DébatsL'éditorial

« Si vis pacem, para bellum »

Qui veut la paix, prépare la guerre, soutient la fameuse locution latine. Les tambours de la guerre résonnent de nouveaux entre l’Est et l’Ouest et chacun des deux camps affûte ses armes. Des armes de précisions, il en est question bien entendu. Mais la guerre qui se prépare, aujourd’hui, a une toute autre dimension. La notion de « guerre hybride » y prend tout son sens. Elle se joue sur le front de la désinformation, elle joue sur les conflits secondaires, la déstabilisation des Nations et sur les guerres par correspondance. Elle se joue aussi sur les marchés énergétiques et ceux des produits alimentaires de base. Mardi, la porte-parole du ministère russe des affaires étrangères, Maria Zakharova, a confirmé un fait. L’heure de la confrontation directe entre Moscou et Washington approche. Ce qui intensifie la guerre d’influence entre les blocs constitués et ceux qui se constituent aujourd’hui. C’est ce qui motive aujourd’hui la tournée du président américain Joe Biden au Moyen-Orient. C’est une évidence, il cherche à relancer le projet du Grand Moyen-Orient en poussant la normalisation des relations entre les pays arabes et l’entité sioniste à marche forcée. Cependant, l’intention de l’occupant actuel du bureau ovale est toute autre. Dans le redéploiement stratégique atlantiste quelque chose a mal fonctionné. Biden et les faucons de la Maison Blanche qui ont décidé d’un désengagement précipité du Moyen-Orient en tournant le dos à l’allié saoudien et en livrant l’Afghanistan aux Talibans, tablaient sur un recentrage atlantiste sur la zone Asie pacifique avec pour principale objectif de contrer une Chine qui allait s’imposer en tant que première puissance économique mondiale dans les trois ans. C’était le cœur même de l’alliance Aukus entre Washington, Londres et Canberra, laquelle avait d’ailleurs exclu les autres partenaires de l’Otan, notamment l’Europe, assignée à la surveillance du grand ours blanc russe. Or, le conflit en Ukraine a vite fait de brouiller les cartes, révélant l’incapacité du pôle atlantiste de contenir le redéploiement russe, de révéler la vulnérabilité stratégique de l’Occident sur les plans économiques et énergétiques, surtout, mais aussi précipiter la création de nouvelles alliances. Biden se rendra aujourd’hui en Arabie saoudite. La question de l’augmentation de la production de pétrole afin de contrer la hausse des prix de l’énergie et contrer l’inflation qui monte crescendo est l’argument avancé tel un Leitmotiv. L’inflation est une verrue dans le mandat Biden et le fragilise politiquement aux Etats-Unis. Or, on le sait l’énergie est loin de constituer le seul moteur de l’inflation. Les politiques d’assouplissement monétaire engagées depuis 2008, et le processus de démondialisation engagé du temps de Trump sont les principaux moteurs de l’inflation. En fait, la visite de Biden à Riadh cible en premier lieu l’Opep+, et à travers cela les alliances énergétiques qui impliquent la Russie. Diviser les grands producteurs, déstabiliser les marchés et les retourner semble en être l’objectif. Il s’agit surtout pour lui de contrer l’aura grandissante de la Russie dans une région que Washington a laissée en proie aux conflits et à la guerre. 

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