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Au-lendemain de l’arrêt du gazoduc Magheb-Europe : L’Espagne sereine pour ses approvisionnements

L’Espagne a, une nouvelle fois, affiché son satisfecit quant aux garanties algériennes pour ce qui est de l’approvisionnement du marché espagnol et du marché européen, au sens plus large, en gaz.

Ainsi et au lendemain de la rupture des relations commerciales entre la Sonatrach et l’office marocain de l’énergie et de l’eau et de la suspension des approvisionnements en gaz via le gazoduc Maghreb-Europe qui traverse le territoire marocain, les Espagnols se sont montrés rassurés quant à la continuité des approvisionnements. Ainsi et dans une déclaration à la télévision espagnole TVE, relayée par l’agence Reuters, la ministre espagnole de la Transition écologique et du Défi démographique, Mme Teresa Ribera Rodriguez a non seulement affiché son satisfecit quant aux assurances données pour ce qui est de l’approvisionnement régulier en gaz, lequel ne souffrira d’aucun impact, mais a également rappelé que les Algériens se sont dits prêts à fournir des quantités supplémentaires de gaz, dans le contexte actuel marqué par des tensions en matière d’offre sur le marché européen.  « Les autorités algériennes se sont engagées à offrir plus de gaz à l’Espagne si le pays en a besoin », a déclaré lundi la troisième vice-présidente du gouvernement espagnol et ministre de la Transition écologique et du Défi démographique. Il est utile de rappeler, en effet, que la ministre espagnole avait effectué une visite, a semaine dernière, à Alger. Une visite qui a d’ailleurs constitué une opportunité pour discuter d’éventuelles fournitures supplémentaires de gaz à l’Espagne, en discussions ayant trait à la consolidation de la coopération énergétique et des énergies renouvelables.

Les engagements de l’Algérie ont été soulignés au cours de cette visite. Des engagements d’ailleurs réitérés hier par le ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab. Intervenant au cours d’une audience face à la commission des finances et du budget de l’Assemblée populaire nationale, le ministre a une nouvelle fois assuré que l’Algérie continuera à honorer ses engagements avec son partenaire espagnol, à travers le gazoduc Medgaz et l’utilisation de méthaniers. Il a ainsi rappelé que que les capacités du gazoduc Medgaz, fruit d’une coopération entre Sonatrach et son partenaire espagnol, Naturgy, sont appelées à atteindre les 10,6 milliards de m3 d’ici le mois de décembre, ce qui correspond à la moyenne de la demande annuelle actuelle de l’Espagne et du Portugal. M.Arkab a précisé, dans ce sens, que bien que la capacité du GME est de 13 milliards de m3 par an, la moyenne des quantités annuelles de gaz acheminées vers l’Espagne via ce gazoduc était comprise entre 9 et 11 milliards de m3. Le ministre a expliqué, en outre, aux membres de la commission, que les partenaires espagnols et portugais ont été « rassurés », notamment en recevant les études réalisées par Sonatrach et qui attestent de sa capacité à répondre à leurs besoins en matière de gaz, avec même la possibilité d’honorer des demandes supplémentaires. Le ministre a expliqué, toutefois, qu’il a demandé, lors de la dernière réunion tenue avec la troisième vice-présidente du gouvernement espagnol et ministre de la Transition écologique et du Défi démographique, à avoir « plus de visibilité » sur la demande espagnole sur les 3 voire 4 ans à venir afin de permettre à Sonatrach de mieux gérer ses investissements. Le ministre de l’Energie et des Mines a souligné que l’Algérie représente 30% de l’approvisionnement du marché européen en gaz et contribue à la sécurité énergétique de l’Europe, en réitérant l’ambition du pays de renforcer davantage sa présence sur ce marché en proposant des quantités supplémentaires. Il a dans ce sens mis l’accent sur la capacité de l’Algérie à « honorer toutes les commandes inscrites dans les contrats paraphés avec ses partenaires », et cela grâce aux capacités des unités de liquéfaction de gaz implantées à Arzew et à Skikda et qui peuvent atteindre 10 milliards de m3/an.

Impact significatif sur le Maroc

Notons dans ce contexte que l’ancien ministre de l’Énergie, Abdelmadjid Attar a souligné dans entretien à l’APS lundi que le GME contribuait de manière marginale à l’approvisionnement en gaz de la péninsule ibérique depuis la mise en service du Medgaz. Il a ainsi expliqué que même si le Gazoduc Maghreb-Europe (GME) avait une capacité d’environ 13 milliards de mètres cubes (m3) par an, depuis quelques années, il était exploité avec un volume annuel qui ne dépassait pas les 4 à 6 milliards m3/an, tandis que Medgaz acheminait 8,5 milliards m3 par an. Ces volumes de gaz, en dehors des fournitures au Maroc d’environ 600 à 800 millions m3 par an, étaient acheminés aux marchés espagnol et portugais.

Il est clair que l’arrêt de l’acheminement du gaz algérien via le GME n’aura en aucun cas d’impact sur l’approvisionnement du marché espagnol. Mais il aura certes un impact sur le marché marocain, qui n’a pour l’heure aucune alternative viable pour remplacer les 800 millions de m3 de gaz que lui cédait la Sonatrach à des prix préférentiels, en sus des royalties tirées de l’exploitation du pipeline. Le Maroc se trouve ainsi dans une situation extrêmement compliquée, d’autant que l’arrêt des approvisionnements intervient dans un contexte marqué par des tensions sur l’offre, une hausse spectaculaire des prix du gaz sur les marchés spot lesquels ont atteint des records, en sus du renchérissement des coûts du fret du gaz. Si l’on suppose que le Maroc réussisse à trouver des alternatives, malgré l’inexistence d’infrastructures énergétiques adéquates, il est clair qu’en raisons des facteurs objectifs actuels, le Maroc devra désormais supporter des coût élevés de l’énergie. Des coûts qui vont certainement se répercuter sur les facteurs de production et aggraver la récession actuelle au sein du royaume, mais et surtout sur les ménages marocains.

Samira Ghrib

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