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Tebboune ordonne la levée de tous les blocages à l’investissement : Asseoir une économie patriotique

Le président de la République entend faire de la relance de l’industrie nationale la priorité de son mandat.  Une relance tributaire de l’amélioration du climat des affaires et de la rupture totale avec les pratiques passées, la bureaucratie en tête.

Une bureaucratie à laquelle Abdelmadjid Tebboune a décidé de déclarer la guerre. Il n’est pas allé avec le dos de la cuillère, hier à l’ouverture de la conférence nationale sur la relance industrielle, pour pointer un doigt accusateur à l’encontre de pratiques bureaucratiques qui entravent l’investissement. Pour le président de la République, il est inadmissible de « constater que des usines, déjà construites et équipées n’aient pas encore lancé la production, en raison d’un simple document, ou d’une autorisation qui tarde à venir », sans aucune raison valable. Il précise dans ce sens que le blocage de certains dossiers d’investissement est justifié par certains responsables de l’administration par des arguments qui « relèvent du non-sens ». C’est dans ce contexte que le chef de l’État n’écarte pas la possibilité de voir les blocages persister en raison d’une volonté malsaine d’arrêter le train des réformes sur fond de calculs politiques suspects. Il a également fait référence à certaines pratiques liées à la corruption comme l’un des facteurs qui alimente le blocage. Il a d’ailleurs qualifié les pratiques bureaucratiques de « crime contre l’économie ». Le Président Tebboune a qualifié les pressions faites à certains investisseurs de « signes d’une grave dégradation qu’il convient de contrer ». C’est dans ce contexte qu’il a estimé que les choses devront désormais changer afin d’asseoir les bases solides d’une « économie patriotique ».

Il a indiqué qu’aujourd’hui, l’administration n’a plus aucun argument pour justifier les blocages ou se voiler derrière la crainte de poursuites pénales. « Ceux qui sont à El-Harrach sont des voleurs ! », a-t-il asséné, avant d’annoncer avoir donné des instructions pour n’engager aucune poursuite contre les agents publics qui ont facilité l’investissement tant qu’ils n’en tirent pas de profits et que les décisions prises ne sont pas en contradiction avec la loi. Le Président Tebboune a appelé les responsables centraux et locaux à faciliter la mission des investisseurs, soutenant que « le bon responsable est celui qui facilite le développement local et non celui qui cherche des prétextes pour ne pas signer des autorisations prévues par la loi ». Il est utile de rappeler dans ce contexte que le président de la République a chargé, il y a quelques jours, le directeur de Cabinet de la présidence de la République afin d’évaluer l’application par l’administration de l’ensemble des instructions émanant du Conseil des ministres. Il a également annoncé au cours d’un récent entretien avec les médias nationaux, la création d’une inspection générale à la présidence de la République pour contrôler et évaluer l’action de toutes les institutions centrales et locales sur le terrain. 

Hier, Abdelmadjid Tebboune a rappelé la mise en place d’une autre structure destinée à contrôler l’action de l’administration. Il a ainsi indiqué qu’un bureau dédié a été mis en place au niveau des services de la République et a invité les investisseurs à prendre attache avec cette structure pour faire part de leurs doléances. Le chef de l’Etat a exhorté les investisseurs à contacter « immédiatement » ce bureau dans l’objectif de traiter leurs réclamations et prendre les mesures adéquates pour y remédier.

Lever le blocage sur 402 projets 

Et pour mieux représenter cette volonté de changement, le président de la République a indiqué avoir ordonné au gouvernement d’en finir de manière définitive avec le problème du blocage des investissements. C’est dans ce sens qu’il a annoncé la levée du gel sur 57 projets d’investissement sur les 402 prêts au lancement mais qui sont bloqués pour des raisons administratives. 

Il a précisé que la levée du gel sur ces projets, prêts au lancement, est intervenue « en très peu de temps », ce qui suscite, a-t-il dit, des interrogations sur « les véritables raisons de ces obstacles ».

