L’Opep abaisse ses prévisions de demande de pétrole : Vers de nouvelles baisses de la production ?
La situation du marché pétrolier pourrait inciter les pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés non-Opepà prévoir de nouvelles coupes dans la production au cours des prochains mois.
En effet, l’Opep ne semble pas encline à l’optimisme. Le dernier rapport mensuel de l’Organisation basée à Vienne sur les perspectives du marché pétrolier revoit à la baisse la prévision de demande de pétrole. « La croissance de la demande mondiale de pétrole en 2022 est révisée à la baisse de 0,5 million de barils par jour », à 2,6 millions de barils par jour (mb/j), a indiqué le document publié hier.La demande totale de pétrole est attendue à 99,7 mb/jsur l’année.L’OPEP explique cette baisse par « l’extension des restrictions anti-Covid dans certaines régions de la Chine, les défis économiques dans les pays européens membres de l’OCDE et la pression inflationniste dans certains pays clés ».Son estimation repose sur l’hypothèse que la guerre en Ukraine ne s’aggravera pas au quatrième trimestre et l’an prochain. Elle s’attend aussi à ce que l’inflation se poursuive, avec les tensions sur le marché du travail.
Elle table aussi sur une croissance économique mondiale de 2,7% en 2022, au lieu de 3,1% dans son rapport de septembre. La demande de pétrole devrait selon l’OPEP augmenter de 1,4 mb/jpour les pays membres de l’OCDE (contre 1,6 mb/jprévu en septembre) et de 1,3 mb/jpour les pays non-membres (au lieu de 1,5 mb/j.L’OPEP est aussi moins optimiste pour l’année prochaine: elle évalue à 2,3 millions de barils/ jours par jour la croissance de la demande en 2023, au lieu des 2,7 millions annoncé en septembre. La demande devrait être tirée par les pays non membres de l’OCDE, en particulier la Chine et l’Inde »Toute nouvelle perturbation de l’approvisionnement énergétique dans l’UE pourrait entraîner un ralentissement de l’économie de la région pendant l’hiver et au-delà, voire pousser à une récession annuelle l’an prochain », indique l’organisation. Il est clair que les perspectives du marché s’assombrissent et que les producteurs de pétrole seront enclins à prendre des mesures pour stabiliser les marchés. Dans ce sens, l’Opep et ses alliés signataires de la Déclaration de coopération se sont accordés sur une baisse de l’offre de pétrole sur le marché de deux millions de pétrole pour les mois de novembre et de décembre prochains, afin d’éviter que les cours du brut dans le sillage de la récession qui menace l’économie mondiale. Il se sont aussi maintenir l’alliance et la coordination jusqu’à la fin de 2023 afin de garantir la bonne marche d’une entente qui a grandement contribuer à stabiliser le marché et créer les conditions favorables à la relance de l’investissement dans l’amont pétrolier et gazier et permettre d’augmenter les capacités de protection afin de couvrir la demande future.
L’Opep ne veut pas politiser le pétrole
Des décisions qui ne sont pas en odeur de sainteté chez les Occidentaux et particulièrement pour Washington. Empêtrée dans une logique de confrontation avec la Russie et piégée par une inflation qu’elle impute à tort au seul facteur des prix de l’énergie, l’administration Biden multiplie les pressions afin d’inciter l’Opep et particulièrement l’Arabie saoudite à augmenter l’offre de pétrole sur le marché. C’est dans ce sens, que la Maison Blanche a annoncé mardi son intention de revoir sa relation avec Riyad et l’a menacé de représailles, sans préciser la nature de ces menaces. Des menaces qui ne semblent pas du tout impressionner les Saoudiens qui tiennent à la stabilité des marchés pétroliers garantie par l’Opep+. Dans ce sens, le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir a réaffirmé les positions saoudiennes à ce propos que l’objectif est de « nous assurer que nous n’avons pas de fluctuations erratiques des prix ». « Notre bilan est clair – nous avons toujours travaillé assidûment pour maintenir la stabilité des marchés pétroliers », a-t-il assuré.Al-Jubeir, qui est également le ministre du climat du pays, a nié qu’il y avait des motifs politiques à la décision et a déclaré que la réduction de la production avait été faite pour éviter des fluctuations importantes du prix du pétrole, qui peuvent affecter les consommateurs du monde entier, et a souligné le fait que le prix du pétrole a baissé depuis l’annonce de la réduction la semaine dernière. »L’Arabie saoudite ne se range pas du côté de la Russie », a-t-il déclaré à CNN. « L’Arabie saoudite prend le parti d’essayer d’assurer la stabilité des marchés pétroliers. »« L’Arabie saoudite ne politise pas le pétrole. Nous ne considérons pas le pétrole comme une arme. Nous considérons le pétrole comme notre marchandise. Notre objectif est de stabiliser le marché pétrolier », a déclaré al-Jubeir.
Samira Ghrib