La réalisation de la station de dessalement d’eau de mer d’El-Tarf lancée : Garantir la sécurité hydrique
Relevant d’un programme de cinq stations de dessalement d’eau de mer, à réaliser le long du littoral algérien, le projet de nouvelle unité dans la wilaya d’El Tarf est sur la voie de la concrétisation.
D’une capacité de production de 300.000 m3/j, dont 80% seront destinés à l’alimentation de la wilaya d’Annaba, le projet de réalisation d’une station de dessalement d’eau de mer dans la wilaya d’El Tarf, commence à prendre forme. Une superficie de 11 hectares a été réservée à Koudiet Eddraouch, dans la commune de Berrihane, pour accueillir cet investissement d’envergure. Notons que, les autorités locales d’El Tarf ont levé toutes les contraintes administratives et régularisé la situation juridique du terrain à Koudiet Eddraouche, après l’abandon du premier site initialement prévu sur la plage Essabi dans la commune d’El Chatt. Ainsi, le projet sera réalisé à proximité du site de la centrale électrique d’Eddraouche. Celle-ci qui, avec la mise en service de la station de dessalement d’eau de mer et le gaz augmentera son rendement à hauteur de 30% pour atteindre, sa capacité nominale de production de 1 200 MW’’. Pour ainsi dire qu’en matière d’alimentation énergétique, le projet de la station de dessalement ne pose aucune contrainte. Pour un investissement financier de 300 millions de dollars, les travaux de ce projet d’envergure ont été lancés en juin courant, pour un délai de réalisation de deux ans et quatre mois. Durant ces 28 mois de réalisation, l’ensemble des intervenants dans ce projet sont appelés à se conformer aux nouvelles normes dans l’exécution de leurs tâches et à déployer des efforts pour hâter l’opération de réalisation de cet important projet, appelé à fournir une eau potable de haute qualité. Au-delà cet investissement va contribuer à l’amélioration des conditions de vie des populations de la wilaya en générant plus de 1.000 emplois directs et indirects, en plus de son impact socio-économique pour cette wilaya côtière.
Le recours aux compétences nationales
Soulignons que pour la réalisation de cet important projet, la priorité a été accordée aux compétences algériennes et aux sociétés nationales, à l’instar de « SARPI »(Société Algérienne de Réalisation des projets Industriels), une filiale de Sonatrach. Car, au final, l’Algérie dispose de grandes compétences d’engineering capables de relever d’aussi importants défis de réalisation et de gestion, loin de l’assistance étrangère. Au-delà de la mise en valeur des compétences algériennes, les pouvoirs publics visent, à travers ce projet de faire face au déficit en eau et à assurer la sécurité hydrique dans cinq wilayas de l’Est, à savoir : El Tarf, Guelma, Souk Ahras, Skikda et Annaba. Pour cette dernière, une canalisation d’un diamètre de 1,5 km sur un linéaire de 46 km,pour acheminer l’eau vers les différents réservoirs des wilayas d’El Tarf et Annaba, est en cours de réalisation. Il est également programmé la réalisation de deux réservoirs d’une capacité de 20.000 m3 chacun au niveau de la station de traitement d’Annaba. L’entrée en service de la station de dessalement d’El Tarf va atténuer la pression due à la demande de plus en plus accrue des populations, notamment au niveau de la nouvelle ville de Draa Errich et les nouveaux pôles urbains dans la wilaya d’Annaba. En attendant l’aboutissement dans les délais de ce projet, qui s’inscrit dans le cadre du programme d’urgence du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, portant la réalisation de cinq stations de dessalement d’eau de mer dans le pays, il est utile de souligner que l’Algérie est l’un des pays pilotes en matière de dessalement d’eau de mer dans le monde.
