Deglet Nour : Le Gouvernement réagit…
L’affaire dite de la datte algérienne Deglet Nour continue de susciter des réactions. Après le ministère du Commerce, c’est au tour de celui de l’Agriculture de réagir pour apporter un «démenti» par rapport à la qualité des pesticides utilisés, ces derniers ayant été au centre d’une polémique née à la suite d’un supposé renvoi d’une quantité exportée vers un pays européen. A cet effet, dans un communiqué rendu public hier, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural affirme que «les pesticides utilisés sont homologués et inscrits dans le registre des produits phytosanitaires à usage agricole agrées par la commission nationale multisectorielle (agriculture, commerce, santé…) d’homologation». Citant le pesticide en question, le même département ministériel indique que le «Diflubenzuron» avait été approuvé par la commission susmentionnée depuis 2010, et que l’autorisation avait été renouvelée en 2020 et ce, «après que les membres de la commission aient vérifié que celui-ci réponds aux normes phytosanitaires en vigueur dans le monde». Son utilisation, ajoute aussi le ministère, «a donné de bons résultats, depuis 2010, dans la lutte contre l’acarien des dattiers». De plus, «il ne présente aucun danger pour la santé humaine». La même source affirme, par ailleurs, que le «Diflubenzuron» se dissout quatorze jours après son utilisation. «Donc, en aucun cas, il n’y aurait des résidus de ce pesticide dans des dattes destinées à l’exportation, huit mois après son utilisation», ajoute le ministère de l’Agriculture qui affirme, dans ce sens, que «l’Algérie, étant membre de la Convention internationale pour la protection des végétaux, n’a reçu aucune notification ou signalement officiel de la part des pays importateurs membres relatifs à un quelconque rejet de nos dattes pour des raisons phytosanitaires». Ce qui indique, ajoute-t-on encore, que «les exportations algériennes de dattes n’ont connu aucun problème pour pénétrer les marchés internationaux». Mieux encore, elles ont connu une «progression», contrairement, indique le ministère, «aux informations erronées rapportées sur les réseaux sociaux dans l’objectif de porter atteinte à la réputation du produit national».
Pourquoi un rappel ?
En somme, ces précisions du ministère de l’Agriculture sont venues démentir les informations ayant circulées ces derniers jours à propos d’un supposé usage d’un pesticide, qui serait dangereux pour la santé humaine, interdit en Europe et ailleurs. En effet, les plus récents règlements de l’Union européenne, notamment le «règlement (UE) 2019/ 91 du 18 janvier 2019 «modifiant les annexes II, III et V du règlement (CE) no 396/ 2005 du Parlement européen et du Conseil en ce qui concerne les limites maximales applicables aux résidus de Buprofézine, de Diflubenzuron, d’Ethoxysulfuron, d’Ioxynil, de Molinate, de Picoxystrobine et de Tépraloxydim présents dans ou sur certains produits», ne fait nullement mention d’une quelconque interdiction de l’utilisation du «Diflubenzuron». Il fixe seulement la limite des «résidus». Qu’est-ce qui justifierait donc le rappel d’un lot de Deglet Nour en France, comme signalé, depuis quelques temps déjà, entre autre par le Président de l’Organisation algérienne de protection et d’orientation du consommateur et son environnement (APOCE), Mustapha Zebdi, qui avait indiqué le 25 août dernier que depuis deux mois la France a retiré de son marché des marques algériennes de dattes Deglet Nour? S’il n’y a pas de justificatif commercial valable, l’attitude des autorités françaises serait incompréhensible, d’autant plus que la visite effectuée par le président français, Emmanuel Macron, entre les 25 et 27 août dernier est censée renforcer la coopération. Dans tous les cas de figure, et au-delà de ces aspects, les autorités concernées, notamment le ministère du Commerce et celui de l’Agriculture, auraient pu réagir dès que les premières informations concernant cette affaire ont commencé à circuler. Ça aurait coupé court à toute polémique mais surtout aux allégations relatives à la qualité des dattes en circulation. Mercredi 7 septembre dernier, le ministère du Commerce avait démenti le contenu d’un article paru le même jour sur les colonnes d’un quotidien arabophone évoquant l’arrêt des exportations de dattes. Dans la foulée, le ministère a indiqué qu’il a décidé «de prendre toutes les mesures nécessaires à l’encontre de l’auteur de l’article et du journal concerné, dont les poursuites judiciaires devant les juridictions compétentes». Le lendemain, l’auteur de l’article avait été placé en détention provisoire.
Elyas Nour