Développement Industriel : L’Exécutif fixe ses priorités
L’Exécutif a mis l’accent, dans sa Déclaration de politique générale, sur ce qui a été fait, et ce qui reste à faire, pour « redynamiser » les filières industrielles porteuses et ce, afin de « diversifier l’économie nationale et substituer les produits locaux aux importations ».
Le potentiel existe, du moins dans certaines filières, puisque, selon toujours la même source, « les exportations hors hydrocarbures ont fait un bond de 87% atteignant les 3,91 milliards de dollars à fin juillet de l’année en cours contre 2,09 milliards de dollars à la même période de l’année passée ». Pour ce faire, le Gouvernement Aïmene Benabderrahmane a cerné les priorités. Dans sa « déclaration », qui va être présenté par le Premier ministre à l’Assemblée populaire nationale (APN), le 3 octobre prochain, il est fait mention des » industries mécaniques, agroalimentaires, textiles et cuirs, industries électriques, électroniques, électroménager et les activités de sous-traitance qui en découlent ». A cet effet, l’Exécutif rappelle que « quatre comités de pilotage stratégique des filières industrielles ont été mis en place en juin 2022 lors d’une conférence sur la création d’un système de gouvernance et de dialogue entre les pouvoirs publics et les opérateurs économiques ». Les filières concernées sont » l’agroalimentaire, la mécanique-automobile, l’électrique-électronique et l’industrie des textiles et cuir ». Ces comités de filières ont été installés, faut-il le rappeler, le 23 juin dernier. Leur mise en place vise à « créer un espace de concertation et de dialogue public-privé entre les acteurs économiques et les institutions de l’Etat pour développer ces filières et lever les obstacles qui les entravent », comme l’avait indiqué, à ce moment-là, le ministère de l’Industrie. Les quatre filières ont été choisies pour « leur importance et leur poids dans l’industrie nationale, ce qui permettra d’augmenter le produit intérieur brut industriel, nécessaire pour transformer la structure de l’économie nationale ».
Un pôle pour l’industrie automobile
Dans cet ordre, l’Exécutif indique dans sa Déclaration de politique générale que dans la filière des industries mécaniques, six clusters ont été mis en place, regroupés au sein du comité de filière (mécanique-automobile) cité plus haut. Ces clusters, qui « sont constitués d’industriels et de représentants des institutions concernées », sont « installés par type de véhicule », à savoir « camions et tracteurs routiers avec 18 opérateurs (fabricants et sous-traitants), autobus (19 opérateurs), motocycles (11 opérateurs), tracteurs agricoles (7 opérateurs), remorques et semi-remorques (17 opérateurs) ». L’autre filière à laquelle le gouvernement accorde beaucoup d’attention est l’industrie sidérurgique. Un segment en plein développement, comme le rappelle l’exécutif, puisque des quantités importantes en rond à béton, de fil machine et d’aciers plats, avec un volume de près de 500 000 tonnes, ont été exportées depuis le début de l’année notamment vers l’Union Européenne, l’Amérique et l’Afrique. La valeur de ces exportations avoisine les 500 millions de dollars. Le chiffre atteindrait 1,5 milliards de dollars, à la fin de l’année en cours, selon les prévisions du gouvernement. D’où toute l’importance de cette filière. Il y a aussi la création d’un cluster relatif aux industries électriques, qui sera piloté par le comité électrique-électronique, qui a regroupé 120 entreprises avec un chiffre d’affaires global de 2 milliards de dollars. Par ailleurs, le Gouvernement priorise aussi la filière des industries des matériaux de construction, dont la céramique et le ciment. Ainsi, un cluster regroupant les principaux producteurs de céramiques a été créé. Il est mentionné dans la déclaration de politique générale que la production nationale en céramique avoisine les 200 millions de mètres carrés par an alors que la demande du marché local n’est que de 120 à 130 millions. Ce qui veut dire qu’il y a un excédent de 70 à 80 millions de mètres carrés qui peut être exporté. Une filière que les autorités compte développer d’avantage également. Pour ce qui est du ciment, l’exécutif signale que « les investissements réalisés depuis quelques années, tant par le secteur public que privé, ont permis d’arriver à l’autosuffisance ». En 2021, ajoute encore le Gouvernement, la demande nationale s’est stabilisée autour de 22 millions de tonnes, alors que « la capacité de production est de 40 millions de tonnes ». Il est indiqué dans ce document que les exportations en cette matière étaient en 2021 de 4,5 millions de tonnes. En dernier lieu, l’Exécutif a mis en exergue la mise en place d’un « dispositif » pour « encourager les activités de la sous-traitance industrielle ». Ainsi, nombre de mesures ont été prises, telles « l’exemption de droits de douane et de TVA sur les composants et matières premières, importés ou acquis localement par les sous-traitants encadrés par le décret exécutif 311-20 du 15 novembre 2020 ». Une exemption d’une durée de deux années renouvelable, comme mentionné dans le décret en question. Il est question aussi du lancement d’un « projet d’intégration du produit local dans le cadre des accords-cadres, au nombre de 15, entre les bourses de sous-traitances et les donneurs d’ordres », ainsi que l’établissement « d’une base de données relative aux entreprises de sous-traitance ». Dans tous les cas de figure, l’exécutif affiche dans sa déclaration de politique générale toute l’importance qu’il accorde au secteur industriel.
Elyas Nour