L’Opep+ affiche un front uni : Garantir la stabilité du marché pétrolier
Les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés non-Opep devraient se réunir jeudi pour faire le point sur la situation du marché et décider d’une nouvelle augmentation de la production de pétrole. Et comme à chaque fois depuis le début du conflit en Ukraine et la flambée des prix du brut dans le sillage des tensions géopolitiques, les pays consommateurs occidentaux ne manquent pas une occasion pour appeler l’Opep notamment à augmenter sa production. Une question que l’Opep a, à plusieurs reprises, évacué en soulignant d’abord que la flambée actuelle des cours est poussée par des facteurs géopolitiques et non par les fondamentaux du marché, soit l’offre et la demande. Il y a aussi les capacités en place des producteurs qui atteignent déjà leurs limites. Situation qui laisse entrevoir un maintien de la politique d’augmentation progressive de la production de 400.000 barils/jour chaque mois et qui a fait consensus entre l’ensemble des pays signataires de la déclaration de coopération au mois de juillet dernier. Ceci d’autant que l’Opep et ses alliés ont affiché leurs priorités. Il s’agit en premier lieu de veiller à la stabilité des marchés et de ne pas laisser les facteurs politiques miner cette alliance sur laquelle est assise cette stabilité. Une question qui a été clairement soulignée lundi par le ministre émirati de l’Énergie, Suhail al-Mazrouei.
Un point de vue qui a été également clairement affiché par le ministre saoudien de l’Energie, Abdulaziz ben Salmane qui a indiqué hier que les prix du pétrole seraient plus volatiles si l’Opep+ n’existait pas. « Si l’OPEP+ n’existait pas, nous ne pourrions pas avoir de stabilité sur le marché de l’énergie (…), la volatilité des prix serait encore pire », a déclaré le prince Abdulaziz ben Salmane lors du Sommet mondial des gouvernements à Dubaï, un forum sur la gouvernance mondiale.
Le ministre saoudien a défendu la « culture » apolitique de l’OPEP. « Lorsqu’on entre dans la salle de réunion ou dans le bâtiment de l’OPEP, on laisse nos opinions politiques à la porte », a-t-il déclaré. Le prince a par ailleurs averti que les attaques répétées des rebelles yéménites contre les installations pétrolières du royaume, dont la dernière remonte à vendredi, « remettaient en question notre capacité à répondre aux besoins énergétiques mondiaux ». Pour sa part, le ministre de l’Energie des Emirats arabes unis, Suhail al-Mazrouei, a appelé les pays occidentaux à lui faire « confiance », plutôt que de lui dire de « faire ceci ou cela ». « Nous avons besoin qu’ils comprennent que ce que nous faisons est dans l’intérêt des consommateurs », a-t-il ajouté, en soulignant que le départ d’un pays membre de l’alliance, à savoir la Russie, deuxième exportateur mondial, déstabiliserait le marché. Notons que les cours du brut reculaient hier sur les marchés dans le sillage des progrès annoncés dans les négociations entre la Russie et l’Ukraine et du confinement en Chine qui pèse sur la demande.
Vers 13H00 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord, la référence européenne, pour livraison en mai, cédait 5,53% à 106,26 dollars. Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison le même mois perdait quant à lui 5,52% à 100,11 dollars après être brièvement retombé sous ce seuil symbolique. De son côté, le cours du baril de pétrole algérien a reculé très légèrement dans les échanges lundi mais reste élevé puisqu’elle se maintient au-dessus des 116 dollars.
Chokri Hafed