Il a également indiqué que l’Agence nationale de développement de l’investissement (ANDI) a procédé, jusqu’à fin novembre dernier, à la levée du gel sur 581 demandes pour bénéficier des avantages octroyés par l’Etat au profit des investisseurs. L’ANDI procèdera, au cours de la première semaine de décembre, à la levée du gel sur 356 demandes supplémentaires. Cette démarche, a-t-il dit, permettra la création de plus de 75.000 postes d’emploi, ce qui aura un impact important sur la résorption du chômage.

2022, année des réformes économiques structurelles

Au-delà de ces mesures d’urgence, le Président Tebboune table sur des réformes profondes destinées à asseoir les fondements de la nouvelle économie. Des réformes structurelles qui auront toute l’attention des autorités, maintenant que le processus « de réformes constitutionnelle et institutionnelles a été parachevé », a tenu à mettre en avant le président de la République qui assure ainsi que « 2022 sera l’année de l’économie ». 

C’est dans ce sens que le président de la République annonce un train de mesures qui vont répondre aux préoccupations les plus urgentes des opérateurs économiques, notamment en matière d’accès au foncier et au financement bancaire. Il fait part ainsi de la création et de l’installation de l’Agence nationale du foncier industriel (ANFI) qui sera opérationnelle l’année prochaine. Une agence qui aura la charge de gérer le foncier industriel disponible au niveau des zones industrielles après son recensement et son assainissement. Cette agence sera dédiée à la gestion de ce foncier qui sera retirée aux collectivités locales, lesquelles n’auront plus que la charge des zones d’activités. Il a également indiqué que des mesures seront prises pour mobiliser les financements bancaires pour les investissements industriels réels et qui versent dans la transformation des produits agricoles et miniers nationaux. Pour ces projets, le financement peut atteindre 90% de la valeur de l’investissement, assure le président de la République. Car celui-ci a une vision claire du développement industriel qui sera l’assise du développement économique pérenne et durable. Une industrie basée sur la transformation des ressources locales pour se substituer aux importations, couvrir les besoins nationaux et dégager des surplus à l’export. 

Corriger la trajectoire

Une démarche qui nécessite de corriger la trajectoire des politiques industrielles passées par plusieurs phases, rappelle encore le président de la République. Il se démarque ainsi de l’approche adoptée par le passé et qui a favorisé l’émergence d’une industrie lourde, notamment dans la sidérurgie, le textile et la pétrochimie, précisant qu’«il n’en reste que peu de ces industries en raison des crises financière, politique et sécuritaire ».

Le Président Tebboune a par la suite critiqué l’approche récente qui a favorisé le montage plutôt que la véritable industrie. Une fausse industrialisation   assimilée de façon caricaturale au gonflage des pneus et au détournement d’argent vers l’étranger sous plusieurs appellations, outre l’assemblage au lieu de la fabrication. Une déstructuration qui a miné le secteur industriel. C’est dans ce contexte que le président de la République rappelle que l’industrie ne contribue qu’à hauteur de 5 à 6% du Produit intérieur brut.

Il estime toutefois que cela « n’est pas une fatalité ». Et d’ajouter que la relance industrielle « est un défi qui est à notre portée ». Il fixe d’ailleurs des objectifs précis pour les politiques industrielles à implémenter. Pour le président de la République, l’industrie peut contribuer à hauteur de 10% au PIB par l’entremise de mesures concrètes. Elle peut atteindre une contribution de 15% en faisant sa révolution. Pour se faire, Abdelmadjid Tebboune estime qu’il est nécessaire de miser sur l’industrie manufacturière et réduire les importations des produits industrialisés et protéger la production nationale. Il s’agit surtout de rompre avec les pratiques imposées par la Issaba. « Maintenant que la justice a tranché, nous nous remettons à la construction d’une véritable industrie sur des bases rationnelles au service de l’intérêt national comme un des vecteurs du développement global », conclut le chef de l’Etat. 

Samira Ghrib

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