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Négociations libyennes à Genève sur la base constitutionnelle : La nécessaire réconciliation nationale

Le processus politique devant parvenir à un règlement de la crise en Libye va-t-il être relancé ? L’Organisation des Nations unies cherche à resusciter le processus électoral en Libye. C’est ainsi que des négociations entre le président du Haut Conseil d’Etat libyen, Khaled Al-Mashri, et le président du parlement de Tobrouk, Aguila Saleh ont été lancées mardi à Genève sous l’égide de l’ONU. Des négociations qui portent sur la base constitutionnelle devant servir d’assise à la loi électorale et donc au processus électoral en Libye. Dans ce sens, Khaled Al-Mashri a insisté sur « l’indépendance de la Commission électorale pour pouvoir organiser des élections libres et transparentes en Libye et fixer des dates précises pour leur tenue ». « La tenue des élections libres et transparentes en Libye nécessite plusieurs conditions. L’indépendance de la Commission électorale est la première condition. L’ingérence des politiques dans son travail est inacceptable », a souligné Al-Mashri dans son allocution, mardi à Genève.  « Outre l’indépendance de la Commission électorale, le succès du processus politique passe aussi par l’arrêt immédiat de toute violence ou incitation à celle-là, la transparence totale dans la gestion des fonds et la réconciliation entre les Libyens », a ajouté le président du Haut Conseil d’Etat , appelant « les Libyens à faire prévaloir l’intérêt suprême du pays sur les intérêts étroits ». De son côté, le président du Parlement, Aguila Salah, a estimé que « la base constitutionnelle doit mettre en avant la volonté du peuple libyen et traduire ses aspirations ».  « La volonté du peuple libyen est la source de l’autorité. Cette volonté doit s’exprimer à travers des élections périodiques et équitables », a indiqué Aguila dans son intervention, estimant que la prise en compte de cette volonté dans la base constitutionnelle sera capable de garantir non seulement des élections transparentes, mais aussi des institutions transparentes en mesure de garantir la paix et la justice sociale ». Aguila Salah a insisté, par ailleurs, « sur la nécessité du dialogue et la réconciliation nationale pour barrer la route à toute ingérence étrangère », remerciant « la Conseillère spéciale du SG de l’ONU, Stéphanie Williams pour ses efforts et sa bonne volonté d’aider les Libyens ».

Il est vrai que le règlement de la crise en Libye s’est compliqué depuis le report des élections qui devait se tenir au mois de décembre dernier. Des élections prévues dans le cadre d’un processus de règlement parrainé par l’ONU dans le sillage des recommandations de la Conférence de Berlin. Un processus qui a permis la création d’un mécanisme de dialogue, le Forum de Dialogue interlibyen, lequel a abouti à la nomination d’un Conseil présidentiel et d’un gouvernement de transition chargé d’organiser les élections. Cependant, les manœuvres, la confrontation des intérêts étroits de certains acteurs soutenus par des puissances étrangères ont perturbé le processus, lequel a commencé à rencontrer les premiers obstacles avec l’impossibilité de s’accorder sur une base constitutionnelle. La promulgation d’une loi électorale, de manière unilatérale, par le parlement de Tobrouk, jugée partiale et favorable à Khalifa Haftar, a alimenté les tensions préélectorales. Enfin, les multiples problèmes qui ont émaillé le travail de la commission électorale ont fini par enterrer le processus électoral. Depuis, les choses n’ont fait que s’aggraver aussi bien sur le plan politique que sur le terrain. Le retrait de confiance au Gouvernement Debeibah reconnu par l’ONU, par le Parlement de Tobrouk à l’Est et qui a décidé de la nomination d’un nouveau gouvernement conduit par Fathi Bachagha, a induit un retour à la situation antérieure avec deux gouvernements parallèles. Le retrait des éléments de Haftar du dialogue 5+5 a fini par conduire à la reprise des hostilités et des combats, notamment dans la capitale Tripoli. L’évolution de la situation en Libye démontre, si besoin est, que le règlement de la crise dépasse la question de la base constitutionnelle et dépend d’un processus de réconciliation inclusif qui fasse abstraction des intérêts étroits et en dehors des interférences étrangères. 

Chokri Hafed

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