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Le rush sur la frontière algéro-tunisienne n’a pas eu lieu : Les vacanciers se réorientent-ils vers la destination Algérie ?

Les frontières terrestres entre l’Algérie et la Tunisie ont été rouvertes ce vendredi. Les neuf postes frontaliers des wilayas de l’est du pays, situés à Souk Ahras, Tébessa et El Tarf et El Oued, ont rouvert et permettent le passage des voyageurs et des véhicules particuliers dans les deux sens. Si cette réouverture était très attendue, le rush des vacanciers, lui, n’a pas eu lieu. 

En effet, depuis l’annonce  de la réouverture des frontières entre les deux pays, en application de la décision commune du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, et de son homologue tunisien, M. Kaïs Saïed, c’est le branle-bas des deux côtés de la frontières Algéro-Tunisienne. Toutes les mesures de facilitation, de la bonne organisation et le bon accueil ont été retenues des deux côtés de la frontière. 

En effet, toutes les conditions  matérielles, logistiques et humaines ont été réunies par les autorités algériennes pour une meilleure prise en charge des citoyens désirants voyager entre les deux pays.  

Les guichets d’entrée et sortie des postes frontaliers ont été dotés des équipements nécessaires, et mis à la disposition de la police des frontières et des agents des Douanes pour un contrôle rapide et efficace, permettant ainsi au voyageur d’accomplir les formalités de sortie sans quitter son véhicule. Rien n’a été laissé au hasard. Dans chaque poste frontalier, il a été procédé  à l’installation d’une commission composée de l’ensemble des services concernés, dont la police des frontières, les Douanes, la Protection civile, les directions de la santé et les collectivités locales. Cette commission  fait partie des mesures prises pour assurer la fluidité des entrées et des sorties et le bien-être des voyageurs. Sur les lieux, on peut trouver une agence d’assurances et un centre de consultation médicale. Car, convient-il de souligner, le passage des voyageurs entre les deux pays, doit impérativement se soumettre aux mesures sanitaires en vigueur. 

Une machine bien huilée

Pour sortir du territoire national, il faut présenter un pass sanitaire en cours, dont la validité n’a pas dépassé 9 mois. Dans le cas contraire, présenter un test PCR de moins de 48h. Il en est de même pour les Tunisiens désirant entrer en Algérie. Ils sont obligés de manifester un pass sanitaire en cours, dont la validité n’a pas dépassé les 9 mois. A défaut, un test PCR de moins de 72h est exigé. Des tests PCR pourront être effectués au niveau des postes frontaliers. Autres mesures de facilitation des opérations de passage, l’activation de couloirs verts au niveau de chaque poste frontalier, dédié aux familles, aux personnes âgées et aux malades, en plus du recours au système de transit électronique pour assurer une bonne fluidité du passage des voyageurs. Soulignons que dans le cadre des facilitations pour accélérer les procédures de circulation à la frontière algéro-tunisienne, la direction générale des Douanes, a, dans un communiqué rendu public, fait état  d’un ensemble de facilitations visant à alléger et à accélérer les procédures de traitement et de la circulation des voyageurs, dans l’objectif de leur assurer un meilleur accompagnement, soit à l’entrée du territoire national ou à la sortie. Dans son communiqué,  la DGD rappelle la possibilité de souscrire le titre de passage en douane (E-TPD) auprès des douanes pour les véhicules transitant par les postes frontaliers terrestres algéro-tunisiens via son site électronique  (www.douane.gov.dz) qui permet également l’éventualité de télécharger le formulaire de déclaration de devises et des objets de valeur, déposer les doléances et consulter tout ce qui intéresse le voyageur, à travers une rubrique spéciale dans l’interface du site. Selon ledit communiqué, l’accélération des procédures de traitement douanier, accorde la priorité à une catégorie donnée de voyageurs,  les familles, les malades, les personnes âgées et les personnes à besoins spécifiques, sans toutefois, explique la même source, «  violer les mesures de contrôle exigées dans le cadre de la répression des contraventions commises en violation de la législation et de la réglementation, dont l’administration des douanes a la charge légalement de les appliquer ». Cette batterie de mesures et bien d’autres  a donné les résultats escomptés en matière d’organisation et de fluidité du trafic des personnes et des voitures, notamment au premier jour de l’ouverture des frontières entre les deux pays.

