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Le trafic de migrants au cœur d’une nouvelle crise entre l’Algérie et le Niger : La mise au point d’Alger !

Les autorités issues du putch au Niger ont abrogé la loi qui criminalise le trafic de migrants. Agadez est redevenue la plaque tournante du trafic des migrants vers l’Algérie, la Tunisie, la Libye est donc vers l’Europe.

Le trafic de migrants est cœur d’une nouvelle brouille diplomatique entre Alger et Niamey. A l’origine de cette brouille, la décision des autorités nigériennes issues du putsch de l’été dernier de convoquer l’ambassadeur d’Algérie à Niamey pour signifier leur mécontentement à la politique de lutte contre l’immigration clandestine, que l’Algérie mène d’ailleurs depuis plusieurs années, d’ailleurs le strict respect des conventions internationales et cadres e accords bilatéraux en la matière. Un fait que l’Algérie a décidé de rappeler aux voisins nigériens. C’est ainsi, le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger a convoqué jeudi l’ambassadeur de la République du Niger à Alger, Aminou Malam Manzo. Selon un communiqué du MAE le diplomate nigérien a été reçu au siège de ce département ministériel par la Directrice générale Afrique, Selma Malika Haddadi. Cette rencontre « a porté essentiellement sur la coopération entre les deux pays en matière de rapatriement des ressortissants nigériens séjournant de manière irrégulière sur le territoire algérien », précise la même source, relevant que « ‘cette coopération a fait l’objet de la part des autorités nigériennes de certains jugements que la partie algérienne estime sans fondements ». « Il a été rappelé à l’ambassadeur de la République du Niger l’existence d’un cadre bilatéral dédié à cette problématique. De même, il lui a été indiqué que ce cadre doit demeurer le lieu privilégié de discussion et de traitement de toutes les données et de tous les développements liés à cette problématique », note le communiqué. Par la même occasion, « il a été réitéré à l’attention de l’ambassadeur de la République du Niger le ferme attachement de l’Algérie aux règles essentielles de bon voisinage et sa volonté de poursuivre la coordination avec le Niger sur cette question concernant les flux migratoires et sur toute autre question, dans le respect mutuel et sur la base des valeurs de coopération, de confiance et de solidarité », conclut le communiqué.

Agadez, plaque tournante du trafic de migrants

Il faut dire que la question du traitement des flux migratoires entre l’Algérie et le Niger a toujours été traité dans un cadre bilatéral entre les deux pays reflétant les rapports de bon voisinage entre les deux pays. Le Niger était également engagé dans une politique de lutte contre la migration clandestine et s’était doté en 2015 d’une loi criminalisant le trafic de migrants. Cependant, les autorités militaires issus du putsch de l’été dernier et lequel a renversé le président élu Mohamed Bazoum, ont abrogé la loi criminalisant le trafic des migrants encourageant de facto la reprise l’activité criminelle de traite des êtres humains. Agadez dans le nord du Niger est redevenue ainsi une plaque tournante du trafic de migrants vers l’Algérie, la Libye et la Tunisie, et par conséquent vers l’Europe, alors que les flux de migrants transitant par le Niger ont sensiblement augmenté ces derniers mois. Selon les chiffres de l’Organisation internationale des migrations cités par le quotidien français le Monde, les flux ont augmenté de 34 % vers l’Algérie. Dans ce contexte, Hassan Kacimi, ancien directeur des migrations au ministère de l’Intérieur, a averti contre la menace migratoire en provenance du Niger. L’expert en questions migratoires a indiqué dans un post publié jeudi a souligné que dans le cadre de la mise en œuvre de la convention internationale de Palerme de 2000, l’Algérie a promulgué la loi n°23/04 relative à la prévention et à la lutte contre la traite des personnes. Et de souligner que le Niger a annulé sa loi contre le trafic de migrants en violation de la convention de Palerme et de ses deux protocoles additionnels de lutte contre le trafic de migrants et de la traite des personnes.

Un milliard de dollars de revenus

L’expert dénonce aussi le fait que le Niger « organise deux fois par semaine, à partir d’Agadez, moyennant le paiement d’une taxe d’escorte des migrants », avec le concours des réseaux de passeurs, l’acheminement des migrants des pays du Sahel et de la CEDEAO, vers l’Algérie, la Libye, la Tunisie et donc l’Europe ». Plus grave encore, Hassan Kacimi affirme que les barons du trafic de migrants et de traite des personnes ont été libérés par les nouvelles autorités Nigériennes de transition dans le cadre de l’abrogation de la loi sur le trafic des migrants et et ils ont donc été « encouragés à reprendre du service ». Il souligne également l’enjeu financier qui sous-tend l’attitude des autorités nigériennes. Il indique ainsi que « les revenus des réseaux de trafic de migrants et de traite des personnes en Afrique dépassent le milliard de dollars par an ». Un enjeu, explique-t-il qui motive aussi « l’alliance tactique, entre les groupes armés, les groupes terroristes, les réseaux du trafic des armes, de la drogue, des orpailleurs et des trafiquants de psychotropes ».

Il souligne aussi que « refouler un migrant en situation illégale est une pratique légale, en usage, quand un migrant traverse les frontières d’un pays, de manière illégale ». Il recommande dans ce sens « de renforcer nos dispositifs de lutte contre l’immigration illégale au niveau de nos frontières avec Mali et le Niger, pour éviter le pire et réduire les opérations de rapatriement qui sont très coûteuses ». Il interpelle aussi les autorités Nigériennes « pour rapatrier les milliers d’enfants Nigériens transférés par la force en Algérie pour la pratique de la mendicité, et qui sont exploités par des réseaux criminels Nigériens de traite des personnes ».

Notons que l’Algérie a toujours privilégiée  les approches assises sur le dialogue et la coopération pour le traitement des questions et défis régionaux. Rappelons dans ce contexte qu’au lendemain du coup d’État qui a évincé du pouvoir le président Mohamed Bazoum, le 26 juillet 2023, l’Algérie a grandement contribué à éviter à ce pays le spectre de la guerre en plaidant pour le retour pacifique à l’ordre constitutionnel face à la menace d’intervention militaire brandie par les pays de la CEDEAO (communauté économique des États d’Afrique de l’ouest).

Hocine Fadheli

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