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La hausse des prix des vêtements grève le pouvoir d’achat des familles : Entre l’import et l’inflation 

Les Algériens préparent activement la célébration de l’Aïd El-Fitr, fête qui couronne un mois de jeûne, d’adoration de Dieu et de piété. Et comme à l’accoutumée l’achat des vêtements de l’Aïd, dont vont se parer les enfants, le jour « J », pour marquer la célébration est un rituel incontournable. 

Un rituel qui se déroule cette année dans contexte particulier, marquée par la levée des restrictions imposées lors de la pandémie de covid-19 et qui a permis une certaine détente sur le marché. Une détente, toutefois, ternie par la hausse vertigineuse des prix des vêtements et chaussures. 
Une situation qui suscite l’interrogation. S’il est vrai que l’effet de l’inflation mondiale est là, les associations des consommateurs et les professionnels du secteur qui estiment que le gel des droits additionnels provisoire de sauvegarde sur les articles importés, ainsi que la levée des restrictions sur les commerces auraient dû se traduire par une relative baisse des prix par rapport au début de l’année. Or, c’est le contraire qui se produit. Et comme chaque année, les prix des articles d’habillements, notamment pour enfants, flambent et atteignent des niveaux inédits, notamment durant la deuxième quinzaine du Ramadhan, période réputée propice pour les achats de l’Aïd. S’il est vrai que certaines familles ont joué l’anticipation et se sont assurées d’acquérir les parures de leurs enfants avant le début du mois de Ramadhan, force est de constater que la hausse des prix se faisait déjà sentir à ce moment-là.  Une inflation ouvertement décriée par les père et mères de familles interrogées dans les magasins et dans les marchés.

De leur côté, les commerçants ne semblent pas tendre vers l’optimisme car les prix dissuadent les acheteurs. Selon certains commerçants, la levée des restrictions apporte en effet une amélioration dans les ventes mais la tendance ne décolle pas encore à cause des prix élevés. Après deux années d’absence d’activité dont la pire était l’année 2020, expliquent-ils, la reprise n’est pas encore au rendez-vous. La levée des restrictions du au Covid 19 et la levée des mesures d’interdiction d’importation DAPS (Droit additionnel provisoire de sauvegarde) ne semble non plus pas apporter la reprise tant attendue. Pour beaucoup de commerçants, la levée de ces mesures n’a pas d’effet car les prix à l’international connaissent la même hausse.

Booster la production locale

Le fait est que cette envolée semble être alimentée par l’inflation galopante sur les marchés mondiaux, d’autant que le marché national des cuirs et textiles est dominé par les produits importés.  Dans ce contexte, le président de l’Association algérienne de protection et d’orientation du consommateur et son environnement (APOCE), Mustapha Zebdi a incombé cette situation à la faiblesse de l’industrie textile nationale. « On n’est pas producteurs, donc on subit les hausses » nous confie-t-il. Il souligne ainsi la nécessité pour l’État de « booster l’industrie textile nationale ». L’APOCE, selon M. Zebdi a estimé à « 20% » la hausse des prix constatée actuellement sur le marché des vêtements et de l’habillement. Le créneau, ajoute-t-il, « obéit à la loi du marché et la solution ne peut être que le développement de la production nationale via des mesures visant le développement du secteur du textile algérien ». Pour sa part, le président de la Fédération algérienne des consommateurs a plaidé, samedi lors d’une conférence de presse, d’augmenter la production nationale et de lui permettre ainsi avec 60% de la production nationale permettra d’éviter les effets des crises sur les prix au niveau national et faire face à la demande.

Le marché connaît un engouement en ces jours qui précèdent l’Aïd El Fitr mais d’aucun aura remarqué que la demande n’est pas aussi forte que les années qui ont précédé la pandémie du Covid 19. Après la crise engendrée par le Covid 19, la crise en Ukraine est venue accentuer la tendance haussière des prix à l’international. Une tendance qui a   fortement impacté le pouvoir d’achat des citoyens en Algérie et à travers le monde. Une situation qui a contraint les ménages à rationnaliser davantage leurs dépenses. Or, face à la flambée des prix des articles d’habillement impose des budgets importants. Selon, les pères de famille, il faut mobiliser un budget allant de 5.000 à 10.000 DA pour chaque. Une mission qui n’est pas une sinécure pour les parents, d’autant que l’Aïd El-Fitr est la fête des enfants par excellence et le dernier mot leur revient. Pour les ménages aux revenus plus modestes, il devient évident qu’il faut passer au plan B, soit de recourir un la vente de vêtements des stocks, au kilo, le passage par la friperie ou dans le meilleur des cas chercher son bonheur sur les sites de vente en ligne qui proposent des produits moins chers et qui multiplient les offres promotionnelles. Un mode de vente qui reste un peu timide en Algérie, mais qui gagne en succès au fil des ans.

Kamel Nait Ameur

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