Amar Belani, envoyé spécial chargé de la question du Sahara occidental : «L’Algérie n’exclue pas l’adoption de mesures supplémentaires»
La décision de fermeture immédiate de l’espace aérien algérien aux aéronefs civils et militaires marocains et immatriculés au Maroc est dictée par des raisons impératives de sécurité nationale.
C’est ce qu’a affirmé, hier, M. Amar Belani, envoyé spécial chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb arabe, dans une déclaration à l’agence de presse Reuters. Ce diplomate et ancien porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué que «cette décision préventive est dictée par des raisons impératives de sécurité nationale, compte tenu de l’existence d’indices concordants et d’éléments probants sur la conception ainsi que sur la poursuite d’actions hostiles dirigées contre notre pays». Et d’ajouter : «ce contexte particulier ou l’animosité et les desseins malveillants sont irrécusables, l’adoption de mesures supplémentaires n’est pas à exclure et l’Algérie fera preuve d’une extrême vigilance et d’une fermeté absolue pour la protection et la sanctuarisation de son territoire national». Ce diplomate n’a pas précisé la nature des mesures ou décisions que l’Algérie compte entreprendre à l’avenir, laissant la porte ouverte à toutes les pistes. Selon les spécialistes, la fermeture du passage maritime via les eaux territoriales n’est pas exclue surtout si l’on tient compte du fait que l’Algérie dispose d’une ouverture importante sur la mer Méditerranéenne qui est considéré comme étant un espace d’échange entre les pays du Nord et ceux du Sud. A cela s’ajouter l’éventualité de la rupture de l’approvisionnement en gaz naturel via le gazoduc Maghreb-Europe qui traverse le Maroc dont le contrat arrive à terme le 31 octobre prochain. Sachant que l’Algérie a dispose du gazoducMedgazqui relie Valence à Alemria qui assure l’approvisionnement de l’Espagne et du Portugal en gaz naturel, et dont les capacités seront augmentée dès le mois de novembre. Autrement dit, le Maroc perd un avantage important en cas de non-renouvèlement du contrat d’approvisionnement de l’Europe en gaz naturel via le gazoduc Medgaz en vertu duquel il bénéficie d’un prix préférentiel du gaz pour sa consommation locale et de royalties au titre de droit de passage sur son territoire de ce gazoduc. Une perte qui s’ajoute à celle engendrée par la fermeture de l’espace aérien algérien civil et militaire aux avions marocaines dont la compagnie Royal Air Maroc (RAM) assure 15 dessertes hebdomadaires vers l’Algérie. Last but not least, le Maroc assure 5 vols hebdomadaires vers Tel Aviv(Israël) qui traverserait l’espace aérien algérien. Or, la décision de la fermeture de son espace aérien à tous les aéronefs civils et militaires marocains ainsi qu’à ceux qui portent un numéro d’immatriculation marocain a chamboulé complétement les calculs du Makhzen qui devrait puiser ses économies pour financer ces changements liées à cette nouvelle donne. Ceci dit, l’Algérie dispose encore de plusieurs atouts et de ressorts diplomatiques qu’elle pourra faire valoir le temps voulu pour «contrecarrer les manœuvres douteuses et sournoises du Makhzen marocain et son nouveau allié l’entité sioniste». Il s’agit notamment du capital relationnel et du poids important dont bénéficie notre pays au sein de l’Union Africaine (UA) ou elle est constitue avec l’Afrique du Sud l’un des principaux bailleurs de fonds de cette organisation régionale. Rappelons que l’Algérie a décidé la fermeture de son espace aérien à tous les aéronefs civils et militaires marocains ainsi qu’à ceux qui portent un numéro d’immatriculation marocain, à partir de mercredi dernier, et ce à l’issue de la réunion du Haut Conseil de sécurité présidée par le Président de la République, chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale, M. Abdelmadjid Tebboune.
Chokri Hafed