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Crises au Maghreb et au Sahel : Les messages de Tebboune 

Le président Abdelmadjid Tebboune s’est montré dimanche soir inquiet de la persistance des crises qui sévissent au Mali et en Libye, deux pays avec lesquels l’Algérie partage de grandes frontières et dont la situation menace la stabilité régionale. Compte tenu de la dégradation continue de la situation, il a tenu à adresser des messages clairs aux belligérants dans les deux pays.

S’agissant du Mali qui est secoué par une crise à la fois sécuritaire, politique et économique, M. Tebboune a appelé le gouvernement de transition à Bamako à retourner à la légalité «dans les meilleurs délais ». « Je demande aux dirigeants actuels du Mali de retourner à la légalité dans les meilleurs délais. Il est important de donner la parole au peuple et d’aller vers des élections», a lancé le chef de l’Etat dans un entretien accordé à la presse et diffusé par les chaînes de télévisions publiques.

Abdelmadjid Tebboune a insisté sur l’idée que le règlement de la crise malienne passe par la mise en œuvre de l’accord de paix et de réconciliation issu en 2015 du processus d’Alger. «Tant que l’accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger n’a pas été mis en œuvre, les problèmes auxquels est confronté le Mali perdureront, car le pourrissement de la situation est tel que n’importe qui s’arroge le droit de s’immiscer dans les affaires de ce pays », a-t-il martelé. M. Tebboune indiquera que l’Algérie était prête à aider les Maliens matériellement et politiquement, soulignant «l’importance de l’unité malienne». Dans la foulée, le président de la République s’est dit convaincu qu’une partie du terrorisme qui sévit au Mali est « fabriqué ». Il a estimé que certaines parties, sans les citer, ne veulent pas que la situation s’améliore. «La dégradation de la situation au Mali aiguise les appétits de certains Etats», a-t-il prévenu.

Le président Tebboune est, à l’occasion, revenu sur les dossiers des ressortissants algériens récemment agressés à Gao et des diplomates kidnappés en 2012 et dont deux avaient trouvé la mort. Par rapport à cette question, il a clairement fait savoir que ces dossiers ne sont pas encore classés et souligné que les auteurs devront répondre de leurs actes. « Les auteurs seront condamnés. Nous avons une idée de qui serait derrière l’attaque ciblant les Algériens à Gao », a-t-il assuré, rappelant que « les enquêtes sont en cours et nos soupçons sont confirmés ». 

Soutien à la partie légitime en Libye

Concernant le dossier libyen, le Président de la République a affirmé que l’Algérie soutient la partie légitime en Libye et les décisions du Conseil de sécurité. « Nous sommes pour la légitimité et en faveur des résolutions du Conseil de sécurité. Nous soutenons l’initiative d’unification des rangs des frères libyens ainsi que la solution inter-libyenne loin de toute ingérence », a-t-il expliqué. Le chef de l’Etat mettra là aussi l’accent sur la nécessité « d’organiser des élections, étant la seule solution légitime ». L’Algérie appelle, depuis deux ans, à l’organisation d’élections en Libye, d’où « la constitution du gouvernement de Abdelhamid Debeibah et du Conseil présidentiel, présidé par  Mohamed al-Manfi », a-t-il mis en avant. « L’Algérie n’intervient pas dans les affaires internes des Libyens », a insisté le président Tebboune.

Dans le cas de la Libye comme dans celui du Mali, Abdelmadjid Tebboune s’est plaint des ingérences étrangères qui sapent les efforts entrepris jusque-là par l’Algérie pour mettre fin aux crises. «A chaque fois que nous tentons de rassembler les frères dans un pays donné, certaines parties s’ingèrent (…), l’Algérie est enviée pour son rôle », a-t-il regretté, affirmant que l’Algérie « traite avec les Etats africains de bonne foi et avec sincérité pour régler les problèmes ». 

« L’Algérie est africaine »

L’évocation des crises malienne et libyenne a donné l’opportunité au président de la République de rappeler les grandes lignes de la politique africaine de l’Algérie. A ce propos, il a affirmé que l’Algérie ambitionnait de se frayer une place de choix dans son espace africain, notamment à travers la révision de certaines lacunes et le lancement de plusieurs projets importants contribuant à favoriser l’intégration africaine.  « L’Algérie doit se frayer une place de choix dans son espace africain et ne pas rester à l’écart du continent. L’Algérie est africaine de par son destin et de son prolongement », a   affirmé M. Tebboune, ajoutant que « le rassemblement de l’Afrique ne saurait se réaliser qu’à travers les démarches des Etats africains ». 

Le chef de l’Etat a évoqué, à titre d’exemple, nombre de projets lancés avec des pays africains, tel le projet du Gazoduc transsaharien (TSGP) devant acheminer le gaz nigérian à l’Europe en passant par le Niger puis l’Algérie. Il a qualifié ce projet d’ «œuvre africaine majeure ». L’Algérie aspire, selon le président Tebboune, à approvisionner l’Afrique en électricité et à lancer des projets de voies ferrées reliant les pays africains au bassin méditerranéen. Elle s’emploie également à rattraper le retard accusé dans les lignes de transport vers les pays africains, a assuré le Président Tebboune, relevant  l’importance de la ligne maritime vers le Sénégal, que l’Algérie n’a ouverte que soixante ans après son indépendance. Dans le même contexte, le président de la République a salué l’orientation des hommes d’affaires algériens vers l’Afrique, notant que «l’économie est aujourd’hui aux commandes». 

Khider Larbi

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