Un flux modéré, mais toujours le même engouement

Pourtant, le rush attendu n’a pas eu lieu. Bien que relatif le flux des voyageurs Algériens à destination de la Tunisie, il témoigne du même engouement pour cette destination prisée par nos concitoyens.  Même si certains Algériens ont opté pour des vacances « Made In Bladi »,  la Tunisie reste une destination privilégiée par les voyageurs algériens,  notamment pour les habitués de Hammamet, Sousse ou encore Djerba la douce. La déferlante de véhicules  sur les neuf postes frontaliers que comptent les wilayas de la zone est du pays, dénote d’une attente qui n’a que trop durer. Pour la journée du vendredi, des dizaines de centaines  de voyageurs et de véhicules touristiques immatriculés en Algérie ont été enregistrés, au niveau des deux postes frontaliers de Haddada et El Fouidh dans la commune d’Ouled Moumen (Souk Ahras). Les deux postes frontaliers ont connu dès les premières heures de leur réouverture l’entrée de nombreux Tunisiens et la sortie de nombreux Algériens sur fond d’une bonne organisation assurée par tous les partenaires concernés, en présence de bénévoles de la section de Souk Ahras du Croissant rouge algérien. Il en était de même pour la wilaya de Tébessa, qui compte quatre postes frontaliers où, les voyageurs algériens et tunisiens qui ont  pris d’assaut  les postes frontaliers.  Soulignons que le wali de Tébessa a rencontré son homologue tunisien de Kasserine, avec lequel il s’est entretenu au sujet des dispositions prises pour l’accueil des voyageurs algériens et tunisiens. Aux postes de frontières  dans la wilaya d’El Tarf,  les services de la police des frontières ont effectué les procédures sécuritaires pour 760 véhicules, dont 250 voitures tunisiennes ont transité par les deux postes frontaliers d’Oum Tboul et Layoun . En outre, les services des Douanes ont enregistré le passage de 1 400 voyageurs en 12 h depuis des deux postes d’El Tarf. Selon nos  sources, de nombreux Algériens ont passé la nuit de jeudi à vendredi dans les points de passage, en provenance de plusieurs wilayas, dont celles de l’Ouest. Ils ont attendu minuit, date d’ouverture des frontières. Nos sources ont souligné que le flux des Algériens vers la Tunisie est encore faible, comparativement aux années passées, surtout pendant les saisons estivales, où les frontières avec la Tunisie étaient ouvertes avant d’être fermées en 2020 en raison de la pandémie du Coronavirus. 

