Du travail et des salaires
« La vie fleurit par le travail. » Arthur Rimbaud
La politique des salaires occupe les débats. La contestation sociale dans plusieurs secteurs de la fonction publique ranime la discussion sur le sujet, aussi bien que la révision annoncée du point indiciaire référence de la grille des salaires dans la fonction publique.
Une question rattachée d’ailleurs à la nécessité d’augmenter le pouvoir d’achat des ménages, lequel a été malmené par la hausse de l’inflation.
Cependant, le débat sur le pouvoir d’achat et les salaires est biaisé et ne permet pas aujourd’hui d’aller vers le fond des problèmes posés. Car on limite la question à la nécessaire augmentation des revenus. Pourtant l’augmentation des revenus ne garantit pas à elle seule l’augmentation du pouvoir d’achat. D’ailleurs les médias tombent toujours dans un travers, celui d’évoquer une baisse des revenus. Or, les chiffres de l’Office national des statistiques démontrent une évolution annuelle constante des revenus et du niveau des salaires moyens qui ne se sont pas traduits par une amélioration du pouvoir d’achat. Bien au contraire, celui-ci s’est effrité au fil des ans. La cause en est l’inflation. On évoque souvent l’effet de l’inflation importée, de la dépréciation du dinar et surtout la déstructuration du marché et la spéculation. Ce sont tous des facteurs qui pèsent sur l’inflation et donc sur le pouvoir d’achat. Mais s’arrêter là, c’est se contenter d’une vision incomplète d’une situation qui entretien un cercle vicieux dans lequel toute augmentation de revenu induit une hausse plus importante de l’inflation.
Le fait est que quand on évoque l’inflation il est nécessaire de revenir aux fondamentaux, aux règles régissant l’offre et la demande sur le marché, et celles relatives à l’équilibre entre masse monétaire -qu’elle soit fiduciaire ou scripturale- en circulation et la valeur des biens et services produits qui doivent y correspondre. Ce qui nous amène à la question essentielle : si la revendication de la hausse des revenus est parfaitement légitime socialement, l’efficience économique doit aussi être une revendication toute aussi légitime. Car il ne peut y avoir une politique salariale qui permet d’ancrer le bien-être social, si elle n’est pas adossée à la productivité. C’est là justement que le bât blesse. Car les politiques salariales relèvent aujourd’hui des politiques sociales, plus qu’elles ne sont adossées aux politiques économiques. C’est certes l’héritage de la gestion sociale des entreprises qui nous a également légué une prédominance du secteur public sur les activités économiques, et donc sur le monde du travail. Or, cela doit commencer à changer, car il s’agit aujourd’hui de s’inscrire dans un cercle vertueux qui associe efficacité économique à la justice et au bien-être social. Certes toute peine mérite salaire, mais tout salaire mérite aussi travail…