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De Mistura entame sa mission de relance du processus de règlement du conflit au Sahara occidental : Le chemin difficile de la paix

L’envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura a entamé hier une visite dans la région avec comme première halte les camps de réfugiés sahraouis, avant d’avoir des entretiens avec les responsables sahraouis et notamment le président de la République arabe sahraouie démocratique et secrétaire général du Front Polisario Brahim Ghali. Staffan de Mistura et les membres de la délégation onusienne qui l’accompagnent auront la lourde tâche de relancer le processus onusien de règlement du conflit au Sahara occidental et qui doit aboutir à l’organisation d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. Une tâche qui s’annonce déjà complexe et une voie semée d’embûches au regard de la reprise du conflit armée dans le sillage de l’agression perpétrée par l’armée d’occupation marocaine contre les civils sahraouis à El Guerguerat et l’obstination maladive du Makhzen à vouloir imposer ses visées expansionnistes.

Il est vrai que la visite qu’effectue le représentant du Secrétaire général de l’ONU, Staffan De Mistura dans les camps des réfugiés est la première du genre depuis plusieurs années marquées par l’absence d’occupant de ce poste due aux manœuvres du Makhzen et de ses alliés traditionnels au niveau du conseil de sécurité. Mais cette reprise de l’action onusienne ne semble pas susciter de grands espoir pour le peuple sahraoui dont les représentants ont unanimement exprimé des doutes et des appréhensions quant à la réussite de ce dernier à donner une nouvelle dynamique au processus initié il y a plusieurs décennies. Un processus entravé à chaque fois par les manœuvres de l’occupant marocain qui considère d’une part  ce territoire comme une partie du Maroc et qui tente d’autre part, d’impliquer l’Algérie comme partie prenante du conflit.       

En effet, réagissant à cette visite, le wali de la wilaya de Boujdour (camps de réfugiés sahraouis), Azza Ibrahim Babih à l’occasion de la visite effectuée, le même jour, par l’envoyé spécial onusien dans la région, le wali de la wilaya de Boujdour (camps de réfugiés sahraouis), Azza Ibrahim Babih a affirmé que le peuple Sahraoui ne compte pas trop sur la visite de l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, pour le règlement du conflit avec le Maroc, vu l’inaction du Conseil de sécurité onusien. « La visite de M. De Mistura dans la région ne diffère pas de celles de ses prédécesseurs, a-t-elle souligné précisant que face à l’inaction du Conseil de sécurité et de l’ONU qui n’a pris aucune mesure sérieuse, le Maroc poursuit ses tergiversations et continue d’imposer sa politique du fait accompli ». « Par conséquent, nous n’attendons pas que De Mistura apporte une solution », déclare-t-il en effet à ce sujet.

les membres du Conseil consultatif sahraoui ont soumis leur demande à l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, pour une « pleine indépendance nationale », soulignant que le référendum reste un compromis acceptable. Notons que lors de la deuxième étape de sa tournée, Staffan de Mistura s’est rendu dans les camps de réfugiés à Smara. L’occasion pour les responsables sahraouis, qui l’ont rencontré à son arrivée de souligner que la revendication fondamentale du peuple sahraoui est « l’indépendance nationale complète ». Dans ce contexte, ils ont rappelé l’agression marocaine contre des civils sahraouis sans défense dans la brèche illégale de Guerguerat, le 13 novembre 2020, qui a mis fin à l’accord de cessez-le-feu. Les responsables sahraouis ont estimé, lors de leur rencontre avec de Mistura, que « le manque de légitimité du Maroc est clairement démontré en ne permettant pas à l’envoyé de l’ONU de visiter les territoires sahraouis occupés, et de découvrir ce qui s’y passe en ce qui concerne les violations commises par les forces marocaines contre les Sahraouis » civils et militants, et de piller illégalement leurs richesses. »

Un point de vue d’ailleurs défendu par le membre du Secrétariat national du Front Polisario chargé de l’Europe et de l’Union européenne, Oubbi Bouchraya El Bachir qui  a affirmé que la réussite de la mission de l’envoyé personnel du SG onusien pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, était tributaire de l’adoption d’une approche pacifique pour le règlement du conflit, conformément au plan de paix ONU-OUA, fustigeant l’incapacité du Conseil de sécurité d’appliquer cet accord. Invité de l’émission débat « Face à Face » de la chaîne France 24, l’ambassadeur sahraoui a déclaré que « la réussite de la visite de Staffan de Mistura dépend d’une seule et unique chose, à savoir l’adoption d’une approche pacifique pour le règlement du conflit en tant que base de sa médiation, une approche fondamentale basée sur la légalité internationale pour encadrer le conflit au Sahara occidental ». « La principale solution existante est le plan de paix ONU-OUA et les accords de Houston conclus entre les parties, lesquels requièrent seulement leur application », a-t-il insisté. Il a estimé que « le problème qui se pose dans l’application du plan de règlement ONU-OUA au Sahara occidental n’est nullement lié à l’émissaire onusien, mais plutôt à l’incapacité du Conseil de sécurité d’appliquer les accords signés entre les parties, le Polisario et le Maroc, en 1991 et 1997 à Houston ». M. Oubbi Bouchraya a déploré la dernière décision (2602) du Conseil de sécurité, laquelle « démontre l’absence d’une volonté manifeste et expresse chez le Conseil pour le règlement de la question, celui-ci préférant se dissimuler derrière l’envoyé personnel du SG onusien ».

De son côté, l’ambassadeur de la RASD à Alger, Abdelkader Omar Taleb  qui évoquait les difficultés qui se dresseront devant l’action de ce grand diplomate a expliqué que la mission  s’annonce déjà difficile pour de nombreuses raisons à savoir les manœuvres du royaume qui oeuvre constamment à entraver le processus de paix sous l’égide de l’ONU qui doit aboutir à un référendum d’autodétermination ainsi que l’évolution du conflit qui a vu reprendre l’action armée suite à la rupture du cessez-le-feu engendré par l’agression du royaume sur la zone tampon d’El Guerguerat.   L’envoyé spécial du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies fera également face à l’absence de volonté du pays occupant qui refuse toute solution négociée avec  les représentants du territoire sahraoui qu’il considère toujours comme un territoire marocain malgré les résolutions onusienne et africaine. La position tendant vers l’inertie du Conseil de sécurité va enfin se dresser devant l’effort de De Mistura. Aussi, ne comptant pas trop sur cette visite pour faire avancer concrètement la question, l’ambassadeur sahraoui à Alger, Abdelkader Omar Taleb a souligné, à l’occasion de cette occasion, l’impératif, pour De Mistura, d’adopter une nouvelle approche basée sur une solution politique tendanr à la tenue du référendum d’autodétermination pour le peuple sahraoui. Dans cette ambiance générale empreinte de doute et d’appréhension quant à la réussite du représentant du SG de l’ONU à faire avancer le dossier, l’ambassade des Etats-Unis s’est félicité, dans un Tweet publié sur son compte, de cette première visite de De Mistura sur les territoires sahraouis tout en exprimant son soutien aux efforts de ce dernier pour « une solution crédible et acceptée par les deux parties ».  

Kamel Nait Ameur

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