Faire face aux changements climatiques
L’orientation vers le dessalement de l’eau de mer n’est pas fortuite. Elle est issue d’une conviction extrême de la nécessité de trouver des solutions aux problèmes induits par le changement climatique aux effets irréversibles à l’échelle mondiale, desquels l’Algérie n’est pas à l’abri. Elle sera confrontée, à l’instar des pays du monde, à une accentuation des événements climatiques extrêmes marqués par la modification du régime pluviométrique et un déplacement des saisons. Cette variabilité climatique est caractérisée par des effets négatifs, dont entre autres : les sécheresses et les feux de forêts. Des effets qui se font déjà sentir en Algérie par l’augmentation des températures extrêmes de l’air qui intensifie l’apparition d’événements extrêmes et les conditions de stress thermique et hydrique. Ce dernier notamment avec l’évaporation des surfaces d’eau, les barrages entre autres, dont les niveaux demeurent en dessous de la moyenne, impose la mobilisation de nouvelles ressources hydriques. Les faits des conséquences relatives au futur changement climatique devraient être prises en compte dans toutes les stratégies de développement, notamment pour l’Algérie caractérisée déjà par un climat aride à semi-aride où de nombreux risques peuvent surgir et les phénomènes extrêmes sont prévus d’être plus intenses et plus récurrents. Le signal du changement climatique est maintenant apparu en Algérie, avec les pluies soudaines de forte intensité, ainsi que l’amplification de l’intensité, de la durée et de la fréquence des phénomènes de chaleur extrême enregistrés dans plusieurs villes du pays. Ces impacts conséquents omniprésents n’ont pas laissé indifférents pour autant les pouvoirs publics. L’Algérie a jugé nécessaire de prendre les mesures adéquates pour non seulement réduire les effets négatifs du changement climatique mais également de développer des stratégies pour y faire face. En effet, l’Algérie s’oriente progressivement vers l’énergie propre et verte, mais surtout à la recherche de solutions concrètes et durables pour faire face au stress hydrique, à travers le recours au dessalement de l’eau de mer. En ce sens, il est utile de souligner que, l’Algérie est l’un des pays pilotes en matière de dessalement d’eau de mer dans le monde. Classée juste après la Chine, elle dispose de 21 stations opérationnelles dans 14 wilayas côtières. Deux sont en cours de réalisation dans les wilayas de Tipaza et Tarf. Elles fournissent 17% de l’eau consommée dans le pays et alimente 6 millions de personnes avec un volume de 2,6 millions de m3/j. Les travaux de construction de ces stations ont été annoncés en 2015. Depuis le début du millénaire, l’Algérie a perdu près de 50% de ses réserves d’eau, en raison du réchauffement climatique et d’une décennie de sécheresse.
Les eaux usées, l’autre alternative
Les wilayas agricoles ont été les plus affectées par cet état de fait, notamment la wilaya de Tarf qui, en plus du fait qu’elle est une wilaya agricole, se trouve être le ‘’réservoir’’ qui alimente la wilaya d’Annaba qui, depuis 2016 souffre d’un déficit en eau potable, et ce, en dépit de l’existence des deux barrages de Guelma et de Tarf, qui approvisionnentl’ensemble du réseau d’eau potable de la wilaya. Pour remédier à cette situation et optimiser la distribution d’eau potable dans la wilaya, le ministère des Ressources en eau et de la Sécurité hydrique a mis plusieurs projets en branle. Le barrage de Chafia fournit plus de 2.000 m3/j dans les chaufferies du complexe sidérurgique d’El Hadjar. Afin de rediriger cette eau dans le réseau public, une alternative est à l’étude. L’idée est d’orienter les eaux de la station de traitement des eaux usées d’El Hadjar vers les usines de Fertial et du Complexe Sider d’El Hadjar. Ce qui va permettre d’économiser environ 30% des eaux du barrage qui seront injectées dans les réseaux d’eau potable de la wilaya d’Annaba. L’autre quantité servirait à satisfaire un grand nombre de problèmes d’irrigation des terres agricoles.
Sofia Chahine