Poursuivi pour acquisition douteuse de la raffinerie Augusta : Ould Kaddour et Ouyahia jugés en septembre
Cités dans le dossier lié à l’acquisition par Sonatrach de la Raffinerie sicilienne d’Exxon Mobil, l’ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia, l’ex-PDG de la Sonatrach, Abdelmoumène Ould Kaddour et 5 autres cadres, seront jugés au mois de septembre prochain par le Pôle pénal économique et financier de Sidi Mhamed à Alger.
Le juge d’instruction de la Première Chambre du Pôle pénal économique et financier a bouclé le dossier d’instruction. Les mis en cause sont accusés de plusieurs chefs d’accusation, en l’occurrence conclusion d’une transaction en transgression des dispositions réglementaires, dilapidation des deniers publics, abus de pouvoir et trafic d’influence. Alors que l’ancien Premier, Ahmed Ouyahia, fait, depuis 2019, l’objet de plusieurs poursuites judiciaires liées à la corruption, l’ancien PDG de la Sonatrach, Abdelmoumène Ould Kaddour, qui faisait l’objet d’un mandat d’arrêt international a été extradé en août 2021 après avoir été arrêté aux Émirats arabes unis. Ce dernier est accusé dans l’affaire de corruption relative à l’acquisition par le groupe Sonatrach de la raffinerie d’Augusta (Italie). Abdelmoumen Ould Kaddour a été auditionné dans le fond dans la première affaire liée à l’acquisition de la raffinerie d’Augusta. Ses collaborateurs ont également été auditionnés. Il s’agit de trois anciens hauts cadres, dont l’ancien vice-président commercialisation du groupe Sonatrach, Ahmed Mazighi, également ancien conseiller d’Ould Kaddour. Ce dernier a été placé sous mandat de dépôt, en juillet 2020, par le parquet de Bir Mourad Raïs, qui a lancé l’instruction avant de transférer le dossier au pôle pénal économique et financier de Sidi Mhamed. Le juge d’instruction a également auditionné le vice-président raffinage et pétrochimie Abdelhamid Rais-Ali «considéré comme l’un des responsables décideurs de l’achat de la vieille raffinerie». Dans la même affaire, l’ex -directeur Stratégie Planification et Economie, Brahim Boumaout, a, lui aussi, fait l’objet de l’audition axées sur les mêmes faits.
La raffinerie Augusta (Sicile) a été acquise par le groupe Sonatrach en 2018, suite à un accord conclu avec ESSO Italiana (ex-filiale du groupe américain Exxon Mobil). Cette transaction inclut également les trois terminaux pétroliers de Palerme, Naples et Augusta, ainsi que des participations dans des pipelines reliant la raffinerie aux différents terminaux. Plusieurs réserves ont été émises sur cette transaction, mais aussi sur l’efficience de cet investissement de Sonatrach à l’étranger.
Outre sa vétusté, l’expertise fait état de dommages prédicables à savoir la surfacturation et la dilapidation de deniers publics. Il s’agit, en plus de l’acquisition de cette raffinerie vieille de plus de 70 ans pour 725 millions dollars, le rapport d’expertise, a également souligné une rallonge de 100 millions de dollars pour son entretien, à cela s’ajoutent des engagements à honorer des dépenses immédiates de mise en conformité avec les normes environnementales. D’ailleurs, le démarrage de la raffinerie n’a été opéré que grâce à un prêt de l’Apicorp. Une raffinerie qui n’est pas non plus adapté au processing du pétrole algérien, mais qui ne peut que raffiner les pétroles lourds et qui a d’ailleurs nécessité un contrat avec Saudi Aramco pour le raffinage de son pétrole. Autre mensonge et non des moindres qui a été révélé par la suite, est que la transaction n’a jamais porté sur l’acquisition des terminaux stratégiques siciliens, mais n’ouvrait la voir qu’à un droit de concession.
Pour rappel, Ould Kaddour a déjà été condamné en 2007 à 30 mois de prison par le tribunal militaire de Blida pour «divulgation d’informations classées secret défense», dans le cadre de l’affaire de l’entreprise américaine BRC. Celle-ci s’est taillée, rappelons le, la réalisation du projet Aval à Oran a hauteur de 500 millions de dollars.
Salim Abdenour