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Vers la création du Conseil supérieur de l’éthique : Rendre au journalisme ses lettres de noblesse

 Le blanchiment de l’argent sale qui a gangrené y compris le secteur des médias en général et de l’audiovisuel en particulier, a participé dans la dislocation des normes basiques du métier et son fonctionnement. La mise en branle d’un Conseil supérieur de l’éthique et de la déontologie du journalisme est une nécessité nationale stratégique. L’implication des hommes et des femmes du secteur doit constituer l’épine dorsale de cette entreprise salvatrice pour la corporation et sa mission : informer.

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a ordonné la création d’un Conseil supérieur de l’éthique et de la déontologie du journalisme lors de la réunion du Conseil des ministres qui s’est déroulée dimanche. Ce thème s’impose avec acuité, surtout que l’idée elle-même n’a pas eu le mérite qui lui revient depuis la première expérience portant la consécration d’un Conseil réservé à la réorganisation du métier au plan déontologique et la restructuration de la corporation selon les normes et les critères appliqués partout dans le monde. L’approche qui va être suivie dans la révision en étoffant la loi organique sur l’information sera axée sur « le rôle du Conseil supérieur de la presse en matière de détermination des concepts relatifs à la définition des catégories professionnelles du secteur de l’information, et de distinction entre la violation de l’éthique professionnelle et le volet pénal », a déclaré le président Tebboune. La révision focalise son attention sur « l’éthique et de la déontologie du journalisme », cela doit être corroboré par la mise en place d’un arsenal juridique dont les prérogatives seront renforcées dans la perspective de statuer sur « les questions à caractère professionnel dans toutes les spécialités médiatiques ».

Cette révision vient à point nommé, en sachant que le champ médiatique a subi une métamorphose dont la pratique journalistique a été affectée de fond en comble. Il est temps de faire le ménage et revoir complètement la situation qui caractérise un secteur Ô combien sensible et névralgique.

Depuis les années 90 du siècle écoulé, le secteur de l’information subissait de colmatages et de replâtrages sans pour autant que cela arrive à asseoir un fonctionnement transparent et efficace de ce métier pour des multiples raisons. Certes, le politique primait sur la vocation et le rôle d’informer durant la période des années 90, cela a été traduit par l’éclosion des libertés en général et la liberté d’expression en particulier. Mais l’expérience d’un Conseil supérieur de la déontologie et de l’éthique telle qu’elle a été appliquée il y a de cela plus de trois décades, doit être revue complètement en s’efforçant de se libérer de la cooptation et l’instrumentalisation dudit Conseil et la profession d’informer pour le compte des forces occultes et des intérêts sordides extra-médiatiques. Le métier d’informer constitue un véritable enjeu de point de vue stratégique. Il est une arme à double tranchant qui est en mesure d’influer sur le processus global d’un pays voire d’une région même. C’est dire que l’assainissement du champ médiatique des forces de l’argent et de la mainmise financière de certains oligarques est devenue une nécessité pour ne pas dire une urgence de salubrité publique à même de rendre au métier du journalisme ses lettres de noblesse.

D’ailleurs ce n’est pas étonnant que lors de la dernière réunion du Conseil des ministres, le Président Tebboune a souligné à ce propos qu’il faut « domicilier les chaînes de télévision à contenu algérien avant la fin de l’année en cours, et ce, en coordination avec l’entreprise de télédiffusion d’Algérie (TDA), afin de lutter contre le transfert illicite de devises de manière déguisée ». Cette dualité entre le métier d’informer et les sphères opaques de la finance a été tout le temps une sorte d’apanage de certains groupes de pressions et des lobbies aux visées monopolistiques et hégémoniques pour caporaliser le monde médiatique et par ricochet faire de musellement « subtil » de la liberté d’expression un objectif central.

Le blanchiment de l’argent sale qui a gangrené y compris le secteur des médias en général et de l’audiovisuel en particulier, a participé dans la dislocation des normes basiques du métier et son fonctionnement.

La mise en branle d’un Conseil supérieur de l’éthique et de la déontologie du journalisme est une nécessité nationale stratégique. L’implication des hommes et des femmes du secteur doit constituer l’épine dorsale de cette entreprise salvatrice pour la corporation et pour sa mission : informer.

Rachid Nassouti

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