L’ombre de la pandémie

D’ailleurs, selon notre source, c’est à cause de la situation sanitaire qui jette encore son ombre dans diverses villes tunisiennes et avec un grand nombre de personnes infectées, que toutes les entrées et sorties sont soumises à un protocole sanitaire rigoureux. Mais, nous dit-on,  cette épidémie qui s’y est propagée en Tunisie voisine n’a pas dissuadé certains Algériens de franchir la frontière afin d’y passer leurs vacances.  La situation ne diffère pas autant à l’extrême sud-est du pays où, le poste frontalier  Taleb Larbi a, en l’intervalle de 12 h, enregistré 235 voyageurs et 135 voitures. Jusqu’à la mise sous presse, pas moins de 590 véhicules ont fait leur entrée en territoire tunisien. Le déplacement des Algériens et des Tunisiens s’effectue dans le respect le plus strict du protocole sanitaire, mis en place de part et d’autre des frontières, par les autorités des deux pays. S’agissant de la reticence du voyage en Tunisie au premier jour de l’ouverture des frontières, celle-ci est due à la peur de l’encombrement durant les premiers jours de l’ouverture des frontières, tandis que d’autres craignent la pandémie, qui se propage fortement  en Tunisie. Surtout que  les frais de la quarantaine ne sont pas garantis pour les voyageurs, qu’ils soient du côté algérien ou du côté tunisien. Soulignons que  les frais de transit du rapport d’analyse médicale, assurance automobile et autres nécessitent le paiement d’environ 20 mille DA  par personne, dont 120 dinars tunisiens, soit environ 1400 DA  pour l’analyse médicale tunisienne lors de l’entrée sur le territoire national. Toutes ces circonstances ont quelque peu freiné, la déferlante des Algériens sur la Tunisie, comme ce fut le cas lors des dernières saisons estivales.  La dégradation du pouvoir d’achat y est pour quelque chose. Il y a aussi l’évolution du taux de change, laquelle calme quelque peu les ardeurs. Sur lemarché parallèle, le dinar tunisien était cédé hier cédé à 100 dt contre 7000 DA. Et cela ne semble pas intéresser pour autant les voyageurs désireux se rendre en Tunisie. Certains d’entre eux, ont opté pour la monnaie Européenne.  Car,  depuis quelques jours, la monnaie européenne enregistre une légère baisse face au dinar algérien. Pour ce samedi, un euro s’échange contre 147,22 dinars à l’achat et 147,30 dinars à la vente, à la banque. Sur le marché parallèle des changes, un euro s’échange dans les environs de 211 dinars à l’achat et à 213 dinars à la vente. Des taux de change qui imposent des frais d’environ 100.000 DA pour 15 jours de vacances pour une  famille algérienne de quatre personnes. Un budget qui peut être hors de portée. 

Les JM ont fait redécouvrir la destination Algérie

La crise sanitaire a fortement impacté tous les secteurs économiques. Le tourisme a particulièrement été affecté. La Tunisie, où l’industrie touristique constitue la principale rente a subi les affres de la pandémie. La fermeture des frontières terrestres avec l’Algérie pendant plus de deux ans, en raison de la pandémie du coronavirus, lui a fait perdre, plus de 70% des revenus de ce secteur clé. Aujourd’hui, avec la réouverture des frontières terrestres entre les deux pays, la Tunisie doit user de tous les moyens pour attirer davantage de touristes algériens. Des offres alléchantes sont proposées. Des réductions allant de 5% à 70% sont proposées  par les  hôtels, juste pour attirer le touriste algérien. Au-delà de ces propositions jamais enregistrées dans le secteur du tourisme en Tunisie, c’est l’accueil réservé aux Algériens au niveau des postes frontaliers tunisiens qui est remarqué.  Même le ministre tunisien du tourisme a reçu, dans la nuit de jeudi à vendredi, les premiers arrivés algériens en Tunisie. Accompagné d’une délégation, le ministretunisien du tourisme Mohamed Mouiz Belhassine s’est rendu au poste frontalier de Melloula à Tabarka (gouvernorat de Jendouba) où il a reçu les premiers touristes algériens arrivés à minuit. Car, convient-il de le signaler, les autorités Tunisiennes tablent sur un millions de visiteurs algériens, pour cette saison estivale. Un objectif qu’il n’est pas sûr d’atteindre, puisque les Algériens ont, lors de la pandémie de la Covid-19, eu l’occasion de redécouvrir les merveilles de leurs pays. En somme, le tourisme national semble avoir le dessus les destinations étrangères. En témoignent la décision collective des députés algériens qui ont opté pour des vacances dans la région Ouest du pays, Oran, Tlemcen et Ain Temouchent pour les uns, et Jijel, Bejaia et Skikda pour les autres à l’est du pays. Ce regain d’intérêt pour le tourisme national, on le doit aux Jeux méditerranéens d’Oran qui sont parvenus à montrer le riche potentiel naturel, culturel et surtout humain de cette région et bien d’autres qui ne demandent qu’à être explorés.

Sofia Chahine

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