais qu’est ce qui se passe chez nous ?

Par Berkani Bouzid

Ancien sénateur 

Après les réactions stériles de certains compatriotes et face à leur amnésie volontaire et destructrice, je me suis permis de rédiger cet article destiné à remettre les pendules à l’heure.

Sincèrement je suis perdu, je suis dérouté et je dirai même que j’ai l’impression d’être un naufragé   dans ce vaste océan qu’est devenue notre Algérie. Je n’arrive plus à comprendre ce qui se passe dans la tête de certains Algériens, présumés pourtant instruits, cultivés et responsables. Ah oui, franchement, j’avoue que je suis sidéré par leur revirement ahurissant concernant la guerre de l’indépendance du pays. Je me demande comment ces gens ont-ils pu oublier une seule seconde que cette guerre avait exigé le sacrifice d’un million et demi de martyrs, morts pour la libération du pays. Et il faut le crier tout haut que ce fut une guerre véritable menée contre le colonialisme français par des Algériens dignes, courageux, fiers et épris de liberté qui avaient levé haut leur nez, bombé le torse et fait le sacrifice noble de leur vie pour libérer le pays du joug de l’ennemi qui avait envahi et occupé le pays durant 132 ans, au prix d’exactions atroces, de tueries, de tortures, et de mépris du peuple algérien.

Je dis guerre d’indépendance parce que tout simplement toutes les nations, tous les dirigeants de la planète, tous les historiens, toutes les grandes écoles et universités, tous les livres d’histoire reconnaissent et attestent sans le moindre doute que l’Algérie avait mené une grande guerre d’indépendance contre le colonialisme français. Une guerre qui avait duré sept longues années et demi et qui s’était soldée par l’indépendance et l’échec du colonialisme français. Et personne au monde, même au sein des Français, n’a jamais renié le fait que ce fut une guerre.

Hélas, hélas, et encore hélas, aujourd’hui, il semble que la fierté de cette guerre soit devenue dans la tête de certains une ébriété qui précipite dans la lâcheté et le reniement. Oui je constate avec amertume que certains individus récusent les honneurs et la gloire dont est auréolée à juste titre cette guerre et prennent des pics pour détruire la grande statue Algérie.

Effectivement, il me semble que l’Algérie est une statue géante qui avait été sculptée grâce à ses armoiries et ses valeurs. Et dans le cœur de l’écrin de ces valeurs et ces armoiries, je trouve un million et demi de martyrs, une histoire riche et valeureuse qui date des rois numides, la guerre de l’indépendance qui a duré sept ans et demi, le drapeau national, l’hymne national, l’identité nationale, un territoire si vaste qu’il occupe une partie du continent africain, une population fière, et ce sont ces valeurs qui composaient la roche qui a servi à la sculpture de ce grand pays nommé Algérie. Malheureusement aujourd’hui, ce sont des Algériens qui ont brandi des pics et des marteaux pour démolir cette auguste statue qui faisait la fierté de l’Afrique et du monde arabe. Je commence par évoquer l’ex-directeur de la culture de M’sila, Drif Rabah qui avait publiquement traité de traitre et de vendu à la France coloniale le grand moudjahid et héros national de la guerre de l’indépendance, Abane Ramdane. Rappelez-vous que dans un excès de folie ou d’ébriété, au mois de mars 2020, ce présumé érudit de l’histoire et de la culture avait plongé le valeureux moudjahid Abane et la révolution algérienne dans la fange, en l’accusant de traitrise au profit de la France, alors qu’il était connu pour avoir été un des vaillants architectes de la révolution. Rappelez-vous qu’à cause de cette accusation rejetée par l’Etat, les historiens, et lOorganisation nationale des moudjahidines, il avait été limogé de ses fonctions de directeur de la culture de M’sila, puis jeté en prison et condamné à six mois de prison ferme pour outrage à la mémoire du martyr de la révolution, Abane Ramdane. Rappelez-vous aussi que l’ancien député du parti politique du RCD Ait-Hamouda Noureddine, fils du chahid, le colonel Amirouche, un grand héros de la révolution, avait traité de traîtres trois héros nationaux, à savoir l’Émir Abdelkader pour avoir conclu le traité de la Tafna et s’être rendu à la France par ce traité, puis l’ex chef du mouvement national, Messali Hadj, et enfin l’ex président Houari Boumediène. Ce qui avait soulevé un tsunami national de colère et d’indignation et qui s’était terminé par un dépôt de plusieurs plaines. A la suite de ces propos qualifiés par la justice d’atteinte aux symboles de l’État et de la Révolution, d’atteinte à un ancien président de la République, d’atteinte à l’unité nationale et d’incitation à la haine et à la discrimination raciale, Ait-Hamouda fut jeté en prison et y demeura durant presque deux mois, avant d’être remis en liberté provisoire, en attendant son procès prochain. Et enfin je vous demande de vous rappeler les propos indignes et honteux et très récents de Brahimi Lakhdar, l’ex-ministre des Affaires étrangères. Des propos qu’il avait crachés au début de ce mois d’août au journal français Le Monde, en réponse à une question sur le départ des Américains de l’Afghanistan, des propos qui avaient provoqué un choc terrible et soulevé une vague d’indignation géante et exceptionnelle au sein des algériens. Ce présumé géant de la diplomatie, présumé homme politique algérien international, qui est à mes yeux gravement atteint de sénescence et de sénilité, a effacé d’un revers de langue toute image de la guerre d’indépendance de l’Algérie, en déclarant que le départ des Qméricains de l’Afghanistan n’était pas une défaite militaire, comme pour les Français et l’Algérie, ajoutant que ce sont les USA qui ont décidé de partir eux-mêmes puisqu’ils le voulaient depuis le jour où ils ont tué Ben-Laden.

Pour moi, les propos de ce présumé géant de la diplomatie, cet ancien cadre du Front de libération nationale (FLN) qui avait semé la terreur au sein de la France et de l’OTAN, ne peuvent signifier qu’une seule chose, c’est qu’il prétend que la France n’a pas livré de guerre en Algérie, qu’elle n’y a pas été battue et qu’elle aurait décidé d’elle-même de partir de l’Algérie ! Mais alors, ya ammi Lakhdar, toi le   représentant de l’Algérie à la conférence mondiale historique de Bandung, qu’est-ce que tu y faisais, et comment sont morts les un million et demi de martyrs, par euthanasie ? RABI YAHDIK.

Mais Allah yarham oualdikom, dites-moi que vont penser nos jeunes Algériens de la guerre d’indépendance et de ses héros face à ces dénis honteux, face à ces revirements méprisables ? Oui, que vont-ils penser en voyant leurs ainés, des prétendus intellectuels, s’entredéchirer comme des hyènes, puis vomir leur histoire dans les décharges publiques, oui, dites-moi d’où ces adultes puisent- ils cette nécessité étrange d’auto flagellation et pourquoi aller jusqu’à se lacérer en public pour décrédibiliser ou s’opposer à un dirigeant qu’on n’arrive pas à faire chuter ?

Dans tout combat politique, il y a quand même un seuil à ne pas franchir, de même pour assouvir toute ambition politique ou autre, il ne faut pas tout incendier et tout détruire. Je suis persuadé qu’il faut savoir s’arrêter quand il est question de nuire à l’image du pays, même si on déteste les dirigeants à mort.

Heureusement que l’Algérie a encore des fils honnêtes, des enfants raisonnables qui savent distinguer entre leurs intérêts et le bien du pays, EL HAMDOULILLAH.   

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