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Tentatives de politisation du marché du gaz : Les producteurs préparent la riposte !

La réunion ministérielle du Forum des pays exportateurs de Gaz (GECF) s’ouvre aujourd’hui au Caire dans un contexte particulier. Un contexte caractérisé par les tentatives d’un bloc de pays consommateurs d’imposer un plafonnement des prix du gaz et de politiser le marché pour des considérations purement géopolitiques.

Face aux menaces et tentatives de perturbations qui pèsent sur le marché du gaz, une nouvelle réalité s’impose : le GECF doit prendre une nouvelle dimension, s’élargir et assumer de nouvelles missions pour lui permettre de stabiliser le marché du gaz, l’éloigner des interférences géopolitiques, afin de lui permettre de jouer le rôle qui lui revient dans la transition énergétique. D’ailleurs l’ordre du jour de la 24e réunion ministérielle du GECF, à laquelle doit prendre part le ministre de l’Énergie et des Mines Mohamed Arkab, n’a pas caché les ambitions du Forum en la matière. Une réunion qui s’inscrit en droite ligne du dernier sommet des chefs d’États du GECF tenue à Doha au Qatar au mois de février dernier.

Selon un communiqué du ministère de l’Énergie et des Mines, cette réunion du GECF est « l’occasion d’échanger des points de vue et d’explorer les voies et moyens de renforcer le Forum et d’élargir sa composition ».Elle constitue également, « l’occasion de souligner à nouveau le rôle crucial du gaz naturel catalyseur de la transition énergétique et dans le développement durable ». Le communiqué rappelle également que  le GECF , crée en 2001, a été transformé en décembre 2008, lors de la 8ème session informel du Forum, tenue à Moscou, en une organisation gouvernementale internationale composé de 19 pays et dont le siège est à Doha . »Ensemble, ils représentent 72 % des réserves mondiales prouvées de gaz naturel, 43 % de la production commercialisée, 55 % des exportations par gazoduc et 50 % des exportations de GNL », a-t-on souligné par ailleurs dans le communiqué.

Un langage sibyllin qui n’est pas sans laisser penser à l’orientation actuelle du Forum qui se transforme graduellement en Opep du gaz. Il est vrai que les préoccupations des grands producteurs d’énergie que ce soit de pétrole ou de gaz sont communes.Alors que le rôle de l’Opep+ a été déterminant pour la stabilisation du marché pétrolier et pour le protéger du sous-investissement et des interférences géopolitiques, ce sont les mêmes défis qui se posent aujourd’hui au marché gazier. Une question qui a d’ailleurs été soulignée il y a quelques jours par le Secrétaire général du GECF, l’Algérien Mohamed Hamel. Lors d’un entretien avec le SG de l’ Opep, Haitham Al Ghais, Mohamed Hamel a souligné que la principale préoccupation du marché gazier est le sous-investissement qui a affecté le secteur depuis 2015. Celui-ci avait d’ailleurs souligné il y a quelques semaines lors d’une rencontre réunissant producteurs et consommateurs de gaz que les tensions actuelles sur le marché gazier sont dues aux sous-investissement induit par la baisse continue des prix du gaz et le discours dominant qui exclue l’or bleu de la transition énergétique.

Cependant, du côté des consommateurs, notamment européens, on refuse de prendre conscience des réalités du marché et on s’obstine à multiplier les mesures politiques tendant à alimenter des perturbations et des fluctuations plus importantes sur le marché gazier.

Accords anti-marché libre

La dernière réunion des 27 sur l’énergie et les mesures proposées pour introduire un plafonnement des prix du gaz sont ainsi l’exemple type des pratiques inconsidérées et irréfléchies et qui peuvent avoir des implications graves à moyen et long termes. Ce qui nécessite des actions forteset une nouvelle organisation du marché pour contrer des pratiques anti-marché. C’est ce qu’a d’ailleurs souligné hier le premier responsable de la compagnie énergétique publique du Qatar, Saad al-Kaabiqui a déclaré que tous les échanges de pétrole et de gaz devraient être dépolitisés, appelant à des politiques pour s’éloigner des sanctions et des accords anti-marché libre.Kaabi, qui est également ministre d’État à l’énergie du Qatar, a indiqué que « l’État du Qatar et QatarEnergy exhortent tous les gouvernements et institutions multilatérales à élaborer des politiques qui dépolitisent l’échange de combustibles sous la forme de sanctions ou d’accords anti-marché libre ». La messe est dite et il semble que les producteurs n’ont d’autre choix que d’opter pour des formes d’organisation qui puissent lui permettre de garder la main sur le marché et garantir une régulation qui ne prend en considération que les facteurs économiques. Le GECF qui contrôle plus de la moitié des exportations degaz en a parfaitement les moyens.

Samira Ghrib

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