Production d’Orge et blé dur : L’Algérie dispose d’importantes potentialités
L’Algérie possède d’importantes potentialités lui permettant d’accroître encore plus sa production en orge et en blé dur, réaliser des excédents et passer ainsi de l’importation à l’exportation des excédents, en plus de l’atout lui permettant d’assurer l’équilibre de sa balance céréalière.
C’est ce qu’ont affirmé des experts du secteur agricole lors des journées d’études sur la sécurité alimentaire, organisées par l’Institut national d’études de stratégie globale, INESG. «Même si elle dépend des conditions climatiques, la production du blé dur et d’orge pourrait augmenter d’une manière conséquente, ce qui permettrait au pays de dégager des excédents pour les échanger contre le blé tendre et équilibrer, ainsi, sa balance céréalière », ont-ils expliqué. Le Secrétaire général, chargé de l’intérim du DG de l’Office algérien interprofessionnel de céréales (OAIC), Nacerddine Messaoudi, a ainsi affirmé que «la priorité, pour le moment, c’est d’atteindre une autosuffisance totale en blé dur et en orge, et d’augmenter la production actuelle de blé tendre». «Nous devons développer encore nos capacités pour produire un surplus en orge et en blé dur pour l’exportation par la suite ». Rappelant que la production céréalière est «fortement» tributaire de la pluviométrie, le représentant de l’OAIC a souligné que «la réalisation de cet objectif nécessite une volonté de la part des agriculteurs et un appui soutenu des pouvoirs publics ». Il s’agit, selon la même source, «des appuis technologiques et l’irrigation d’appoint». «La superficie consacrée à la céréaliculture s’élève à 1,2 millions d’hectares avec une pluviométrie avoisinant les 400 mm par an », a-t-il fait savoir, déplorant que «cette quantité d’eau n’est pas répartie de façon équilibrée à travers le territoire national d’où le recours systématique à l’irrigation d’appoint dans les régions qui souffrent de stress hydrique». Le reste des intervenants ont mis l’accent sur «la nécessité de modifier les habitudes alimentaires des consommateurs, en les invitant à la réduction de leur consommation du pain blanc». Chargée du programme de la sécurité sanitaire des aliments auprès du ministère de la Santé, Malika Djoudad, a tiré l’alarme sur les conséquences de la mauvaise hygiène alimentaire en Algérie. En plus de l’impact financier sur le budget de l’Etat, la consommation du sucre et de la farine blanche sont à l’origine des maladies non transmissibles (MNT) », a-t-elle expliqué, citant «les maladies liées au diabète, l’hypertension, les maladies cardiovasculaires et les cancers ». Elle a précisé que «les maladies non transmissibles sont à l’origine de 57% des décès en Algérie, parmi lesquels 66% sont âgés entre 30 ans et 69ans». Pour freiner ce problème de santé publique, la même responsable a mis l’accent sur «l’impératif de renforcer le dispositif d’évaluation des risques liés à la mauvaise alimentation, ainsi que le renforcement des services d’inspection et de contrôle».
Protéger le patrimoine génétique
Une préoccupation qui amène d’ailleurs au débat sur la protection de notre patrimoine génétique. Dans ce contexte, le Pr Mourad Belkhelfa a insisté sur l’urgence de l’élaboration et de la mise en place d’un cadre juridique pour protéger et préserver ce patrimoine riche et diversifié. Evoquant le projet de la banque de gènes proposé par le ministère de l’Agriculture et du développement rural, il a recommandé la création d’un comité intersectoriel pour prendre en charge la création de cette banque. Selon lui, la concrétisation de ce projet nécessite d’abord le recensement du patrimoine génétique existant à travers tout le territoire national Il a ensuite recommandé la valorisation de ses ressources par un centre de recherche et de développement qui devrait avoir la charge d’améliorer ces espèces génétiques et d’enregistrer leurs séquences génétiques à l’international afin de les protéger contre le bio-piratage Dans ce même contexte, il a insisté sur la nécessité pour l’Algérie de créer une banque spécifique pour les semences, et d’enregistrer ses graines au niveau de la banque de semence du Svalbard (Norvège).
Par ailleurs, les intervenants ont mis en avant le rôle de la recherche scientifique dans le développement des projets qui ont directement un impact sur la sécurité alimentaire et le bien être de la population. En 2021, pas moins de 50 projets ont été retenus dans le cadre du programme national de la recherche, dont 35 projet agricoles, 11 projet dans le domaine des ressources en eau et 5 dans le domaine de la pêche et des ressources halieutiques, a fait savoir Kamila Aït Yahia, directrice centrale de la programmation de la recherche, de l’évaluation et de la prospective au ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique. « Pour réaliser leurs projets, les chercheurs ont besoin d’avoir un partenaire économique pour assurer le côté financier », a expliqué Mme Aït Yahia, en admettant que les scientifiques ont souvent du mal à avoir la confiance des partenaires sociaux économiques. En revanche, elle a fait constater que c’est souvent les gens des régions du Sud du pays qui réussissent a faire valider leurs projets du fait de leur « pertinence et leur impact direct sur le développement local ». « En effet, sur les 50 projets, 6 ont été attribués au Centre de recherche des régions arides de Biskra », a-t-elle argué.
Amar Malki