Tourisme : Vers un plan d’action pour le thermalisme
Le ministère du Tourisme et de l’Artisanat s’attèle à l’élaboration d’un plan d’action pour la structuration et la promotion du thermalisme devant permettre à cette filière de contribuer à la concrétisation du développement durable, d’appuyer le tourisme local et de s’orienter vers l’attraction des touristes étrangers. C’est ce qu’a indiqué, hier, un responsable au ministère du tourisme et de l’artisanat cité par l’APS.
Le directeur du thermalisme et des activités thermales, Djamel Alili a affirmé que «le plan vise à concrétiser quatre importants objectifs portant essentiellement sur la consolidation du développement économique, à savoir, offrir à toutes les catégories sociales une opportunité de bénéficier de ce type de tourisme, valoriser le tourisme thermal, l’ériger en une pratique culturelle traditionnelle et contribuer à la promotion de la destination Algérie, en vue de drainer les touristes nationaux et étrangers». Plus explicite, ce responsable a souligné que «cette stratégie sera déployée par la mise en œuvre, à court terme, de 38 opérations en partenariat avec les secteurs concernés, dont les Ressources en eau, la Santé, la Formation professionnelle et le Travail (la sécurité sociale en l’occurrence), ainsi qu’avec le ministère de l’Intérieur pour mettre des assiettes foncières à la disposition des investisseurs». Il s’agit, selon ce responsable, d’œuvrer à la protection des ressources thermales, au développement de l’offre et de la demande et à développer la compétitivité dans cette activité.
M. Alili a salué, également, les efforts jusque là déployés à l’effet de diversifier l’activité thermale à travers l’intégration notamment des activités de loisirs et de détente, rappelant que «la révision en 2019 du décret exécutif 07-69 du 19 février 2007 dans lequel ont été fixées les conditions et les modalités d’octroi de la concession d’utilisation et d’exploitation des eaux thermales, en y ajoutant l’activité de détente et de repos».
Evoquant le plan d’action du Gouvernement dans son volet relatif au tourisme, ce responsable annoncé «l’enregistrement de cinq opérations visant à développer l’activité thermale, à travers lesquelles, 34 sources thermales traditionnelles gérées par les autorités locales et réparties sur 18 wilayas du pays, seront réhabilitées et modernisées vers la fin de l’année».
L’Algérie compte 8 stations thermales relevant du secteur public, dont
Hammam Righa (Ain Defla), Guergour (Sétif), Bouhnifia (Mascara), Hammam Rabi (Saida), Salihine (Khenchla), Hammam Debagh (Guelma), Hammam Bouhadjar dans la wilaya d’Ain Témouchent, des stations ayant toutes bénéficié d’opération de réhabilitation et de modernisation. Faisant état de 50 sources thermales dans 20 wilayas pouvant accueillir de nouveaux projets touristiques, M. Alili a révélé l’existence de 30 projets réalisés par des opérateurs privés dont 14 entreront bientôt en service. Ces projets qui devront, selon le même responsable, contribuer à l’essor de la filière thermalisme qui capte plus de 500.000 personnes pour les stations thermales et plus de 3 millions qui se rendent aux établissements traditionnels chaque année.
Evoquant l’importance des projets de thalassothérapie, le responsable a rappelé « les efforts déployés actuellement pour la réalisation d’au moins 2 centres thalasso au niveau des 14 wilayas côtières du pays », des projets qui viendront appuyer les 3 centres de thalassothérapie que compte le pays.
M. Alili a insisté sur la modernisation de l’activité thermale à travers l’amélioration des prestations par le renforcement de la formation, rappelant, dans ce contexte, la formation, dans le cadre de la convention signée avec le secteur de la santé, de 30 agents paramédicaux et 20 stagiaires en massage pendant 03 ans afin de doter les stations thermales de personnel qualifié.
