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Spéculation et rétention de médicaments : Les importateurs au banc des accusés

Un nouveau cahier des charges est en préparation pour renforcer la régulation du marché du médicament et faire barrage à la spéculation dans ce segment stratégique. 

C’est ce qu’a annoncé hier le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed. Invité à s’exprimer sur les ondes de la chaîne 3 de la Radio nationale, le ministre a évoqué la problématique liée à la distribution du médicament, «d’où les mesures qui viennent d’être prises». Car, a-t-il ajouté «le médicament doit arriver au malade dans les 48 heures qui suivent les différentes étapes liées au contrôle et d’analyse de la qualité du médicament produit». Benbahmed fait état de plusieurs mesures prises dans le cadre de la mise à plat des phénomènes de la spéculation et de la rétention qui caractérisent le médicament et la tension relevée ces derniers mois sur ce marché. D’ailleurs, «une vingtaine de mises en demeure ont été notifiées à des distributeurs, en plus des fermetures qui ont été prononcées dans le cadre des sorties d’inspections menées par les brigades mixtes avec le ministère du Commerce», annonce-t-il. Le ministre a, d’un doigt accusateur, désigné «le lobby de l’importation qui «se retrouve aussi au niveau de la distribution” et qui a été  à l’origine de «cette tension des médicaments prescrits dans le protocole thérapeutique contre le Covid-19». En vue de concrétiser cette nouvelle politique, l’invité de la chaine 3 a fait part «d’un nouveau cahier des charges régissant la distribution des produits pharmaceutiques», lequel “ sera publié dans les jours à venir au journal officiel», a-t-il révélé. Il expliquera également que «ces nouveaux textes permettront de contrecarrer  tout acte de rétention ou spéculatif de la part des distributeurs en vue d’une vente concomitante». «Cette rétention est un procédé qui est totalement interdit», a-t-il réitéré.  Le ministre a, en ce sens, annoncé «la mise en place des brigades mixtes composées de représentants de l’agence nationale du médicament et de ceux du ministère du Commerce». «Elles ont été installées la semaine passée», a-t-il fait savoir avant d’ajouter qu’«à travers notre inspection générale, nous avons mis en place des inspections et des contrôles qui se font aussi bien au niveau des producteurs que chez les distributeurs». «Et aux producteurs d’augmenter au maximum la capacité de production et de ne pas retenir le produit », a-t-il plaidé. Benbahmed évoquera la question liée à la spéculation relevée ces derniers jours dans le secteur de la distribution. «Ce qui s’est passé est qu’il y avait de la rétention et de la spéculation», a affirmé Lotfi Benbahmed. Le premier responsable du département de l’Industrie pharmaceutique a, dans ce sillage, annoncé que «l’ensemble des distributeurs sera agréé de nouveau avant la fin du mois de février ». Il précisera que «ce travail se fait de concert avec les associations des distributeurs, des producteurs, les syndicats et les ordres des pharmaciens». Abordant la question relative aux stocks et une hypothetique “disette” pouvant frapper le secteur du médicament, en particulier celui prescrit dans le cadre de la lutte contre le covid 19,  Benbahmed a été rassurant en soutenant qu’il «ne peut pas y avoir de rupture car l’ensemble de ces produits sont fabriqués localement y compris les tests et l’oxygène». Sur sa lancée, il ajoutera que «le dispositif particulier de veille et de contrôle du programme d’importation et de production des produits pharmaceutiques mis en place pour assurer une disponibilité continue». Il a également souligné que «la conjoncture actuelle est exceptionnelle. Car il s’agit d’une période de pandémie». «On ne peut pas envisager la problématique liée à la consommation du produit pharmaceutique comme si nous étions en temps normal», a-t-il affirmé, Benabahmed expliquera aussi que «nous  vivons cette pandémie depuis deux ans » et que «pour pouvoir avoir ces médicaments en Algérie, nous avons dû anticiper et mettre en place des stocks de la matière première, des principes actifs et d’intrants». «La même chose pour le vaccin et pour l’oxygène, en mettant en place une coopération intersectorielle et reconstituer les stocks en lançant deux nouvelles unités de production». «Tout cela concourt à mettre en place un plan de lutte devant une situation exceptionnelle», a-t-il dit. L’intervenant évoquera les perspectives du secteur de l’industrie pharmaceutique pour l’année 2022 en déclarant qu’elles  sont “plus que prometteuses même en termes d’exportation”.  En ce sens, le ministre a annoncé «la tenue en mai prochain, à Dakar, d’une foire spécifique à l’industrie pharmaceutique algérienne et d’une autre, en cours de préparation, aux Emirats Arabes Unies». Il rappellera que «la facture d’importation des médicaments a baissé en 2021 de 800 millions de dollars comparativement à 2019, reculant de 2 à 1,2 milliards de dollars, tandis que la production nationale a évolué d’un milliard de dollars durant la même période». 

Salim Abdenour

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