Il entretient des relations exécrables avec tous les pays de la région : Le Makhzen s’isole davantage
Après sa longue visite à Alger qui a été marquée par la signature d’une importante déclaration balisant le partenariat renouvelé qu’entendent bâtir l’Algérie et la France, le président français Emmanuel Macron envisage de se rendre au Maroc au mois d’octobre prochain. «J’irai au Maroc fin octobre», a-t-il ainsi révélé, samedi soir, lors d’une discussion avec des jeunes au festival du Touquet Music Beach. Bien qu’encore loin, le projet de voyage du chef de l’Etat français à Rabat est déjà remis en cause. Et au sein de la presse marocaine on se demande si ce voyage aura lieu, d’autant que l’Élysée modère le propos et n’évoque que des options dans ce sens.
Il faut se souvenir que le froid s’est installé entre les deux capitales après la révélation, en 2019, par le quotidien du soir Le Monde, que le Maroc avait espionné les téléphones portables d’Emmanuel Macron et de nombre de ses ministres grâce au logiciel espion israélien Pegasus. L’affaire avait fait grand bruit et suscité l’ire de la classe politique française, surtout que Paris compte parmi le soutien traditionnel du Makhzen sur de nombreux dossiers. Très remonté, Emmanuel Macron n’a plus revu depuis Mohammed VI qui séjourne régulièrement en France. Le roi du Maroc passe d’ailleurs plus de temps à Paris qu’à Rabat.
Les autorités françaises ont-elles passées l’éponge sur l’impair commis par les services spéciaux marocains puisque Macron a décidé au bout du compte de se rendre à Rabat ? Possible, encore que rien n’empêche le chef de l’Etat français de remonter les bretelles à Mohammed VI une fois sur place. Les observateurs estiment cependant que cette visite peut à tout moment être remise en cause. Le Makhzen réclamerait que la France soit moins ambigüe sur la question du Sahara Occidental. En somme, Mohammed VI attendrait qu’Emmanuel Macron prenne exemple sur le Chef du gouvernement espagnol et reconnaisse la prétendue souveraineté du Makhzen sur le territoire du Sahara Occidental. Rien que ça. Il se dit d’ailleurs dans les arcanes du Makhzen que la volte-face de Rabat sur l’affaire affaire de l’imam Iquioussen serait motivée par une tentative de chantage à la France au sujet du statut du Sahara occidental. Comme il l’a fait avec l’Espagne avec les migrants, le Makhzen compte donc exercer une sorte de chantage à la France avec le cas Iquioussen, un imam français d’origine marocaine. Réputé proche des Frères musulmans, il avait fait l’objet depuis le 29 juillet dernier d’un arrêté d’expulsion vers le Maroc, demandé par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. La Maroc avait, dans un premier temps, accordé le laissez-passer indispensable à l’expulsion. Mais le royaume s’est entre-temps rétracté le 31 août, en suspendant la décision consulaire. En fuite en Belgique, l’imam franco-marocain est actuellement recherché par les polices européennes.
On le voit, le Makhzen qui vient à peine de se brouiller avec la Tunisie persiste dans son hystérie. Il s’inscrit dans une logique de confrontation et de provocation avec tous ses partenaires, y compris la France qui compte pourtant parmi ses plus importants protecteurs. Comment expliquer cette défiance ? Le Makhzen compte vraisemblablement sur son allié sioniste pour changer la donne en sa faveur au Maghreb. Cette séquence devrait en tout cas faire comprendre à la France qu’elle n’a plus rien à gagner avec le Maroc. Il n’est pas exclu que le président Macron ait eu cette réflexion lorsqu’il a pris l’avion pour rallier Alger cet été. Et c’est la raison pour laquelle il pensera certainement à deux fois avant de se rendre dans la capitale marocaine.
Khider Larbi