Le président de la République a annoncé un remaniement très proche : Quel défi pour le nouveau Gouvernement ?
Le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a accordé une entrevue à des représentants des médias nationaux qui sera diffusée aujourd’hui, dans la soirée. Il évoquera, entre autre, le remaniement gouvernemental. Dans un court extrait rendu public par la présidence de la République, le chef de l’Etat a affirmé qu’ «il y aura un remaniement gouvernemental». «Dans tout les gouvernements du monde, il y a un moment où un remaniement est nécessaire», a-t-il ajouté, en affirmant que «les engagements pris doivent être honorés». Même si rien n’a filtré sur la portée des changements qui seront opérés dans le staff gouvernemental, pour ce qui est du nombre de départements ministériels qui seront touchés par ce remaniement, ni sur son planning, il n’en demeure pas moins que cela était dans l’air depuis un moment déjà, notamment en raison des difficultés qu’ont connu certains secteurs et aussi des défis qui se présentent pour la période future. D’ailleurs, le président de la République s’était déjà exprimé sur cette question le 23 avril dernier, à l’occasion d’une précédente rencontre avec des représentants des médias. Il avait évoqué «la possibilité d’opérer un remaniement ministériel», faisant noter que «l’objectif escompté est de parvenir à l’efficacité dans la mise en œuvre des décisions prises en Conseil des ministres et lors des réunions du gouvernement». Il avait indiqué que l’éventuel remaniement devait se faire «en fonction des résultats de chaque secteur». Aujourd’hui, il est à priori clair que le chef de l’Etat a expertisé le travail effectué par chaque département notamment pour ce qui est du «taux d’application des décisions prises en Conseil des ministres». Le fait que ce remaniement soit remis sur la table à la veille des vacances gouvernementales, laisse penser que ces dernières seront l’occasion de faire le bilan de l’action gouvernementale, mais aussi de mettre à profit la pause afin de faire repartir celle-ci sur de nouvelles bases, avec la rentrée sociale et les défis qu’elle charrie. Une pause qui semble déjà effective, vu que le Gouvernement n’a pas tenu sa réunion hebdomadaire et que la réunion bimensuelle du Conseil des ministres n’a pas été annoncée pour aujourd’hui. S’il est vrai que l’Exécutif a pu avancer sur certains dossiers, notamment ceux relatifs à l’action diplomatique, les domaines énergétiques et miniers qu’il a su, sous la conduite du chef de l’État, mettre à profit la conjoncture énergétique et géopolitique actuelle, les défis se posent sur le plan interne. La consolidation de la cohésion nationale et du front interne sont au cœur de l’initiative de rassemblement et de la « main tendue » lancée par le président de la République. Des questions soulevées d’ailleurs par l’ensemble des représentants de la classe politique et de la société civile qui ont insisté, dans le cadre du dialogue politique ouvert à cet effet, sur la nécessité de relancer le processus de réconciliation, sur la question des détenus du Hirak, sur l’ouverture des champs médiatique et politique, ainsi que sur la relance du dialogue social et de la refonte des politiques sociales. Il est vrai que les questions des détenus et de la réconciliation dépendent des décisions éminemment politiques, dont certaines ont été prises par le président de la République. La préparation d’un projet de texte complémentaire aux mesures de concorde civile et sur lequel le Gouvernement actuel a commencé à plancher entre dans ce cadre.
L’enjeu de la cohésion sociale
Or, c’est la cohésion sociale qui semble être au cœur des enjeux de consolidation interne et sur laquelle les acteurs politiques ne cessent d’insister. La protection du pouvoir d’achat est ainsi en tête des préoccupations. Le Président Tebboune a d’ailleurs décidé de mesures au mois de février dernier pour contrer l’impact de l’inflation, et qui ont d’ailleurs été formalisées par la LFC2022. Mais le chantier est encore vaste. Or, aujourd’hui, les pouvoirs publics disposent d’une certaine marge de manœuvre financière avec la hausse des prix du baril qui permet l’introduction de nouvelles mesures allant dans le sens de la consolidation du pouvoir d’achat et de la relance économique. «Je m’engage à élever les salaires et même l’allocation chômage», a d’ailleurs déclaré Abdelmadjid Tebboune dans l’extrait de sa rencontre avec les représentants des médias qui sera diffusée aujourd’hui.
Cependant, l’enrayement de l’inflation et des phénomènes qui affectent le marché et les consommateurs nécessitent des solutions pérennes et constituera un enjeu majeur pour la prochaine équipe gouvernementale. Il sera également question de la réforme de la politique des subventions. L’installation de la commission nationale chargée de la révision des subventions, qui devait avoir lieu le 17 mai dernier, avait été «reportée à une date ultérieure». Là encore, il est probable que le dossier soit traité lors des prochains mois. Si l’actuelle situation financière du pays permet au Gouvernement d’agir en faveur de la préservation du pouvoir d’achat, celui-ci aura également comme défi d’atteindre l’équilibre budgétaire. La présente embellie financière pourrait ne pas durer puisqu’elle est tributaire du prix du baril. Le défi de l’Exécutif est donc de comment améliorer le pouvoir d’achat des Algériens tout en trouvant des solutions pour restaurer les équilibres budgétaires à travers une relance économique effective.
Elyas Nour