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Crise de l’énergie, inflation et baisse du pouvoir d’achat : L’Europe sous tension 

L’Union européenne commence à être ébranlée par une crise de l’énergie qui pourrait déboucher sur une crise sociale de grande très grande ampleur. Que cela soit en France, en Italie, en Allemagne, Belgique ou en Espagne, l’opinion publique commence par ailleurs d’ores et déjà à remettre en cause la décision de Bruxelles de s’impliquer dans la guerre en Ukraine et à dénoncer l’aventurisme de l’OTAN.

De nombreux pays européens tournent depuis dimanche au ralenti en raison de grèves déclenchées par des syndicats de travailleurs.Massivement suivies, ces débrayages sont entre autres justifiés par la hausse de l’inflation, la baisse du pouvoir d’achat et l’explosion des factures de l’énergie qui ont carrément doublé comme c’est le cas en Allemagne. La situation y est tellement grave que le ministre allemand de la Santé Karl Lauterbach a mis en garde dimanche sur le fait que certains hôpitaux pourraient devoir fermer leurs portes en raison de la crise énergétique. « Si nous ne réagissons pas rapidement et de manière très drastique, il y aura des fermetures », a-t-il déclaré sur la chaîne ARD. La situation est analogue partout en Europe. En Angleterre, le gouvernement prépare même l’opinion à l’éventualité d’électricité durant cet hiver en 16h et 19h.  

C’est évident, l’Allemagne comme le reste des pays de l’Union européenne d’ailleurs, commence à payer très cher la décision de Bruxelles d’adopter une attitude frontale vis-à-vis de Vladimir Poutine sur le dossier de la guerre en Ukraine. Résultat des courses, l’Union européenne commence à être ébranlée par une crise de l’énergie qui pourrait déboucher sur une crise sociale de grande très grande ampleur. Que cela soit en France, en Italie, en Allemagne, Belgique ou en Espagne, l’opinion commence par ailleurs d’ores et déjà à remettre en cause la décision de Bruxelles de s’impliquer dans la guerre en Ukraine et à dénoncer l’aventurisme de l’OTAN.

La rue européenne comprend désormais que l’alignement de l’UE sur les positions américaines risque d’être fatal aux Européens. Une mobilisation contre les sanctions introduites par l’Italie à l’encontre de la Russie, ainsi que contre la livraison d’armes de l’OTAN à l’Ukraine s’est à ce propos tenue le 15 octobre à Rome. Et beaucoup de monde y a participé. Comme il fallait s’y attendre, les médias occidentaux grand public n’ont pas couvert l’événement de peur que cela fasse tache d’huile à travers tout le pays. Pour leur plupart fragiles et peu représentatifs, les gouvernements européens risquent d’être balayés par la fronde sociale qui traverse les sociétés européennes.

En France où des manifestations ont eu lieu hier, le pouvoir de Macron ne tient qu’à un fil tant la colère sociale est grande. Les raffineries, l’agroalimentaire, les crèches, les transports publics, l’énergie et nucléaire, les organismes sociaux, les banques-assurances, la maintenance industrielle, l’éducation, la santé, le commerce, la métallurgie…presque tous les secteurs d’activités sont touchés par la grève. Le ras-le-bol est monté d’un cran depuis la grève des raffineries. Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, a reconnu que les sanctions énergiques contre la Russie sont plutôt nuisibles à l’Europe. Dans un entretien au début de la semaine au quotidien italien le Corriere della Sera, elle a souligné en outre le danger des livraisons d’armes offensives à Kiev. Le Pen estime que son parti n’était pas opposé aux livraisons d’armes défensives, « mais il s’agit désormais d’armes offensives, ce qui risque de nous impliquer dans cette guerre ». « Je doute que le peuple français en ait envie », a assuré Marine Le Pen. Elle a averti en outre sur le fait que les grandes puissances veulent profiter de l’affaiblissement de l’UE. « Cela concerne les États-Unis qui nous vendent du gaz pour des prix quatre fois supérieurs à ceux offerts à leurs clients intérieurs (…)», a-t-elle dénoncé.

En Belgique la situation sociale n’est pas meilleure. Le pays s’apprête d’ailleurs à vivre un mois de nombre difficile puisque la Fédération générale des travailleurs belges (FGTB) annonce une grève générale interprofessionnelle. Comme en France, les travailleurs belges se plaignent aussi de la cherté de la vie. Ils exigent d’ailleurs afin de « redonner des nouvelles perspectives positives aux travailleurs » que les prix du gaz et de l’électricité soient rapidement plafonnés et que le tarif social de l’énergie soit étendu aux revenus moyens et faibles et qu’il soit accordé automatiquement.

On le voit bien, l’Europe est secouée par des conflits sociaux agrégeant une large variété de colères autour d’une même revendication, de Madrid à Berlin : l’augmentation des salaires, toujours à la traîne face à la flambée des prix qui frappent les familles au portefeuille. Comme les Etats-Unis, le Vieux Continent a construit sa prospérité économique et sociale sur le dos des pays exportateurs de gaz ou de pétrole qu’il a souvent obligé à brader leurs énergies. Aujourd’hui cet ordre commence à changer. Si le processus se poursuit, l’ordre en devenir devrait contraindre les Occidentaux à être beaucoup moins arrogants. 

Khider Larbi 

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