Maroc : Violente répression des manifestants dans plusieurs villes
Des milliers de Marocains ont battu le pavé dans plusieurs villes du royaume pour s’opposer à l’imposition du pass sanitaire. Des manifestations qui ont été violemment réprimées par les forces de sécurité du Makhzen, dans un contexte marqué par un resserrement sécuritaire et une multiplication des violations des droits de l’Homme au Maroc.
Selon l’agence de presse américaine, Associated Press, des manifestations anti-Pass sanitaire ont secoué plusieurs villes du Maroc dès dimanche. Les manifestations ont été violemment réprimées précise-t-on. Ces manifestations interviennent dans un contexte de forte tension entre le Makhzen et les Marocains manifesté leur rejet total du Pass Sanitaire, imposé par le gouvernement. Il est vrai que les mesures imposées par le régime marocain sont considérées comme injustes et contraire au droit. Cette tension s’est d’abord manifestée par le refus d’ouvrir l’accès au Parlement à une députée qui n’avait pas présentée un pass sanitaire. Bien que celle-ci soit vaccinée, elle avait tenu de la sorte à dénoncer des mesures injustes pour le peuple marocain qui se voit refuser par le régime l’accès aux services publics et soumis à une autorisation de voyage conditionnée par un pass sanitaire. Pire encore, les mesures édictées par le régime marocain incite les employeurs à imposer une forme de chantage au pass sanitaire à leurs employés. Chose qui risque encore d’aggraver la crise économique et sociale induite par la crise sanitaire pour des millions de ménages marocains. D’ailleurs, le 23 octobre dernier, l’Ordre des Avocats du Maroc s’était opposé au Pass dans un communiqué relayé par la presse. “La circonstance exceptionnelle que connaît notre pays en raison de l’état d’urgence sanitaire, même si elle nécessite une intensification et des efforts concertés de la part des individus et des institutions, ne doit pas justifier l’adoption de décisions comportant des retraits des acquis en matière de droits humains, et des exigences qui violent la Constitution dans la mesure où ils affectent les droits constitutionnels, et contredisent ce qui a été approuvé par les chartes et les déclarations”, alerte l’Ordre des Avocats du Maroc. Après avoir durement dénoncé l’absence de base légale “pour empêcher les citoyens (e) de bénéficier des services publics vitaux”, l’Ordre appelle à l’annulation d’une mesure qu’il juge dangereuse et qui, selon les avocats, “contredit le principe de vaccination non obligatoire, et l’annonce faite par le comité d’urgence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a exprimé son opposition à la demande de certificats de vaccination contre le Covid-19 comme condition de voyage”.
Ces mesures considérées comme une violation de plus des droits des Marocains interviennent au moment où les violations des droits de l’homme se multiplient au Maroc et que tous les canaux de libre expression sont muselés de force, le régime marocain ayant emprisonné plusieurs journalistes sous le couvert d’accusations fantaisistes.
Dans ce sens, l’organisation Pen International a appelé le régime marocain à mettre fin à la persécution des journalistes et à la libération immédiate du journaliste Souleiman Raissouni, qui devrait comparaître aujourd’hui devant le tribunal, soulignant la nécessité de bénéficier d’un procès équitable. L’organisation, qui a lancé une campagne de solidarité avec ce journaliste, condamné à cinq ans de prison, a affirmé dans un communiqué que « la condamnation de Raissouni est intervenue en raison de son travail de journaliste et du contenu de ses écrits, à l’issue d’un procès dépourvu de garanties d’équité ».L’organisation internationale a rappelé les fausses accusations portées contre le journaliste marocain et la campagne de diffamation lancée par des médias locaux, connus pour être à la solde du gouvernement avant son arrestation et sa détention. Elle a également appelé à la « libération immédiate de toutes les personnes détenues pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression » et la fin des persécutions et détentions de journalistes et d’écrivains en raison du contenu de leurs écrits ou affiliations.
Chokri Hafed