Visite du Secrétaire d’État américain à Alger : Des enjeux stratégiques clarifiés
Le Secrétaire d’État américain, Antony J. Blinken, était hier à Alger dans le cadre d’une tournée régionale axée sur les questions « de sécurité régionale ». Une tournée qui ne pouvait se faire sans une escale à Alger, qui s’impose comme la puissance régionale majeure au Maghreb. L’occasion aussi de clarifier la position des États-Unis sur certains dossiers, notamment celui du Sahara occidental, et sur lequel le Secrétaire d’État US a réaffirmé le soutien américain à un règlement onusien du conflit.
Cette visite a d’ailleurs permis au Secrétaire d’État US d’avoir des entretiens avec le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, avant d’être reçu par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Une audience qui aura permis de passer en revue divers domaines de coopération, mais aussi d’évoquer des questions stratégiques, telle que celles liées à la sécurité régionale et le contexte international actuel marqué par le conflit en Ukraine. Une visite qui a permis d’avoir des débats enrichissants, selon Antony Blinken qui a animé une conférence de presse au siège de l’ambassade des États-Unis à Alger à l’issue des entretiens avec les hautes autorités algériennes. Le Secrétaire d’État américain a d’ailleurs tenu à souligner que sa visite en Algérie s’est imposée vu le poids des États-Unis sur la scène internationale et le poids de l’Algérie sur le plan régional. Deux pays qui entretiennent des relations historiques fortes, « une bonne base qu’il nous appartient d’enrichir pour développer notre coopération », a ainsi affirmé Blinken. Une coopération qui devra monter d’un cran sur le plan économique. Et les domaines où un renforcement du partenariat sera privilégié sont fixés. Il est vrai que lors de l’audience accordée par le président de la République au secrétaire d’État US, les ministres de l’Énergie, de l’Agriculture et de l’Environnement avaient été conviés à prendre part aux entretiens. D’ailleurs Blinken a souligné qu’en sus des domaines de coopération explorés entre l’Algérie et les États-Unis et notamment dans l’Enseignement supérieur, les deux pays aspirent à un partenariat renforcé dans les domaines de l’Énergie, de l’Agriculture, de l’économie circulaire, mais aussi l’IT. Il a ainsi souligné que la prochaine participation des USA à la FIA en tant qu’invités d’honneur sera une opportunité pour stimuler plus d’investissements directs US en Algérie. C’est dire la volonté de Washington de saisir les opportunités offertes par le marché algérien et où les investissements US sont restés jusque-là à la marge.
Il n’en demeure pas moins aussi que l’intérêt américain demeure motivé par des facteurs stratégiques, au regard du poids géostratégique de l’Algérie et de son rôle dans la promotion de la paix et de la sécurité ainsi que dans la lutte contre le terrorisme dans la région notamment du Sahel. Des facteurs qu’Antony Blinken a tenu à souligner hier. Il a ainsi exprimé cette volonté de consolider le partenariat dans les domaines de la lutte antiterroristes, la sécurité, mais aussi la défense. Il a à ce titre souligné le rôle de l’Algérie dans les processus de règlement des conflits régionaux, notamment en Libye et a indiqué avoir eu des échanges constructifs avec le Président Tebboune sur le règlement de la crise libyenne dans le cadre d’un processus politique démocratique. Le secrétaire d’État US a également mis en avant le rôle de l’Algérie au Sahel, mais aussi valorisé son approche en soulignant la convergence des vues entre Alger et Washington sur le fait que la réponse à l’instabilité ne passe pas par la seule solution militaire, mais aussi par le fait « de créer des opportunités et de l’espoir pour les populations de la région ».
Bref, les deux pays comptent faire prospérer leur coopération. Tout le reste semble relever du subsidiaire y compris le conflit avec le voisin de l’Ouest. D’ailleurs et en dépit des turpitudes du Makhzen ni sans mot dire sur les prétentions marocaines sur le Sahara occidental, Blinken s’aligne sur la vision de l’Algérie et préfère la solution Onusienne et la voie diplomatique. « Il n’y aucun changement en ce qui concerne notre position sur le Sahara occidental », a-t-il affirmé. « Nous appuyons fermement les efforts de Staffan de Mistura, l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental. Nous sommes pleinement engagés sur le plan diplomatique, en soutien à l’ONU et avec nos partenaires internationaux, pour renforcer un processus politique crédible menant à une résolution durable et digne », souligne le Secrétaire d’Etat US, Antony J. Blinken. Celui-ci a d’ailleurs saisi l’occasion de cette rencontre avec la presse pour défendre « les causes de principes » afin de plaider la position américaine dans le conflit en Ukraine au cours de sa visite dans une Algérie acquise aux principes du non-alignement.
Azzedine Belferag