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Tebboune donne ses orientations au gouvernement remanié : Priorité au pouvoir d’achat

Abdelmadjid Tebboune a présidé hier la première réunion du Conseil des ministres après le remaniement qu’il a opéré jeudi dernier. L’occasion de donner des orientations censées rectifier la trajectoire. Reste que la priorité est à la question du pouvoir d’achat, véritable enjeu en cette rentrée sociale.

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a présidé, hier, une réunion du Conseil des ministres. Cette réunion a été axée sur l’accélération de la mise en branle des réformes, de la libération de certains textes qui tardent à voir le jour, mais aussi de passer en revue la Déclaration de politique générale du gouvernement et à l’organisation et au fonctionnement de l’Assemblée populaire nationale. L’occasion pour Abdelmadjid Tebboune de passer en revue divers sujets d’actualité et de définir les priorités auquel devra s’atteler le gouvernement remanié. 

Le président Tebboune a ordonné après examen de ces avant-projets de lois, a insisté sur la nécessité que la « déclaration de politique générale prenne en considération la stratégie de l’Etat dans la relance de l’économie nationale à travers le renforcement de ses capacités financières en encourageant l’exportation en dehors les hydrocarbures ».

Le président de la République a souligné dans le même sillage qu’il faut « rationaliser les dépenses et l’engagement permanent de l’Etat de protéger le pouvoir d’achat des citoyens». Le président Tebboune sait que l’enjeu du pouvoir d’achat. L’urgence s’exprime à travers la rigueur que le gouvernement doit adopter dans sa gestion pour pouvoir répondre concrètement aux attentes légitimes des citoyens sur le plan social et économique. Le fait est que si des mesures ont été prises pour rehausser le niveau des revenus des ménages algériens au cours des deux dernières années à travers la hausse du SNMG, la baisse de l’IRG, la revalorisation des retraites, la révision de la grille indiciaire des salaires de la Fonction publique et l’institution d’une allocation chômage, en attendant une nouvelle revalorisation des revenus d’ici janvier 2023. Des mesures ont également été prises pour neutraliser l’effet de l’inflation importée à travers la suspension de certaines taxes, de même que la hausse des revenus pétro-gaziers a induit une appréciation du dinar algérien sous mis au régime de change de flottement dirigé. Cependant, la question du pouvoir d’achat se pose toujours avec acuité et impose au gouvernement de trouver des solutions réelles, notamment pour neutraliser l’effet de la hausse des revenus sur l’inflation et surtout la maîtrise commerciaux, qui échappent jusqu’à ce jour au contrôle. 

Le Conseil des ministres a été l’occasion de lancer une sommation aux ministres nommés à la tête de départements qui connaissent certains dysfonctionnements à l’effet de les redynamiser. Une relance nécessaire d’autant que ces départements ministériels ont la charge de gérer des questions qui affectent directement le quotidien des citoyens. Dessalement d’eau de mer et AEP, infrastructures hospitalières et industrie pharmaceutique, les injonctions ont été nombreuses pour relancer les projets en souffrance et mettre fin au blocage.

Réformes politiques

La réunion du Conseil des ministres a également été l’occasion de faire le point sur les textes qui doivent concrétiser les réformes politiques et permettre d’avancer dans le processus d’adaptation à la Constitution de 2020. Des textes qui devront atterrir au plus vite au Parlement pour débat et adoption. Et à propos de Parlement, des textes devant régir les relations entre l’Exécutif et l’Assemblée populaire nationale ainsi que le Conseil de la Nation ont été examinés lors de la réunion. Dans ce contexte, le président de la République a rappelé l’importance de « la relation fonctionnelle qui existe entre le Parlement et le Gouvernement ». Il a souligné en la matière que le Parlement à travers ces deux chambres peut interroger et questionner le gouvernement sur tous les thèmes économiques, politiques et autres qui concernent tous les secteurs hormis la défense nationale.

Il s’agit là d’une démarche qui va permettre au Parlement d’avoir un rôle dépassant l’instrument de la législation, mais surtout du contrôle et d’enquête et de questionnement du gouvernement et ses ministres.

Le grand souci qui anime les parlementaires c’est bien les mécanismes censés asseoir les leviers à même d’assurer cette mission de contrôle et d’enquête sur les dossiers ou des situations en rapport avec des anomalies qui entachent l’action gouvernementale dans un secteur précis.

La presse écrite et électronique a eu sa part lors de cette réunion du Conseil des ministres qui a examiné un avant-projet de loi dédié. Le président Tebboune a insisté sur la nécessité de « mettre à l’abri la presse écrite et électronique de toutes les formes de l’exploitation et l’obligation de faire une déclaration sur l’origine des financements ». L’avant-projet se veut, selon le président de la République, comme un levier qui va protéger les journalistes et créera les conditions à même de travailler loin de la pression et du chantage. Idem pour l’avant-projet de loi relatif à la prévention et à la lutte contre la corruption. L’examen de cet avant-projet a fait ressortir lors de la réunion du Conseil des ministres que « seule la justice est habilitée à trancher sur les affaires de corruption ». Ce qui est nouveau dans cet avant-projet de loi , c’est la création d’une agence nationale pour la récupération des avoirs de l’Etat détournés à l’étranger. Cette agence sera affiliée au ministère de la justice et au ministère des finances. Cet avant-projet est considéré par beaucoup de juristes et experts dans le domaines de la lutte contre la corruption et la délinquance financière comme étant l’un des instruments qui vont avoir un place de choix lors de l’exercice 2022-2023 de l’exécutif, de par la tâche qui lui est assignée dans la perspective de récupérer l’argent détourné à l’étranger et aussi la lutte contre le fléau de la corruption.

Accélérer les réformes économiques

Au cœur de cette rectification de la trajectoire, il y a, bien entendu les réformes économiques. La nécessité de mettre fin aux blocages qui marquent certains secteurs clés s’impose plus que jamais. Il y a bien entendu la question des lourdeurs bureaucratiques qui empoisonne toujours la bonne marche de l’économie et des différents projets. Dans ce sens, le Président Tebboune a chargé le Premier ministre de superviser en coordination avec Secrétaire Général de la Présidence de la République et le ministre de l’Intérieur, pour définir les mécanismes devant garantir la levée des entraves bureaucratiques aux projets et éviter les blocages récurrents. Il a aussi mis l’accent sur la numérisation des services fiscaux et des domaines de l’État, avant fin 2022, pour protéger les biens de l’État et lutter contre l’ambiguïté, et toutes les formes d’évasion fiscale. Enfin, l’ouverture du transport aérien et maritime à l’investissement qui tarde à se concrétiser, malgré les annonces allant dans ce sens a été largement évoquée lors de ce conseil. Le chef de l’État a ordonné de régler cette questions et d’achever le traitement des dossiers déposés par des entreprises privées de transport aérien et maritime répondant aux normes internationales en la matière.

Cette ouverture s’accompagne également par la consolidation du pavillon national public. C’est dans ce sens que des instructions ont été données au nouveau ministre des Transports à l’effet d’accélérer l’acquisition d’avions et de navires pour consolider les lignes aériennes et maritimes internationales, de même que les orientations ont porté sur la récupération des aéronefs privés confisqués par décision de justice, dans le cadre d’affaires de corruption et de leur transfert vers le secteur public dans les meilleurs délais.

Rachid Nassouti

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