Promouvoir le tourisme local par la valorisation de l’élément humain
La promotion du tourisme local passe par la prise en charge optimale de l’élément humain, l’amélioration des prestations, le soutien à l’investissement, la proposition de produits touristiques à des prix compétitifs et la promotion de l’artisanat et des métiers, ont indiqué des responsables et spécialistes du secteur.Dans une déclaration à l’APS, le directeur du Plan qualité tourisme et de la régulation au ministère du Tourisme et de l’Artisanat, Karim Chikhi, a mis en avant l’importance du volet de la promotion des atouts touristiques de l’Algérie pour le développement du tourisme local, rappelant les divers types de tourisme qu’offre le pays, dont le tourisme thermal, religieux, montagnard, culturel, historique, saharien et balnéaire.Il a souligné, dans ce contexte, le rôle « crucial » des agences de tourisme et de voyages pour le développement, la diversification et la promotion des produits du tourisme domestique. Plaidant pour l’ouverture de nouveaux circuits et destinations touristiques, notamment dans les régions du sud, et le choix de guides qualifiés avec des prix compétitifs adaptés à la bourse du citoyen, M. Chikhi a appelé à la conclusion de conventions avec les Œuvres sociales et le renforcement de la formule de l’hébergement chez l’habitant. Le secteur du tourisme s’attèle, en coordination avec le ministère de l’Intérieur, à « la révision et à l’actualisation de la circulaire ministérielle de 2012 relative à la formule de l’hébergement chez l’habitant afin de l’étendre aux régions du sud », a-t-il fait savoir à ce propos. Aussi, M. Chikhi a préconisé des prix abordables tant pour le transport aérien, notamment vers les régions du sud, que pour les infrastructures d’accueil ainsi que la mise à jour des programmes de formation afin d’améliorer les prestations et l’adaptation aux normes en vigueur. Précisant au passage que l’Algérie compte 4.000 agences de tourisme, « tournées pour la plupart vers le tourisme émetteur », il a appelé à un changement de cap à travers la promotion du tourisme domestique en encourageant les citoyens à passer leurs vacances dans le pays et en œuvrant à attirer des touristes étrangers. De son côté, le directeur de l’Investissement touristique au même
département ministériel, Amine Gherbi a souligné l’impératif de réaliser de nouveaux projets en vue de pallier le déficit enregistré en matière d’hébergement au niveau national, rappelant que la Commission des projets touristiques a approuvé, à ce jour, plus de 2.500 projets qui devront assurer « plus de 300.000 lits et plus de 17.000 emplois permanents ».
Evoquant la réception de plus de 40 nouveaux établissements hôteliers par an, M. Gherbi fait état de l’existence de 1.462 hôtels offrant 122.000 lits actuellement. Il précise, par ailleurs, que « 751 projets en cours de réalisation devront offrir 100.000 lits en 2024 » alors que « 100 projets touristiques entreront en service l’année prochaine garantissant plus de 7.500 nouveaux lits et 2.800 emplois ».
Pour sa part, le directeur du thermalisme et des activités thermales au
ministère du Tourisme, Djamel Alili rappelle que l’Algérie dispose de 282 sources thermales, dont une cinquantaine objet d’investissement en raison de « la bonne qualité » de leurs eaux, précisant que 90 contrats de concession ont été octroyés à des investisseurs.
Soulignant l’existence de trois complexes de thalassothérapie au niveau national, dont un à Sidi Fredj et deux à Oran, M. Alili a appelé à investir dans ce créneau au vu des grandes potentialités dont dispose l’Algérie, estimant que ce domaine est à même de contribuer au développement du tourisme domestique, à la création de la richesse et à l’amélioration de la santé. Par ailleurs, le président de la Fédération nationale des artisans et du tourisme (FNAT), Réda Yacine, a évoqué les problèmes dont pâtit le secteur, après l’arrêt « total » de l’activité ces deux dernières années du fait de la propagation de la pandémie de Coronavirus, prônant la mise en place d’un « Haut Conseil du Tourisme ».
Le président du FNAT a appelé les instances concernées à prendre des mesures incitatives au profit des investisseurs pour un décollage de l’activité touristique et la construction d’une destination touristique « d’excellence » eu égard à la diversification des atouts que recèle notre pays. Il a également proposé la création de nouvelles destinations, notamment dans les zones reculées, la réhabilitation de la formule de l’hébergement chez l’habitant et la valorisation des différents types de tourisme. D’autre part, il a mis en avant l’impératif de veiller à la valorisation et à la protection du patrimoine national authentique et d’accorder de l’intérêt à l’Artisanat à travers la création d’espaces dédiés aux artisans pour la commercialisation de leurs produits et l’organisation de Salons dans toutes les régions et tout au long de l’année pour la préservation des métiers menacés de disparition. De son côté, le chargé de l’information à la FNAT, Yacine Tazrout, a évoqué l’importance du marketing et de la numérisation et de la mise à jour des programmes touristiques conformément aux normes actuellement en vigueur.Dans ce sillage, il a invité les responsables des agences du tourisme et des voyages à coordonner leurs efforts pour sortir de la crise induite par le Coronavirus qui a lourdement impacté leur activité au point d’entrainer des licenciements. En dépit de toutes les mesures prises par les pouvoirs publics pour alléger l’impact de la pandémie, tel que le report du versement des cotisations à la CASNOS et la suppression des charges fiscales et parafiscales, ces agences n’ont toujours pas repris du service à cause de la persistance de la crise sanitaire, a-t-il expliqué.
Néanmoins, M. Tazrout a invité les agences à diversifier leurs programmes et à ouvrir de nouveaux circuits en exploitant les zones reculées, faisant état de programmes tracés par la FNAT pour mettre en place de nouvelles destinations à des prix compétitifs à Djelfa par exemple. D’autres programmes sont en cours d’élaboration pour les régions d’El-Bayadh, Naâma et Tikjda (Bouira), a-t-il conclu.
Faiçal Bedjaoui