Appel à la grève générale pour cause de hausse des prix : Les tensions s’exacerbent au Maroc
La Confédération générale du travail (CGT), l’Organisation démocratique du travail (ODT) et la Fédération des syndicats démocratiques (FSD) ont appelé à une grève générale dans le secteur public, hier.
L’objectif de cette grève, selon les trois syndicats, est de protester contre la hausse des prix et de «commémorer l’anniversaire du mouvement du 20 juin 1981», également connu sous le nom des «émeutes du pain». Dans un communiqué conjoint, les trois organisations expliquent que cette action a été décidée «contre la hausse des prix et la cherté de la vie» et «pour l’augmentation des salaires et des retraites», à la lumière notamment de la flambée récente des prix des carburants et des matières premières. Par ailleurs, les syndicats mettent en garde le gouvernement dont la politique «anéantit les acquis de la classe ouvrière et son droit à un niveau de vie décent», en tenant l’exécutif pour responsable de «l’atteinte à la stabilité sociale». Plusieurs secteurs seront paralysés comme les transports, les collectivités locales et la fonction publique.
Il faut dire que les tensions politiques et sociales s’accentuent au Maroc où plusieurs grèves sont observées dans divers secteurs d’activité, au moment où les prix des produits de première nécessité ont augmenté et où les manifestations contre la normalisation avec l’entité sioniste se poursuivent sur fond de critiques contre le régime du Makhzen, pointé du doigt pour son incapacité à répondre aux préoccupations des citoyens. De l’avis de plusieurs politiciens marocains, le Makhzen a poussé le champ politique à la décadence. Dans ce contexte, le parti politique la Voie démocratique (Al-Nahdj Edimocrati) a, dans une conférence, souligné que « les niveaux de décadence du champ politique (au Maroc) ont atteint le niveau le plus bas » citant entres autres, l’exemple des élections législatives, régionales et locales organisées le 21 septembre 2021. A travers ces résultats, a poursuivi le parti politique, « le régime du Makhzen a étouffé ‘le Mouvement du 20 février’, humilié le Parti de la justice et du développement (PJD), et installé ses partis administratifs fidèles à sa politique libérale, au sein de la coalition gouvernementale ». Le secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS), Nabil ben Abdallah, a abondé dans le même sens en soulignant que les récentes élections législatives « ont connu des dérives en matière de démocratie représentative », notant ainsi l’absence d’une « vision gouvernementale intégrée ». Sur le plan social, le pays vit, au quotidien, au rythme des protestations contre la détérioration des conditions de vie et la hausse exorbitante des prix, qu’il s’agisse de produits de première consommation ou de carburants. Dans ce contexte, le Parti La Voie démocratique a indiqué que cette situation « met les citoyens en confrontation directe avec des intermédiaires et des spéculateurs avides, ce qui porte un sérieux coup au pouvoir d’achat de la majorité de la population ». Le PPS a quant à lui appelé le gouvernement à ne pas utiliser le prétexte de la situation et du contexte internationale difficiles, comme l’a fait récemment le Premier ministre devant le Parlement lorsqu’il a déclaré que le gouvernement ne pouvait pas tout faire face à des prix élevés, estimant que « c’est une position irresponsable qui ne peut qu’être dénoncée car nous avons besoin d’un gouvernement capable d’assumer son rôle ».
En plus des tensions sociales, le Maroc est confronté à la restriction des libertés des partis politiques par le régime qui leur interdit l’exercice normal de leurs activités, en plus de la violation des droits dans divers secteurs tels que l’éducation, les médias ou encore les droits de l’Homme. Ainsi, de nombreuses voix dans le Royaume continuent de s’élever contre la fabrication d’accusations et l’emprisonnement de journalistes et blogueurs « qui dérangent » le Makhzen, dont Souleimane Raissouni et Omar Radi, en plus des détenus du « Mouvement du Rif ». De plus, le régime du Makhzen continue d’ignorer les revendications du peuple marocain qui rejette la normalisation avec l’entité sioniste. Pire encore, il continue de mettre en œuvre les accords conclus entre les deux parties dans divers domaines, malgré toutes les condamnations et protestations qui émanent de la rue marocaine.
Dans ce contexte, la société civile marocaine s’est indignée du lancement d’un groupe d’amitié parlementaire Maroc-Entité sioniste, qualifiant cette nouvelle démarche de normalisation du régime du Makhzen de « scandaleuse et criminelle » qui « trahit » la cause palestinienne. Dans un communiqué, l’Observatoire marocain contre la normalisation a qualifié la démarche du Parlement marocain « de crime contre la volonté populaire et de politique qui démontre la dislocation de l’Etat et de ses institutions ».
Pour sa part, le Front marocain de soutien à la Palestine et anti-normalisation (section de la ville d’Agadir) a dénoncé vivement la démarche honteuse du Parlement, la qualifiant de tentative désespérée et vaine. Il a saisi aussi l’occasion pour fustiger les nombreuses festivités de normalisation programmées à Souss Al-Alima et dans d’autres régions du pays. « Ces festivités ne réussiront jamais à faire adhérer les braves habitants de ces régions à leur projet de normalisation. Ces régions resteront toujours fidèles à leurs principes et à la juste cause palestinienne », a écrit la section d’Agadir dans un communiqué.
R.I. avec agences