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Sanctions de la Cédéao contre le Mali : L’Algérie appelle à la retenue

La Médiation internationale au Mali dont l’Algérie est le chef de file a dit « suivre de très près » les derniers développements de la crise malienne, à la suite de l’annonce de sanctions contre le Mali par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), et appelé toutes les parties à la retenue, a indiqué hier un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger. « En sa double qualité de chef de file de la Médiation internationale et président du Comité de suivi de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, et à titre également de pays voisin partageant une longue frontière terrestre ainsi qu’une longue histoire de bon voisinage avec le Mali, l’Algérie suit de très près les derniers développements de la crise politico-sécuritaire en République du Mali, ainsi que le traitement qui lui est réservé par la Cédéao », indique le ministère. « Dans le respect des décisions pertinentes de l’OUA (Organisation de l’Unité africaine) et de l’UA (Union africaine) sur les changements anticonstitutionnels de gouvernements, l’Algérie n’a pas cessé d’appeler au retour à l’ordre constitutionnel au Mali et d’œuvrer, conformément aux responsabilités qui sont les siennes en vertu de l’Accord d’Alger et en étroite collaboration avec les partenaires internationaux, à la réunion des conditions nécessaires pour favoriser une transition en douceur vers le rétablissement durable de l’ordre constitutionnel dans ce pays frère », poursuit le communiqué. « Cet engagement traduit en effet la profonde conviction de l’Algérie que le processus de paix et de réconciliation et les efforts de restauration de l’ordre constitutionnel démocratique se soutiennent mutuellement et nécessitent le soutien de tous dans le cadre d’une démarche équilibrée », souligne le ministère., »Dans ce cadre, et à l’occasion de ses interactions récentes avec les autorités maliennes, l’Algérie, tout en mettant en garde contre les conséquences politiques, sécuritaires et économiques que peut avoir toute transition longue telle que celle envisagée par la partie malienne, a plaidé pour un dialogue serein et réaliste avec la Cédéao en vue de parvenir à un plan de sortie de crise qui tienne compte des exigences internationales et des aspirations légitimes du peuple malien, ainsi que des facteurs endogènes liés aux dynamiques nationales maliennes », ajoute-t-il. Et de poursuivre: « C’est dans cet esprit que le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a, dans l’audience qu’il a accordée le 6 janvier courant à une délégation malienne de haut niveau, insisté sur la nécessité pour les autorités de la transition au Mali d’envisager de s’engager à faire de l’année 2022 celle de l’instauration d’un ordre constitutionnel malien rassembleur et consensuel ayant pour objectif de consacrer les acquis et les préconisations de l’Accord de paix et de réconciliation au Mali issu du processus d’Alger ainsi que d’autres avancées d’un dialogue inter-malien fraternel », rappelle le communiqué. « Le président Abdelmadjid Tebboune qui a fait valoir l’exigence d’une approche inclusive répondant à la complexité des problèmes structurels et conjoncturels et aux défis que le Mali doit relever, y compris dans la lutte contre le terrorisme, a estimé raisonnable et justifiable une période de transition d’une durée ferme d’une année, que seules des considérations impérieuses d’ordre sécuritaire, financier ou matériel, pourraient étendre de quelques mois le cas échéant », selon le ministère.  « Le président de la République a réitéré l’attachement indéfectible de l’Algérie à la souveraineté, à l’unité et à l’intégrité territoriale de la République du Mali, et a encouragé les dirigeants de la transition à l’adoption d’une attitude responsable et constructive », rappelle également le ministère. « Devant les risques graves et les épreuves que portent en elles la panoplie de sanctions massives annoncées par le sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la Cédéao ce 9 janvier à Accra (Ghana), ainsi que les contre-mesures annoncées par le gouvernement de la République du Mali, l’Algérie appelle toutes les parties à la retenue et au réengagement dans le dialogue en vue d’éviter à la région un engrenage de la tension et une exacerbation de la crise », souligne la même source.

Pour rappel, les dirigeants Ouest-africains réunis à Accra ont décidé dimanche de fermer les frontières avec le Mali et de mettre le pays sous embargo, des mesures qualifiées de « très dures » sanctionnant le non-respect les autorités de transition de l’échéance de février pour des élections ramenant les civils au pouvoir. Ils ont aussi décidé de couper les aides financières et de geler les avoirs du Mali à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Ils vont rappeler les ambassadeurs des pays membres au Mali, théâtre de deux coups d’Etat militaires depuis 2020 et en proie à une profonde crise sécuritaire.

Les autorités maliennes ont réagi hier à cette décision en rappelant ses ambassadeurs dans ces pays et en fermant ses frontières terrestres et aériennes avec eux, selon un communiqué du gouvernement malien. « Le gouvernement du Mali condamne énergiquement ces sanctions illégales et illégitimes », indique le communiqué du gouvernement. « Le gouvernement du Mali regrette que des organisations sous-régionales Ouest-africaines se fassent instrumentaliser par des puissances extra-régionales aux desseins inavoués », a-t-il ajouté.

R.I.

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