Dialogue énergétique entre l’Algérie et l’UE : Ce que les Algériens attendent de Bruxelles
La 4e réunion annuelle de Haut Niveau du dialogue énergétique entre l’Algérie et l’Union Européenne dont les travaux se tiendra le 10 octobre à Alger. A l’occasion, il sera aussi question de faire le point sur la coopération énergétique et ses perspectives, depuis le lancement du partenariat stratégique issu de la dernière réunion tenue à Alger le 20 novembre 2018.
L’Europe est aux abois. Confrontés à une grave crise énergétique depuis le début de la guerre en Ukraine, les pays membres de l’Union européenne (UE) paraissent avoir arrêté l’option de faire de l’Algérie un partenaire de premier plan pour ne pas dire stratégique en matière d’approvisionnement en hydrocarbures. Ce choix se vérifie amplement à travers les nombreux thèmes qui seront discutés lors de la 4e réunion annuelle de Haut Niveau du dialogue énergétique entre l’Algérie et l’Union Européenne dont les travaux se tiendront le 10 octobre prochain à Alger. A l’occasion, il sera aussi fait le point sur la coopération énergétique et ses perspectives, depuis le lancement du partenariat stratégique issu de la dernière réunion tenue à Alger le 20 novembre 2018.
Cette réunion – qui s’inscrit dans le cadre des mécanismes de dialogue instaurés par le Partenariat Stratégique entre l’Union européenne et l’Algérie dans le domaine de l’énergie – devrait ainsi aborder la question lancinante du développement des investissements dans l’exploration et de la production des hydrocarbures, des perspectives du développement de l’industrie gazière et du développement de l’hydrogène et de l’électricité. Il sera question, en outre, de la coopération dans le domaine des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique en Algérie.
Ambitieux, l’agenda fixé pour cette réunion laisse penser que l’Union européenne semble enfin avoir compris que pour sécuriser durablement ses approvisionnements énergétiques elle se devait d’investir dans la production d’hydrocarbures en Algérie. Du moins, il faut l’espérer. Les autorités algériennes ont, en tout cas, souvent insisté sur l’idée que l’exploration et la production ne devaient pas être financièrement à la seule charge de l’Algérie, surtout que ce sont les pays européens qui sont le plus dans le besoin.
A ce propos, le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, avait expliqué clairement dans un entretien accordé au magazine allemand Der Spiegel, en juin dernier, que si l’Europe voulait plus de gaz elle n’avait qu’à mettre la main poche, tout en rassurant sur le fait que les réserves de gaz algériennes étaient importantes. «L’Europe a toujours été le marché traditionnel du gaz naturel de l’Algérie. (…) Nous avons intérêt à étendre nos activités avec l’Europe et pouvons augmenter considérablement la production de gaz naturel en peu de temps. Environ la moitié de nos réserves de gaz n’a pas encore été exploitée», avait indiqué le ministre de l’Energie. Et à une question justement sur la possibilité de livraison de gaz algérien à l’Allemagne, Mohamed Arkab avait répondu : «Si l’Allemagne veut nous acheter du gaz, alors investissez dans de nouveaux gisements avec nous comme le font les Italiens avec le groupe ENI. Nous avons un programme ambitieux de 39 milliards de dollars pour accroître la production dans le secteur pétrolier et gazier d’ici 2026. Sonatrach lèvera la majorité des investissements, et nous recherchons des partenaires pour le reste.»
A propos du gaz de schiste, dont l’Algérie détient le troisième plus grand gisement au monde, et des possibilités de son extraction, Mohamed Arkab avait affirmé que l’Algérie n’en est qu’à la phase d’évaluation. « Pour l’instant, nous travaillons toujours sur du gaz conventionnel, 50% de nos réserves sont intactes. Il existe encore de nombreux gisements de gaz conventionnel inutilisés dans l’Ouest algérien, jusqu’à présent, nous avons travaillé presque exclusivement dans l’Est. Et nous avons deux grands gisements inexploités au large», avait-il souligné.En somme, l’Algérie a de quoi satisfaire durablement en hydrocarbures les pays de l’Union européenne. Mieux encore, l’Algérie apparaît être la seule alternative viable qui s’offre à Bruxelles, notamment après le sabotage la semaine dernière des gazoducs Nord tream. Ce sabotage a déjà eu pour effet de couper « physiquement » l’Union européenne de la Russie. De nombreux pays européens craignent maintenant sérieusement de ne pas avoir suffisamment de gaz cet hiver pour se chauffer ou faire tourner leurs usines. Le spectre de la pénurie avait déjà poussé ces derniers mois de nombreux responsables des institutions européennes et de pays européens ont rallié en catastrophe Alger pour demander l’augmentation de leurs quotas de gaz.
Les autorités algériennes s’étaient montrées disponibles à leur venir en aide à la condition seulement que l’Europe accepte de jeter les bases à un partenariat énergétique équilibré qui tienne en ligne de compte davantage les intérêts de l’Algérie. Jusque là, les interactions économiques, commerciales et énergétiques ont plus bénéficié à l’Europe qu’à Algérie. Les autorités algériennes ont souvent insisté sur cet aspect. Aussi, l’Algérie attend de cette 4e réunion annuelle de Haut Niveau du dialogue énergétique avec l’UE que ses attentes soient prises en compte, surtout qu’elle est appelée à assurer la survie de l’Europe. Il faut dire que Bruxelles est dos au mur et qu’elle n’a plus les moyens de faire la sourde oreille car entre-temps l’Algérie a vu son poids et son importance considérablement renforcés au plan régional par les bouleversements géopolitiques qui affectent le monde depuis le début de l’année.
Khider Larbi