Le Gazoduc doit relier directement l’Algérie à l’Italie : Vers la réactivation du Galsi ?
L’Algérie compte multiplier les investissements afin d’augmenter ses capacités de productions d’hydrocarbures, notamment en gaz, mais aussi consolider ses positions sur le marché européen du gaz. Le ministre de l’Énergie et des Mines a indiqué, dans un entretien au quotidien allemand Der Spiegel, que l’Algérie prévoit des investissements de 39 milliards de dollars et compte sur la réalisation de plusieurs gazoducs pour augmenter les livraisons de gaz à l’Europe, notamment le gazoduc transsaharien, mais aussi Galsi, dont la réalisation pourrait être réactivée après avoir été mise en veille par le passé.
L’Algérie a les capacités d’augmenter ses approvisionnements en gaz vers l’Europe, qui a toujours été son marché traditionnel, a assuré au cours de l’entretien paru dimanche, Mohamed Arkab. Il souligne à cet effet que l’Algérie dispose de réserves importantes dont la moitié reste inexploitées, et qui constituent un potentiel sur lequel il est nécessaire d’investir. « Nous avons intérêt à étendre nos activités avec l’Europe et pouvons augmenter considérablement la production de gaz naturel en peu de temps. Environ la moitié de nos réserves de gaz n’a pas encore été exploitées », a-t-il affirmé. Aussi, le ministre souligne que si l’Algérie est disposée à étendre ses livraisons à l’Europe, il estime que cela doit se faire dans le cadre d’une démarche de partenariat gagnant-gagnant, qui dépasse le simple cadre commercial pour s’étendre à l’investissement dans l’amont hydrocarbures, mais aussi les Énergies renouvelables, notamment l’Hydrogène vert, mettant en avant le partenariat entre Sonatrach et l’Italien Eni comme exemple. « Si l’Allemagne veut nous acheter du gaz, alors ouvrez de nouveaux gisements avec nous, comme l’ont fait les Italiens du groupe ENI », a répondu Arkab à une question à ce propos. Et d’ajouter : «Nous avons un programme ambitieux de 39 milliards de dollars pour accroître la production dans le secteur pétrolier et gazier d’ici 2026. Sonatrach lèvera la majorité des fonds et nous recherchons des partenaires pour le reste. Nous espérons que les Européens ne changeront pas de cap et ne nous laisseront pas seuls avec les investissements » a expliqué le ministre qui a souligné que « pendant longtemps, l’Europe a défendu la protection de l’environnement et n’a fait aucune distinction entre le pétrole et le gaz. En conséquence, aucun investissement n’a été réalisé ».
Le ministre de l’Énergie et des Mines a également indiqué que l’Algérie entend « investir les revenus de la vente de gaz dans la transition énergétique, qui est notre priorité. » Il souligne cependant que « nous avons besoin de partenaires, de préférence l’Allemagne. Nous avons construit le premier système photovoltaïque avec une participation allemande dans le sud de l’Algérie. Et nous aimerions travailler avec l’Allemagne sur la production d’hydrogène vert ». « Nous pouvons devenir un partenaire dans les énergies renouvelables. L’Algérie a 3000 heures d’ensoleillement par an et nous avons l’espace nécessaire pour le photovoltaïque. Avec des lignes électriques sous-marines traversant la mer Méditerranée, nous pourrions fournir à l’Europe une énergie propre et renouvelable », a-t-il assuré.
L’Algérie est un fournisseur fiable
Interrogé sur les récentes tensions diplomatiques avec l’Espagne, le ministre de l’Énergie et des Mines a rappelé que cette question n’a aucun impact sur les livraisons de gaz à l’Europe. « Nous avons prolongé les contrats avec l’Espagne et il n’y a eu aucun problème. L’Algérie honore ses obligations contractuelles et les honorera toujours. Nous avons toujours été un fournisseur fiable pour l’Europe », a-t-il réaffirmé.
Il a également assuré que l’Algérie dispose de toutes les capacités de transports pour assurer l’approvisionnement de l’Europe en gaz. Ainsi et au-delà de ses deux gazoducs Medgaz reliant l’Algérie à l’Espagne et le gazoduc Enrico Mattei reliant l’Algérie à l’Italie via la Tunisie, Mohamed Arkab met en avant les capacités d’exportation en GNL. Il a également évoqué la possibilité de réactiver le projet de réalisation d’un second gazoduc devant relier l’Algérie à l’Italie via la Sardaigne, le Galsi. Un Gazoduc d’une longueur de moins de 300 km, qui a avait été mis en berne durant les années 2000 au regard du peu d’intérêt des Européens d’augmenter leurs approvisionnements en gaz algérien.
Un projet qui retrouve tout son intérêt au regard de la conjoncture actuelle et de la volonté affiché par les Européens de diversifier leurs approvisionnements gaziers, mais aussi de la perspective de la réalisation à moyen du Gazoduc transsaharien devant acheminer le gaz nigérian vers le bassin méditerranéen via l’Algérie, en sus de la perspective ouverte par l’exportation d’hydrogène vert à long terme.
Dans ce contexte le ministre de l’Énergie et des Mines a rappelé que l’Algérie travaille avec ses partenaires que le gazoduc transsaharien de 4 000 kilomètres reliant le Nigéria à l’Algérie via le Niger. « De nombreuses infrastructures ont déjà été créées en Algérie. Le gazoduc peut être achevé en trois ans et nous pouvons transporter 20 à 30 milliards de mètres cubes de gaz depuis le Nigeria », a-t-il indiqué. Interrogé sur le projet de gazoduc marocain, le ministre de l’Énergie et des Mines a indiqué : « Notre pipeline est plus sûr et il est économiquement viable. L’autre pipetraverserait 12 pays sur 6 000 kilomètres et une partie traverserait l’Atlantique. C’est infiniment plus compliqué. Et le financement n’est pas clair non plus. L’Algérie, en revanche, a les moyens et est disposée à financer une grande partie du gazoduc transsaharien ».
Samira Ghrib