Ouverture de la réunion des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe : « Amorcer un nouveau départ à l’action arabe commune »
Le conflit en Ukraine a amorcé une ère de transformations qui impose de nouveaux défis au monde arabe, et plus largement au monde musulman ainsi qu’à l’Afrique. Multiplication des conflits et des crises politique et les menaces sur la sécurité alimentaire ne sont que quelques-unes des facettes de ces défis, lesquels imposent unité et coordination accrue pour y faire face.
Des défis qui seront d’ailleurs au cœur du 31e sommet arabe qui doit s’ouvrir mardi à Alger.D’ailleurs, aussi bien le Secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Abou El-Ghaith que le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra ont insisté hier, à l’ouverture de la réunion des ministres des Affaires étrangères qui précède le Sommet des chefs d’États sur ces défis et sur la nécessité d’une action commune consolidée pour y faire face.
Ramtane Lamamra a ainsi souligné toute l’importance du Sommet d’Alger qui se tient après trois années de pause en raison de la pandémie. Un sommet qui se tient aussi dans un contexte particulier marqué par la guerre en Ukraine laquelle impose de nouveaux défis.
Le MAE a ainsi souligné les dimensions de la crise en Ukraine que ce soit sur les plans sécuritaire, politique et économique, rappelant que cette crise a « engendré une situation annonciatrice de répercussions majeures sur le système international, y compris dans la région arabe ». Et d’ajouter que « ces situations exceptionnelles risquent d’aggraver les défis communs auxquels fait face la région arabe ». C’est en ce sens que le chef de la diplomatie algérienne a mis en avant l’impératif de « multiplier les efforts en agissant dans le cadre d’un groupe cohérent et unifié tenant en ligne de compte le principe de l’unité du destin et les valeurs et engagements sous tendus, tout en œuvrant à valoriser les constantes de son intégration et de sa renaissance en tant que Nation » pour faire face à la conjoncture actuelle. Le Sommet d’Alger constitue en ce sens l’opportunité de resserrer les rangs, de consolider l’action commune et renforcer l’intégration afin de faire bloc face à ces défis.
« Nous fondons beaucoup d’espoirs sur la contribution de tout un chacun lors du Sommet d’Alger pour amorcer un nouveau départ à l’action arabe commune suivant une démarche qui puisse transcender les approches traditionnelles pour répondre aux exigences du présent, et nous permettre, collectivement, d’esquisser les contours d’un avenir meilleur pour nos peuples et nos pays », a souligné, en ce sens le ministre.
D’autant que les défis et les menaces auxquels le monde arabe doit faire face. Et au-delà de la nouvelle réalité géopolitique et économique qu’il devra prendre en compte, le monde arabe se doit de faire face à des menaces nées de la multiplication des conflits, lesquels sont d’ailleurs devenus des facteurs de division et qui portent un coup à l’action arabe commune.
Les développements dans le monde, aussi complexes soient-ils, « ne doivent pas détourner notre attention des préoccupations de notre nation arabe », a souligné Lamamra.
Palestine, Libye, Yémen, Syrie et Liban
Il indique ainsi que « la situation difficile par laquelle passent nos frères en Libye, en Syrie, au Yémen, en Somalie, au Soudan mais également au Liban, nous interpelle plus que jamais en vue de rattraper les efforts manqués ».
Or, c’est la question palestinienne qui sera au cœur du Sommet Alger, au regard de l’escalade de la violence sans précédent de la violence sioniste en Palestine occupée, sur fond d’accélération de la normalisation de certains pays arabes avec l’entité sioniste à la faveur des accords d’Abraham. La relance de l’initiative arabe de paix s’impose ainsi comme une nécessité pour faire face à la politique du fait accompli imposée par l’occupant et favorisant une solution à deux États au conflit. Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger a ainsi souligné l’importance de « la cause palestinienne, qui traverse aujourd’hui une de ses plus difficiles étapes, une phase marquée par un processus politique à l’arrêt, et un occupant qui persiste dans sa politique du fait accompli ».Le chef de la diplomatie algérienne a salué, à cette occasion, « les frères palestiniens pour leur adhésion à l’initiative de réconciliation lancée par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, au début de cette année, en coordination avec son frère, le Président M. Mahmoud Abbas, une démarche couronnée par la signature de la +Déclaration d’Alger+ sanctionnant la Conférence d’unification des rangs palestiniens pour l’unité nationale palestinienne, tenue le 13 de ce mois ». « Nous espérons, sur la base de cette plateforme, pouvoir travailler de concert pour parvenir à un consensus plus large qui puisse aboutir à l’unification des pays arabes, au resserrement de leurs rangs et la conjugaison de leurs efforts, afin de résoudre les crises aiguës que traverse notre région arabe, devenue le théâtre de conflits entre de nombreuses puissances étrangères », poursuit M. Lamamra.Le chef de la diplomatie algérienne a évoqué en outre le « renforcement de la coopération avec les pays arabes frères qui souffrent de difficultés conjoncturelles », affichant, par la même, ses expressions de sympathie pour les frères en Somalie, suite au lâche acte terroriste perpétré ce samedi dans ce pays frère.De même qu’il a souligné la nécessité d’apporter aide et assistance à ces pays qui pâtissent de difficultés conjoncturelles aussi bien économiques, que politiques ou sécuritaires. Ramtane Lamamra a ainsi appelé à faire prévaloir les principes de bon voisinage et de non-ingérence dans les affaires internes des pays, tout en appelant au respect de leur souveraineté, de leur indépendance et de leur intégrité territoriale.
Il a réitérél’appel de l’Algérie à mettre en application ces principes fondamentaux dans le cadre de « la structuration des relations avec les pays voisins avec lesquels nous partageons l’appartenance à la civilisation musulmane et, géographiquement, à l’Afrique ». Pour sa part, Le SG de la Ligue arabe a qualifié, par ailleurs, de « critique » la phase que traverse la cause palestinienne, pointant du doigt les pratiques de l’occupant qui continue, comme à l’accoutumée, à jouer avec le feu en poursuivant sa politique de violence et de répression à l’encontre des Palestiniens dans les territoires occupés.Ces pratiques risquent de torpiller l’accord d’Oslo et saper tout effort en faveur de la solution à deux Etats, a-t-il souligné.
Chokri Hafed