Sucre, huile, semoule, pâtes alimentaires et dérivés de blé : Les exportations interdites
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a ordonné hier d’interdire l’exportation de tous les produits alimentaires stratégiques et leurs dérivés.
Dans un contexte de tensions sur le marché mondial des produits alimentaires de base, et sur fond de conflit en Europe, la constitution de stocks de guerre devient une question vitale pour l’Algérie. Ainsi, et après avoir consolidé ses stocks de blé et de matières premières, des mesures fortes sont prises en amont afin d’empêcher un usage mal avisé de ces matières premières importées. C’est ainsi que le président de la République a décidé hier d’interdire l’exportation de ces matières premières et de leurs dérivés, soit le sucre, l’huile, les pâtes alimentaires, la semoule ainsi que tous les dérivés de blé. Constituant l’alimentation de base de tous les ménages algériens, ces aliments devront donc être disponibles en quantités suffisantes sur le marché national et faire l’objet de stocks.
En effet, au cours du Conseil des ministres qu’il a présidé hier, Abdelmadjid Tebboune a pris des mesures destinées à stabiliser le marché des produits alimentaires. Ainsi et en sus de l’interdiction de l’exportation des produits alimentaires stratégiques, le président de la République a insisté sur la nécessité de mettre en place des incitations afin d’encourager les agriculteurs et céréaliculteurs de contribuer à consolider les stocks stratégiques de blé dur et tendre, ainsi que de légumes secs. Il s’agit notamment d’apporter un soutien aux agriculteurs en facilitant les prêts, en leur fournissant des engrais ainsi que d’autres avantages. Toutefois, cette démarche ne semble pas s’inscrire dans la seule conjoncture actuelle et devrait aboutir à des politiques de long terme devant garantir la stabilité du marché et éviter les pénuries cycliques qui ont particulièrement marqué le marché de l’huile de table. C’est dans ce contexte que le Président Tebboune a chargé le ministre de la Justice de préparer un projet de loi criminalisant l’exportation des biens et matières, non produits localement, considérant que cette activité porte atteinte à l’économie nationale. Il est utile de rappeler dans ce contexte qu’au cours d’un récent conseil des ministres, le chef de l’État a ordonné d’intensifier la lutte contre la contrebande de produits alimentaires et la spéculation afin de garantir la stabilité du marché des produits de base.
Par ailleurs, et dans le même contexte, le président de la République a réitéré hier l’interdiction totale et définitive de l’importation de viande congelée appelant à encourager la consommation de viande produite localement.
Investissement : orienter les niches fiscales
Notons par ailleurs que le dossier de l’investissement a concentré le plus gros des débats au cours de ce Conseil des ministres. Au-delà de la présentation hebdomadaire du Médiateur de la République en ce qui concerne la levée des contraintes sur les projets à l’arrêt, la réunion a été consacrée à l’examen du nouveau code des investissements. Un texte qui a d’ailleurs été renvoyé pour enrichissement afin de prendre en considération certains impératifs. C’est ainsi que le président de la République a insisté sur la nécessité de consacrer le principe de la liberté d’investissement et d’initiative. Il a également rappelé la nécessité de garantir la stabilité du cadre législatif de l’investissement pour une période d’au moins dix ans. Il s’agit aussi de l’impératif de simplifier les procédures et réduire le champ d’appréciation de l’administration dans le domaine du traitement des dossiers d’investissement, notamment pour ceux qui dépendent de l’autofinancement et renforcer les pouvoirs du Guichet Unique dans le traitement des dossiers d’investissement dans des délais précis. Aussi, il a insisté sur la nécessité d’adopter une nouvelle approche en ce qui concerne les incitations et les avantages fiscaux qui ne seront désormais dédiés qu’à soutenir les investissements dans certains secteurs ou régions objet d’une attention particulière de l’État. Il s’agit enfin d’adopter une approche pragmatique dans le traitement des investissements directs étrangers qui tiennent compte de l’attraction d’investissements garantissant le transfert de technologie et la création d’emplois.
Il est utile de préciser qu’au titre du bilan hebdomadaire des projets d’investissement débloqués à la faveur de la levée des contraintes administratives, 109 dossiers supplémentaires ont abouti, tandis que 66 autres sont entrés en exploitation. Ainsi et selon le bilan global depuis le lancement de l’opération 491 projets d’investissements sont entrés en service ce qui permet la création de 30.133 emplois directs avec une projection de création 48.553 emplois réels prochainement. Dans ce sens, le Président de la République a rappelé la nécessité de tirer les leçons des méthodes bureaucratiques qui ont empêché la matérialisation des projets d’investissements et de continuer à les combattre en remédiant à toutes les lacunes
À propos du projet d’amendement à la loi sur les procédures civiles et administratives, le Président Tebboune a ordonné que le texte comprenne une clause qui limite le règlement des litiges commerciaux devant les seuls tribunaux de commerce.
Notons enfin que le chef de l’État a ordonné hier la restructuration de la Compagnie nationale algérienne de navigation (Cnan) en fusionnant et réunifiant toutes ses filiales, considérant que le pavillon national est un symbole de la souveraineté nationale. Il a également insisté sur la nécessité de renforcer la flotte maritime nationale en acquérant de nouveaux navires pour le fret.
Samira Ghrib