Covid 19 : Le personnel soignant sérieusement touché
Le personnel soignant, déployé à la première ligne, continue à faire face au covid 19 en bravant la pandémie. Médecins et paramédicaux, assurent le service au niveau des établissements et structures de santé publique et privés. Ce même personnel est épuisé, voire blasé.
Les structures sanitaires connaissent, ces derniers jours, un flux important de personnes contaminées par le Covid-19 à telle enseigne qu’elles sont submergées. La recrudescence des cas enregistrés est constatable un peu partout dans l’ensemble du pays, en raison notamment du nouveau variant sud africain, Omicron, ce dernier est connu pour sa grande contagiosité. Face à cette situation, les établissements et autres structures de santé sont dépassés. Les patients sont difficilement pris en charge, faute de personnel médical et paramédical. Car, ce dernier est, lui aussi, touché par le Covid-19. Le Centre hospitalo-universitaire de Constantine n’est pas en reste dans cette situation qui frappe de plein fouet les blouses blanches. «Quelque 200 cas de contamination ont été enregistrés, parmi le corps médical », a indiqué le professeur Nadir Boussouf, qualifiant cette situation de «compliquée». Et d’assurer que «nous sommes en train de gérer la pandémie et nous sommes dans l’obligation d’y faire face», avant de souligner que «cette 4e vague coïncide aussi avec la période de la grippe saisonnière». Concernant la vaccination anti-Covid-19, le Pr Boussouf, membre du Comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie, a fait savoir que «la majorité des cas compliqués sont ceux qui ne sont pas vaccinés ». En outre, il a regretté que «20% seulement du corps médical aient reçu le vaccin ». Et de rappeler que «les différents types de vaccins existent depuis plus d’un siècle et que les gens se font vacciner le plus normalement du monde depuis leur enfance». Le professeur Nadir Boussouf s’est interrogé sur «l’hésitation de certaines personnes par rapport au vaccin anti-Covid-19, alors qu’elles devraient plutôt craindre ce virus mortel». Le Directeur général de l’hôpital d’Ain-Taya, dans la wilaya d’Alger, a tenu les mêmes propos en déplorant «la contamination d’un nombre important du personnel médical». Il a affirmé qu’ «il y a un véritable problème de prise en charge des malades atteints du Covid-19 qui se présentent quotidiennement en grand nombre, alors que plusieurs employés du corps médical sont confinés suite à leur contamination». La même source a fait part«de la difficulté de palier ces absences». Sur sa lancée, il a affirmé «avoir saisi la Direction de la santé et de la population de la wilaya d’Alger», assurant que «le personnel médical qui est en place, ne baisse pas les bras et fait de son mieux pour relever le défi et faire face à cette situation critique». Le Directeur général de l’hôpital d’Ain Taya, en poste alors qu’il est contaminé, a ajouté «le personnel médical non atteint continue de mener une bataille sans merci contre cette pandémie». Car, explique t-il, «il s’agit de sauver des vies humaines». Le président de la Société de la médecine générale, le Dr Abdelkader Tafat, a, pour sa part, affirmé que «le secteur de la santé traverse une période difficile ». «Car le variant Omicron est très contagieux puisqu’une personne atteinte peut contaminer jusqu’à dix personnes», a-t-il expliqué, ajoutant que «les structures de santé publique sont submergées en raison du nombre impressionnant de malades, mais en parallèle les cabinets médicaux privés sont d’une aide précieuse». «D’autant plus qu’il s’agit de consultations externes », a-t-il souligné, déplorant que «plusieurs médecins se retrouvent atteints de Covid-19». «Moi-même j’en suis atteint et je continue de travailler à l’instar de mes collègues et confrères qui poursuivent, eux aussi, leur noble mission pour vaincre cette pandémie et porter aide et assistance aux patients », a-t-il fait savoir. Et d’ajouter que «plusieurs médecins atteints du coronavirus se sont retrouvés dans l’obligation de travailler, car il n’est pas possible de déserter les structures de santé d’autant plus que le variant Omicron n’est pas aussi virulent et meurtrier que le Delta». Le Dr Tafat a qualifié cela de situation «regrettable» en abordant la question liée au personnel non vacciné. Il a affirmé avoir « mené des campagnes de sensibilisation auprès des citoyens pour leur expliquer que la vaccination permet d’éviter les formes graves ou compliquées du Covid-19». Le Directeur général du CHU Mustapha-Pacha, le Pr Kamel Hayel, a affirmé que «le nombre de consultations a augmenté de 95%». «Le service qui accueillait en décembre dernier de 8 à 9 cas par jour, reçoit désormais une moyenne quotidienne de 17 à 20 cas, mais avec des formes bénignes», a-t-il expliqué. Evoquant le staff médical et paramédical, la même source a signalé qu’un «grand nombre d’employés présentent quotidiennement des arrêts de travail et que la totalité des services sont touchés par la pandémie». Les mêmes propos ont été tenus par le chef de service orthopédie à l’hôpital de Ben Aknoun, le Pr Mustapha Yakoubi. Ce dernier a indiqué que «près de la moitié du personnel est confinée après sa contamination», relevant qu’il «enregistre quotidiennement un à deux cas positifs». «Nous nous retrouvons, très souvent, dans la contrainte de changer la liste des gardes», a-t-il déploré, ce qui l’a obligé à arrêter le service de la chirurgie froide, faute de personnel». Le Pr Pr Mustapha Yakoubi interpelle les parents les invitant à «garder les enfants à la maison durant la période de la suspension des cours», soulignant que «les enfants sont des porteurs de virus et le transmettent facilement et rapidement». Aussi, il a plaidé pour plus de vigilance et de respect des gestes barrières, pour juguler la pandémie. «Car le personnel médical est épuisé après deux longues années de pandémie», a-t-il fini par dévoiler.
Salim Abdenour