Covid-19 : Après la baisse des cas, le corps médical « respire » à Oran
Avec le recul du nombre de personnes atteintes de la Covid-19 dans la wilaya d’Oran, le taux d’occupation des lits réservés aux malades contaminés au niveau des différentes infrastructures sanitaires oscille entre 50 et 60%. Les hôpitaux reprennent ainsi un rythme de travail « normal », assure-t-on à la direction locale de la santé. »Les personnels et les hôpitaux respirent », se réjouit le chargé de communication de la DSP, Youcef Boukhari, faisant savoir que les 600 lits Covid-19 répartis entre les hôpitaux Nedjma et d’El Kerma, les services de pneumologie et de médecine interne du CHU d’Oran et les établissements hospitaliers d’Aïn El Turck et El Mohgoune (Arzew) ne sont occupés qu’à moitié.La courbe des nouveaux cas continue à baisser, atteignant 30 à 40 cas par jour dans la wilaya d’Oran qui a frôlé les 900 cas en pleine période de la pandémie, a-t-on précisé. »C’est un véritable soulagement pour les équipes médicales, qui ont travaillé avec un rythme infernal durant plusieurs semaines », souligne le directeur de l’hôpital Nedjma, Karim Laaroussi.
En plus de l’hospitalisation des malades contaminés, cette structure était la principale à assurer également les consultations. « Nous recevions une moyenne de 400 consultations par jour durant des semaines », s’exclame le même responsable. »Des journées de travail sans la moindre pause. Le personnel médical n’avait même pas le temps pour se restaurer ou accomplir sa prière », décrit-il, précisant que ce même personnel engagé dans la lutte anti-Covid19 n’a pas eu droit à un congé ni à des récupérations. « La situation était insupportable ». Il reconnaît que son personnel était au bout du rouleau. « Il n’était pas rare de voir un médecin ou un infirmier craquer sous la pression, pleurant dans un coin ou piquant une crise de nerfs », affirme-t-il encore.De son côté, le Pr. Nadjet Moffok, infectiologue en chef à l’hôpital El Kerma, partage cet avis. « Le rythme était carrément insoutenable » dit-elle. L’accalmie des derniers jours est vécue dans son établissement comme une délivrance. »Depuis quelques temps, nous arrivons à discuter des cas entre spécialistes, alors qu’on faisait le tri dans les couloirs pendant la crise. Nous prenons de petites pauses pour manger. Nous nous arrêtons pour nous saluer, pour échanger les nouvelles. Pendant le pic de la pandémie, toutes ces choses normales étaient quasiment impossibles », raconte-t-elle.
L’hôpital d’El Karma, ouvert dans l’urgence pour accueillir les malades Covid19 en août dernier, avec une capacité d’accueil initiale de 120 lits, a dû faire des extensions pour atteindre les 160 lits. C’est dire toute la pression que nous « avons subies », souligne cette spécialiste.En plus du rythme infernal de travail, il fallait encore gérer une autre pression, celle d’une population « carrément prise de panique ». Nadia, médecin généraliste qui assurait les consultations à l’hôpital Nedjma confie : « nous avons subi toutes sortes de violences verbales. Certains nous ont accusés de laxisme, de passe-droit et d’incompétents. Les insultes et les menaces étaient notre lot quotidien », décrit-elle, la gorge nouée.Le directeur de l’hôpital de la cité Nedjma affirme que plusieurs cas de violences, allant jusqu’à des agressions physiques ont été signalées. »Le plus grave enregistré était une agression physique dont a fait l’objet un agent de sécurité. Ce qui lui a valu quatre points de sutures », a-t-il fait savoir.
Le personnel médical toujours présent et continue à mener son combat contre le virus, reconnaît le même responsable. « Lorsque nous atteindrons un taux d’occupation de 25% des lits, nous pourrons commencer la programmation des journées de récupération et des petits congés ne dépassant pas les 10 jours », assure M. Laaroussi.Cette évolution satisfaisante de la situation pandémique à Oran a conduit à une diminution de la pression sur les structures de santé. Toutefois, la vigilance reste de mise devant les risques de la survenance d’une quatrième vague qui alimente toujours les craintes des spécialistes.
APS