Plusieurs candidatures aux élections locales rejetées par l’Anie : Les partis face à l’article 184
L’article 184 de la loi organique portant régime électoral est aujourd’hui la hantise des partis politiques.
L’Autorité nationale indépendante des élections, qui a entamé l’examen des dossiers de candidature pour les prochaines élections locales, commence déjà à exclure certains candidats de la course. Les partis politiques crient au scandale et accuse l’Anie de vouloir fermer le jeu électoral et menacent de se retirer des prochaines joutes. Les délégations locales de l’Autorité indépendante, pour leur part, justifient ces exclusions par les liens présumés des concernés avec les réseaux de l’argent sale ou encore leurs précédents démêlés avec la Justice.
Car les élections locales s’imposent aujourd’hui comme un véritable test pour les partis politique confrontées à leur ancrage au niveau local. C’est d’ailleurs l’esprit du nouveau régime électoral, dont les concepteurs ont souligné la nécessité de mettre la représentation politique face à sa réalité. C’est là le nœud du problème !
Et cela se confirme aujourd’hui. Certains partis politiques ayant pris la décision de prendre part aux prochaines élections locales, ont transformé leurs listes électorales en véritables patchwork allant jusqu’à recruter des candidats en dehors de la base militante. Cela a induit à un retour de flammes. En dehors des candidats qui ont vu leurs dossiers administratifs rejetés car incomplets, à l’image de ceux n’ayant pas pu présenter le document pouvant justifier leurs situations vis-à-vis du service national ou autres, des dossiers ont été également rejeté à cause des démêlées dont sont coupables des postulants avec l’institution judiciaire ou mieux encore, certains d’entre eux ont même été condamnés par des tribunaux pour des délits jugés graves.
Or, il est clair que selon la loi portant nouveau régime électoral, il est stipulé dans l’un des ses articles que toute personne ayant des démêlées avec la justice, ne peut figurer sur une liste électorale. En d’autres termes, le reproche fait à l’ANIE, c’est celui d’avoir voulu appliquer la loi dans toute sa rigueur.
L’autorité indépendante des élections, à travers ses 58 délégations, ne s’est pas encore prononcée quant au rejet décidé de certains dossiers de candidatures mais, à travers quelques « fuites » recueillies ça et là, plusieurs dossiers ont été rejeté à cause des condamnations judiciaires dont font l’objet les propriétaires de ces dossiers dont même certains ont été condamnés pour des affaires liées à la corruption du temps où ils occupaient le poste d’élu dans les précédentes mandatures dont celle qui tire à sa fin.
Plusieurs formations politiques, y compris de grands partis comme le FFS ou le MSP, pour ne citer que ces deux formations politiques, avaient tout le mal du monde à recueillir des dossiers de candidatures auprès même de leurs sympathisants. C’est ce qui les a poussés à procéder à une sorte de recrutement, fait à la va vite, dans l’espoir d’être représenté dans un maximum de localités.
Un procédé qui a fait l’effet boomerang, pour la simple raison que ces formations politiques, n’ont pas jugé utile d’éplucher les dossiers des personnes auxquelles elles ont fait appel, pour la confection de leurs listes électorales. Lequel procédé, a également donné lieu, à des listes « fourretout », composées de novices en politique, d’opportunistes de tout bord d’hommes et de femmes, faisant objet de condamnations judiciaires, aux côtés de véritables candidats au parcours militant qui n’est pas à démontrer. C’est d’ailleurs l’un des effets pervers de la politique des quotas, qui a induit une certaine démobilisation au niveau des structures partisanes au niveau des communes et des instances de wilayas, en sus des pratiques de cooptation qui ont de fait induit l’exclusion de réelles compétences des structures partisanes. Il ne s’agit pas non plus d’ignorer le contexte politique particulier marqué par une certaine dualité et les contradictions dans le discours politique des formations en lice qui induit parfois de la démobilisation.
Devant cette difficulté, à mettre en place des listes électorales, les responsables des partis politiques, dans plusieurs wilayas du pays, crient à l’injustice accusant l’ANIE, de partialité. Les états-major des partis menacent de boycotter les urnes sans pour autant se remettre en cause en faisant le bilan de la gestion des instances de leurs formations politiques, durant les vingt dernières années, alimentant ainsi la surenchère. Néanmoins, un quelconque passage à l’acte concernant la menace de boycott brandie semble pour le moment exclu. Le fait est que les candidats de ces formations qui animent la protesta ont, d’ores et déjà, lancé leur précampagne.
Boubekeur Amrani