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Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken bientôt en tournée à travers le continent : Les rivalités s’exacerbent en Afrique

La tournée, la semaine dernière, du ministre russe des Affaires étrangères en Afrique a suscité une grande inquiétude dans les capitales occidentales. Nombre de pays membres de l’OTAN craignent de voir le projet de Moscou d’étendre sa zone d’influence sur le continent se faire au détriment de leurs intérêts. Cette crainte est fondée dans la mesure où l’arrivée de la Russie en Afrique centrale a débouché, par exemple, sur l’éviction de la France en Centrafrique. Les Russes ont gagné beaucoup de terrain également au Cameroun, pays avec lequel ils viennent d’ailleurs de reconduire pour plusieurs années un accord de défense. La remarque vaut aussi pour l’Éthiopie, le Congo Brazzaville, l’Égypte et le Mali où la France a récemment été priée de plier bagages.

Pour le moment, le (re)déploiement de la Russie en Afrique s’est fait essentiellement au désavantage de la France dont la zone d’influence a commencé à se rétrécir depuis déjà plusieurs années. Il n’est pas impossible que dans les prochains mois d’autres membres de la CEDEAO (Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest) emboîtent le pas au Mali et se mettent sous le parapluie russe, surtout que Moscou offre l’avantage rare de fournir des céréales et des armes de qualité et surtout bon marché. C’est la raison pour laquelle d’ailleurs le président français s’est empressé, aussitôt après la tournée du chef de la diplomatie russe dans la région, de prendre son avion pour aller rencontrer à la hâte certains de ses homologues africains. Son objectif prioritaire était de tenter d’éviter que d’autres importants partenaires africains de la France ne tombent dans l’escarcelle de la Russie. Mais il n’y a pas que la France qui s’inquiète de l’avancée de Moscou en Afrique.

Les États-Unis est cette autre grande nation occidental qui scrute les moindres faits et gestes de Moscou sur le continent, surtout que la Russie commence à se rapprocher de pays qui lui sont réputés proches et qui se trouvent être de grands pourvoyeurs de matières premières. Pour tenter de saborder la stratégie de redéploiement initiée la semaine dernière par Sergueï Lavrov, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a programmé, dès le début du mois d’août (7 au 9 août), de se rendre dans certaines capitales africaines.

Ce déplacement servira en outre à Washington réaffirmer sa présence géopolitique sur le continent face à la Russie. Autant dire que l’Afrique deviendra un champ de confrontation entre grandes puissances.

Lors de sa tournée, le secrétaire d’Etat américain se rendra en Afrique du Sud, en République démocratique du Congo (RDC) et au Rwanda. Dans l’opération destinée à contrer la Russie, il sera épaulé par Linda Thomas Greenfield, l’ambassadrice de Joe Biden aux Nations unies qui visitera le Ghana et l’Ouganda, juste après le passage au Kenya et en Somalie de Samantha Power, la cheffe de l’agence américaine de l’aide au développement. Il apparaît clairement que les Etats-Unis veulent ratisser large et surtout effacer coûte que coûte les traces de Sergueï Lavrov. Dans un communiqué, le département d’Etat explique le but de ces efforts diplomatiques américains : montrer «aux pays africains qu’ils ont un rôle géostratégique essentiel et sont des alliés cruciaux sur les questions les plus brûlantes de notre époque». Autrement dit, il s’agit de les arrimer durablement aux thèses de l’Otan.   

Pour Washington, il s’agit en réalité de faire d’une pierre deux coups. Les Américains vont certainement profiter de cette fenêtre de tir pour chercher à bousculer la présence chinoise qui s’est considérablement renforcée ces 15 dernières années sur le continent. L’éventualité d’une alliance conjoncturelle ou de longue durée entre la Russie et la Chine en Afrique serait dévastatrice pour les Occidentaux qui considèrent le continent comme leur réservoir exclusif en matières premières et un atout de premier plan pour perpétuer leur hégémonie durant encore des décennies et qui risque de leur échapper.  

Khider Larbi 

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